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Distillerie BOWS - PUR MALT BESTIUT

 

A peine sortie de Nouvelle Aquitaine (la nouvelle région du whisky – Cf article-), je me suis dit, je ne peux pas faire autrement que de passer dans le Tarn et Garonne proche et faire un arrêt à Montauban car là aussi ça sent la tourbe depuis 2016 (à ce rythme il y a tellement de distillerie de whisky en France que ça ne vaut plus le coup de partir en Ecosse…ah si quand même ! J).

 

Aujourd’hui direction la distillerie du fameux Benoit Garcia : j’ai nommé la distillerie BRAVE OCCITAN WILD SPIRIT (BOWS pour les intimes !) pour goûter à la tourbe de son PUR MALT BESTIUT.

 

Avant de m’en écarter un peu, je vais d abord faire un petit tour dans la seconde ville rose (celle qui m'a vu grandir) histoire de me ressourcer. 


J’arrive par le nord par le rond-point (« rond-pouingue » en montalbanais) des tontons flingeurs et je m’immerge dans la vieille ville. BRAD PEAT pétarade dans les petites ruelles, un passage à côté de la Place Nationale (quoi on peut plus y aller en voiture ?!), devant chez Lulu la Nantaise (si si le vrai), au pied de la Cathédrale et je ressors face au Pont Vieux. Je longe le musée Ingres direction Sapiac (la patrie du rugby) et le sud ! Que des souvenirs de jeunesse ! Ahh on ne devrait jamais quitter Montauban !

 

D’ailleurs notez que, comme en Ecosse avec le Gaélique, ici on non seulement la langue d’Oc mais en plus on a l’accent (qui se dit « accin ») qui chante (on ne dit pas MONTAUBAN mais « MENTOBIN » –je le sais les gens se moquent encore de moi –NDLR-) !


Mais bon trêve de bavardages on est n'est quand même pas venus pour beurrer les sandwichs, on est venu voir une distillerie de whisky !

 

J’arrive donc devant chez celui qui met le terroir occitan en valeur BENOIT GARCIA. Attention le gugusse de Montauban, celui qui entend chanter les anges, est monté sur piles et il va falloir suivre.

 

Un bonnet BOWS fiché sur la tête, il m’accueille avec un grand « Welcome Sir ! My name is John ! » (décidement les tontons flingueurs ici c’est une religion !!).

 

 

La visite commence par une présentation du joujou qu’il a créé de toute pièce en 2016. Venu du génie climatique et amateur de spiritueux, il s’est alors donné l’objectif de faire couler des distillats dans le Tarn et Garonne en valorisant la région et en limitant son empreinte carbone. De l’approvisionnement en céréales BIO qui est local à la quasi globalisation du processus de distillation (brassin, fermentation, vieillissement et mise en bouteille) en passant par la valorisation des déchets. Seul le maltage est externalisé mais c’est souvent le cas (même si ici quand le vent d’autan souffle, je pense qu’on pourrait stopper la germination de l’orge ;-) –NDLR-).

 

Il a tellement fait du local que c’est même lui qui a conçu l’alambic endémique qui trône au milieu de la distillerie. Il a été inventer un alambic qui peut être soit surmonté d’une colonne à fluide inversé soit dun long col de cygne (qui permet alors de travailler en double (voire triple) distillation). C’est grâce à ce dernier qu’il produit du gin, de la vodka, du rhum et évidement du whisky. Face à l’alambic il a installé un fauteuil pour méditer en regardant couler le liquide transparent.

 

La visite continue vers la GALAXIE DES ANGES (la salle des fûts) où nous allons goûter à sa réalisation : le tourbé PUR MALT BESTIUT TOURBE.

 

Avant de le goûter, sachez que depuis la dégustation, la gamme whisky s’est assez largement élargie et que la société est désormais « adulte » (+ 3 ans de vieillissement) et a désormais le droit de commercialiser du SINGLE MALT (même si le Pure Malt était déjà fort agréable ; on est pas sur du vitriole comme disait le grand Michel). On peut désormais trouver le BENLEIOC ORIGINAL, le BENLEIOC FÛT UNIQUE et surtout le BENLEIOC TOURBE 53 PPM (et je peux vous assurer que quand Peatdream mettra la main dessus, il sera dans ces lignes !!).

 

Bref revenons à notre brutal (BESTIUT en occitan) tourbé !

 

Benoit nous fait remarquer qu’il faut faire attention car sous ses 43 % d’alcool / vol, la bête dort et ne demande qu’à s’exprimer. D’ailleurs, il nous également remarquer en rigolant qu’il a été « obligé » de noter le nom de son whisky en braille sur la bouteille (étiquettes dessinées par lui au passage) car il se dit que certains de ses consommateurs seraient devenus aveugles ! mais bon c’est des « on dit » il l’a fait par sécurité !

 

Alors ce BESTUIT ! Amateur de tourbe tu vas être heureux ! 22 ppm à l’affichage venant d’une orge tourbée donc et surtout en partie torréfiée avant d’être broyée, fermentée et distillée.

 

Une fois distillé, le liquide est versé tout d’abord dans des barriques (qui sont désormais à l’étroit dans la Galaxie des anges d’ailleurs tellement la distillerie se développe) de chêne neuf (bousinés à la demande de Benoit) puis dans des anciens fûts de cognac.

 

 

Bon c’est bien beau tout ça mais nous « on est des adultes et on pourrait peut-être s’en faire un petit » ! Et quelque chose me dit que ce sera pas du « bizarre » !

 

Que l’on ne s’y méprenne pas ce n’est pas parcequ’il y a marqué Pur Malt sur les étiquettes que le distillat, or légèrement ambré, que verse Benoit dans le verre n’en est pas moins un vrai SINGLE MALT (et oui il a plus de 3 ans !!).

 

Alors il dit quoi ?

 

A l’approche du verre, j’dirai bien que si l’étiquette nous annonçait de la tourbe et qu’il y en a bien. Mais y a pas que ça, on dirait qu’il y a une odeur de foin (l’orge certainement) et d’la poire mure !!

« Y en a, y en a » me dit Benoit. 

 

Quand pour la première fois on plonge plus franchement le nez dans le verre, j’dirai bien que j’sens la poire fraiche d’un jeune whisky mais également l’orge de sa provenance agricole. Il sent l’orge qui est devenue folle à cause du vent d’autan. Mais il sent également l’odeur des pèches plates qui poussent dans les vergers sur les rives du Tarn.

 

« Y en a aussi » reprend Benoit.

 

Au second passage il reste frais mais sa jeunesse disparait. On sent bien que le grisby souhaite s’affirmer et que la tourbe qu’il contient veux entrer dans le nez. Mais il y a aussi beaucoup de fruit et surtout des épices !

 

« Y en a y en a ! »

 

C’est au troisième passage que la tourbe n’en peut plus d’attendre et sort accompagnée par l’odeur de fèves de cacao torréfiées !

 

La tourbe se révèle plus dans le creux de la main accompagnée de belles notes d’orge.

 

Belle annonce et « sans être franchement malhonnête, au premier abord », il donne vraiment envie d’goûter l’bougre !

 

Quand il entre en bouche, malgré ses 43 % « faut quand même r’connaitre que c’est plutôt du brutal » ! Il est frais et amène son lot de poire mure et d’épices.

 

Benoit me dit : « je connais une fille de Caussade qui en boit au petit déjeuner ! »

 

Un temps, il va avoir la légère apprêtée du fût de cognac, mais il devient de plus en plus épais et laisse apparaître le goût sucré du chasselas et le piquant (qui se dit « piquin » ici) des épices.  Comme pour le nez la tourbe est en arrière-plan et reste discrète.

 

Une fois avalé, point de larme qui coule sur les joues, mais un beau et long souvenir d’abord de l’amertume du chocolat noir et ensuite un reste de tourbe légère.

 

Le verre désespérement vide laisse de belles effluves citronnées et d'orge.

 

Moi je dis qu’on est loin de « cette drôlerie qu'on buvait dans une p'tite taule de Biénoa pas très loin de Saigon », on est sur un vrai single malt digne de ce nom. Il mérite peut-être de s’arrondir avec un peu plus de vieillissement et d’adoucir la fougue de sa jeunesse mais il est déjà très bon pour un premier jet !

On sent que Benoit a bien fait de se mettre dans le whisky et pas dans la limonade comme Jo le Trembleur !

 

Il me tarde clairement de goûter à son grand frère annoncé comme plus fort en tourbe (53 ppm) ! Il se dit que « c’est plutôt une boisson d’homme ».   

 

Malheureusement, l’heure tourne et je vais être obligé de quitter (à regret) Benoit et vais continuer ma route dans mon van !

 

Ah, je l’ai dejà dit mais « On devrait jamais quitter Montobin !! »

 

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