· 

GLENALLACHIE 25 ANS

Nous voici rendus dans le Speyside.

 

Richard Be. (pour l’anonymat) nous a donné rendez-vous au pied des linn falls sur la rivière Burn water qui descend de BenRinnes en nous disant seulement « as a rocky place it hails from » (comme un endroit rocheux d'où il vient).

 

A Charlestown of Aberlour, nous avons quitté la route 95 (vous vous souvenez, la route des 100 drams –NDLR-) et avons pris le sentier juste avant le pont sur la rivière qui longe la distillerie de la ville.

 

 

 

Au bout de 15 minutes de marche au milieu des pins, nous sommes arrivés dans un coin tranquille prompt à la méditation mais aussi à la dégustation. Ici, hormis le bruit de la chute d’eau tout n’était que tranquillité. Nous avons attendu plusieurs minutes. Entourés de la cascade et de rochers nous avons compris le message de Richard et étions dans la pleine thématique de notre dégustation du jour. 

 

Chez GLENALLACHIE on prend son temps. La fermentation est longue (parfois 160 heures à rester dans les whasbacks), la distillation ne l’est pas moins pour sortir les meilleurs aromes (utilisation de condenseurs horizontaux qui permettent de laisser les vapeurs cheminer plus longtemps) et en ce qui concerne le whisky du jour il est resté pas moins d’un quart de siècle en fûts de chênes américains, de Pedro Ximenez et d’Oloroso. Ici on doit prendre son temps.

 

 

C’est au bout d’un quart d’heure que nous voyons surgir de la forêt notre homme arborant comme à son habitude son magnifique pantalon écossais rouge (qu’il avait eu tant de mal à trouver). A vol d’oiseau la distillerie n’est pas loin du tout et il doit connaitre des raccourcis qui ne l’obligent pas à faire un détour et à passer juste à côté de la « concurrence ».

 

 

De sa besace en tartan, il sort une bouteille arborant une étiquette noire floquée du nom GLENALLACHIE (comme gravé dans le roc). En dessous le chiffre de 25 posé dans un rond or nous fait frémir.

 

Pour rendre à la terre son whisky (« from the valley of the rock ») il pose délicatement la belle bouteille sur une roche molletonnée de lichen. J’espère que ce n’est pas un troll qui va se réveiller et se sauver avec notre dégustation !!

 

Avant de pouvoir y goûter, il nous explique que l’eau qui coule du haut de la cascade est la même que celle qui coule dans les tuyaux de la distillerie et qui sert depuis à réaliser tout le processus de distillation depuis sa création en 1967. Il nous explique également que nous allons déguster un des premiers fait d’arme de Billy Walker (maître distillateur et copropriétaire de la distillerie depuis 2017) qui a essayé d’optimiser l’apport de chacun des fûts. Il nous compte également que ce whisky a été distillé en 1993 (je n’avais même pas encore défendu les couleurs de mon pays) sous l’air Campbell Distillers (propriétaire de l’époque) selon la méthode lente qui lui est immuable.

 

 

L’ « eau » (ou le whisky) à la bouche, nous le voyons servir nos verres qui n’ont toujours pas bougé de leur pierre (manifestement ce n’est donc pas un troll).     

 

Avant de nous lancer dans l’ivresse des sens et la dégustation, Richard Be. nous propose de nous imprégner des lieux, de l’odeur de la forêt, des lichens, il nous demande même de nous servir un grand verre de l’eau pure de la rivière Burn Water.  

Il en profite pour nous servir. Le whisky qui coule dans nos verres est d’une belle couleur bronze (25 ans dont une bonne partie à côtoyer du PX quand même !!).

 

Au bruit de la cascade il est temps !

 

Quand notre nez s’approche du verre (sans trop y rentrer pour ne pas le polluer par les 48 % d’alcool) c’est une belle odeur de melon bien ridé qui surgit (vous savez ceux ou la queue se détache facilement).

 Plongeons franchement le nez dans le verre. Bien entendu la douce chaleur de l’alcool l’enrobe mais elle s’accompagne de belle notes d’épices. Viennent ensuite des odeurs de confiture d’agrume (bien sucrée par la cuisinière car avec peu d’amertume). Enfin quand on replonge une troisième fois le nez dans le verre on se projette au breakfast du matin dans la douce odeur du pain aux noix juste frais et encore chaud (un coussin moelleux pour le nez).

 

On sait déjà que notre bouche ne sera pas mal menée ! Mais pour le savoir il faut tester !

 

Waouh ! Quelle aventure de 25 secondes en bouche sans réelle agression d’alcool (y a pas les vieux whiskies quand même !!). Tout d’abord on attaque par un pain au raisin, on passe ensuite à la légère amertume d’un gâteau au chocolat 75 %, ensuite la salive aidant le gout s’adoucie et revient vers la marmelade d’orange sucrée, furtivement surgi une amande. Le voyage se termine sur des notes boisées.

 

Alors que dans la gorge nous reste longuement le goût et le moelleux d’un abricot sec, on lève la tête, on regarde la cascade et on se dit : « on est bien » !

 

 

Au moment où Richard arborant son habituel sourire et nous regarde l’air satisfait de l’effet de son whisky, la pierre sous laquelle était posée la bouteille se met à bouger, la bouteille tombe heureusement dans la mousse au sol (ouf) puis elle se met à rouler et fini sa course dans le petit lac de la chute d’eau. C’était peut-être bien finalement un troll qui nous a accompagné dans notre belle dégustation.

Écrire commentaire

Commentaires: 0