
Je vous en avais parlé il y a peu, les whiskies français se développent et, avec leur trente ans d’existences sont désormais dans la capacité de nous proposer de beaux comptes d’âge (même si les plus vieux restent encore des fûts uniques ou des éditions limitées).
C’est en lien étroit avec le BM 21 ans que je vous ai fait découvrir il y a peu (ici) que nous allons partir aujourd’hui en Haute-Saône à la découverte des GRANDES DISTILLERIES PEUREUX et de leurs whiskies GDP.
J’en profiterai pour vous faire goûter le GDP Aged 12 Years et le GDP Single Cask Aged 17 Years (qui trône dans le trio des plus vieux whiskies français).

Mais vous me connaissez j’ai du mal à vous parler d’une distillerie sans en faire un petit historique !
Deux mots seulement : 160 ans !
C’est effectivement en 1864 que la Distillerie Auguste Peureux a été fondée par Auguste (logique) à Fougerolles-Saint-Valbert, en Haute-Saône. Elle proposait alors des eaux-de-vie, dont le célèbre kirsch de Fougerolles. Plus tard, elle s’est également distinguée par la production de l'absinthe. Imaginez, la distillerie était déjà présente sous la Tour Eiffel pour l'Exposition Universelle de Paris en 1900.

Auguste PEUREUX
Malgré l'interdiction de l'absinthe en 1915 (à cause de la renommée hallucinogène et perverse de la "fée verte" mais surtout sous la pression du lobby viticole), la distillerie Auguste Peureux a réussi à se reconvertir en produisant divers produits à base de cerise, comme le kirsch et le guignolet.
En 1927, elle change de nom et devient "Les Fils d’Auguste Peureux" lorsque les fils d'Auguste, André et Edgar, ont pris la tête de l’entreprise.

Mais comment parler de Fougerolles sans parler de Kirsh ! En effet, la ville est indissociablement liée à cette eau-de-vie de cerises. La distillation de cerises y remonte au XVII siècle. À cette époque, la région était déjà reconnue pour ses vergers de cerisiers. La distillation de la cerise a pris une ampleur significative au XVIII siècle, devenant une activité majeure pour la commune. Depuis 2010 le kirsch de Fougerolles a d'ailleurs obtenu l'appellation d'origine contrôlée (AOC).

Donc qui dit pays du Kirch dit distilleries. Et c’est bien pour cela qu’on parle bien désormais Des Grandes Distilleries (même si le nom est plus recent) puisque d’un unique établissement en 1864, on est passé à un regroupement de distilleries fougerollaises à partir de la fin du 19ème :
- 1893 : Auguste Peureux acquiert les bâtiments de l'ancienne distillerie Emile Vial.
- Années 1920 : Plusieurs acquisitions stratégiques de chais et d'entrepôts pour étendre leur capacité de stockage et distribution ;
- 2000 : acquisition de la distillerie Raspiller ;
- 2015 : rachat de la distillerie Lemercier ;
- 2016 : acquisition de la distillerie Emile Coulin.
La ville de Fougerolles est ainsi liée désormais aux DISTILLERIES PEUREUX.

Depuis l’arrivée de BERNARD BAUD en 2002, on parle même désormais du groupe des GRANDES DISTILLERIES PEUREUX MASSENEZ. En effet, la production s’est étendue en dehors de Fougerolles avec la fusion avec la distillerie alsacienne MASSENEZ en 2010.
Aussi les Grandes Distilleries Peureux Massenez offrent une vaste gamme de produits, incluant :
. Eaux-de-Vie de Fruits (kirsch, prune, mirabelle, poire, framboise, poire ...) ;
· Crèmes et Liqueurs ;
· Absinthe ;
· les Griottines®, des griottes macérées dans de la liqueur et du kirsch ;
· le Golden Eight®, une liqueur de Poire Williams réalisée à partir d'eau de vie de Poire Williams de 8 ans minimum.

Vous allez me dire, nous n’avons pas encore prononcé le mot Whisky ?
On y arrive. Avec ses 160 ans d’expérience dans la distillation de fruits et plantes, pourquoi ne pas se tourner désormais vers l’alcool de céréales ?
C’est pour cela que depuis 2024, Bernard BAUD s’est lancé dans la production de whisky au sein des Grandes Distilleries Peureux (elle est, même, désormais en mesure de proposer son propre malt).
Et c’est là qu’on va retrouver le lien avec Bruno Mangin (vous savez le tonton Zegut du whisky) dont je vous parlais au début de ces lignes.
En effet, bien que nouvelle en apparence, la gamme GDP est née après 20 ans de collaboration avec la Distillerie Franc Comtoise La Rouget de Lisle.
L’objectif annoncé des whiskies GDP étant de faire rentrer des fruits dans le whisky. Alors évidemment pas directement car on ne parlerait pas ici de whisky mais par l’intermédiaire de vieillissement entouré de fûts d’Eaux-de-vie de fruits et de Liqueurs.
C’est ainsi que la gamme de Kirsh, d’eau de vie, d’absinthe et de liqueurs est désormais complétée par une gamme de whiskies :
- GDP SINGLE MALT 8 ans né chez Rouget de l’Isle et ayant connu un vieillissement en fût de Vin Jaune et de Savagnin (chers à Bruno Mangin) puis vieilli quelques mois dans le chai des Grandes Distillerie Peureux entouré de fûts d'eau de vie et de liqueurs ;
- GDP SINGLE MALT 12 ANS et GDP SINGLE CASK 17 ANS sur lesquels je vais revenir plus bas.

Mais également en parallèle la gamme est complétée désormais pas deux whiskies sortis des alambics de Fougerolles (ce qui permet aux Distilleries Peureux-Massenez de faire partie des 150 distilleries de whisky françaises) :
- GDP PURE MALT 3 ANS produit majoritairement à partir d’un distillat fougerollais (95 %) et marginalement un distillat vosgien et qui est vieilli 3 ans intégralement dans le chai des Grandes Distillerie Peureux entouré de fûts d'eau de vie et de liqueurs ;
- BELLES FILLES GDP réalisation 100 % PEUREUX produite à partir d’orge franc-comtoise et vieillie dans des fûts de bourbon en chêne blanc américain toujours entouré de fûts d'eau de vie.

Une belle aventure que je vous propose de découvrir aujourd’hui avec un 12 ans et un 17 ans.
Dégustation GDP aged 12 years
Pour cette première collaboration entre les distillats fruités de la distillerie ROUGET DE LISLE et le savoir faire encore plus fruité des Grandes distilleries Peureux.
Les équipe de Fougerolles on ainsi pris un distillat du Jura vieilli un peu plus de 10 ans en fûts de Vin Jaune et de Vin de Paille et lui on fait vivre un fin de vieillissement d'un peu moins de 3 ans entourés de fûts d'eaux de vie dans les chais des Grandes Distilleries Peureux.
Ce vieillissement marque le distillat d'une belle couleur cuivrée.

Les premiers arômes que va découvrir le nez vont être globalement boisés et très légèrement sucrés. L'impact du fût sera ici double avec un boisé fruits secs issu du fut de vin de paille avec une légère pointe épicée qui arrive sur la durée.
Le second passage restera sur des notes boisées plus légères et un peu plus marquées par les épices épicées, mais sur la durée on peu détecter un fond de cerises macérées (peut-être ici le finish qui ressort de manière assez surprenante puisque le liquide n'est pas en contact avec les fûts d'eau de vie) et une pointe de noisette.
Le troisième passage fait surgir des notes plus médicinales et mentholées.
En bouche, il est moelleux en entrée mais puissant. Rapidement on a montée de fruits secs avec des notes d'abricots, puis d'épices sur des notes poivrées qui se collent sur la langue, et enfin de notes boisées et même réglissées.
La finale est sur l'encaustique et des notes plus proches du miel et d'amande.
Le verre vide garde les trace de l'orge mais également et surtout des notes d'abricots secs.
Dégustation GDP single cask aged 17 years
Le travail sur ce single cask va dénoté des vieillissements habituels des DIstilleries Peureux. En effet, le choix a été ici fait de magnifier le distillat, plutôt que lui faire vivre une double vie fruitée.
En effet, si la source d'approvisionnement du distillat originel est la même, l'accent a été mis sur le vieillissement.
16 ans passé dans UN fût bourguignon de de Vin Jaune de Château Chalon afin d'optimiser l'échange entre les douelles chargées de vin et le whisky (comme en atteste sa couleur cuivrée profonde).

Le nez de ce whisky est incroyablement marqué par des notes d'abricots bien murs et gorgés de soleil. On lui trouveras également des notes d'acajou et un fond de notes de citrons confits sur la durée.
Au second passage les notes d'agrumes sont plus marquées et moins confites. Il devient plus plus frais mais sans acidité, on reste sur des agrumes comme la mandarine ou le kumquat bien murs.
Au troisième passage de notes chaudes d'encaustiques ressortent et viennent boiser ce nez mais il reste néanmoins très subtile sur des notes d'abricots secs.
Les notes sucrées et moelleuses restent bien présente en bouche. On va lui retrouver une bonne partie des découvertes du nez. Le moelleux des fruits en entrée, le velours de l'abricot sec sur la langue, la montée des notes boisée et légèrement épicés sur la cannelle de acajou, et même les notes citronnées qui lui donnent une pointe d'acidité. Sur la durée les notes boisée sont plus marquée et il a également des notes mentholées alors que sa texture devient franchement mielleuse.
La finale laisse une certaine chaleur dans la bouche, des notes de velours sur la langue et des notes mentholées dans la gorge.
Le verre vide garde des notes épicées, citronnées et vineuses sucrée comme si il avait hébergé le vin plus que le whisky.
Quel beau travail d'équipe entre les Grandes Distilleries Peureux et la "feu" distillerie Rouget de Lisle (deux distilleries que vous pourrez retrouver sur la carte de votre serviteur - ici) qui confirme que la France est désormais en capacité de proposer de beaux comptes d'âges.
On attend avec hâte de découvrir le whisky 100 % Fougerolles...mais ce sera pour une prochaine aventure !
En attendant sachez qu'en marge des whiskies (et comme je parle également de rhums), en 2024, les Grandes Distilleries Peureux se sont alliées avec le martinicais Saint James pour une collaboration exceptionnelle qui combine la tradition des cerises macérées avec la modernité du rhum agricole.
Je vous conseille de vous laisser tenter par un cuillère de ces Griottines® au rhum Saint James® au kirsch et au rhum...un véritable bonbon.

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Thao (jeudi, 30 janvier 2025 20:29)
Bonjour à tous et toutes,
Avez-vous une idée du prix consommateur de ces cuvées ainsi que des quantités pour les cuvées les plus âgées ?
Merci à vous et bonne journée.
Peatdream (vendredi, 31 janvier 2025 07:56)
Les prix vont 60 € pour le 8 ans, 80 pour le 12 et 180 pour le 17 ans. Mais c'est ici un single cask (1 fût) donc la quantité est très limitée