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TULLIBARDINE 225 SAUTERNES CASK FINISH VS JACOULOT 13 ANS

De retour du pays du soleil levant (voir les precedentes aventures), je vais faire une halte en France (une fois n’est pas coutume) pour déguster un whisky…Ecossais !

 

Mon fidèle Brad Peat va s’arrêter en Bourgogne pour ce comparatif un peu particulier. Deux whiskies issus de la distillerie TULLIBARDINE mais avec des finishs "à la française".

 

Nous allons comparer le TULLIBARDINE 225 SAUTERNES CASK FINISH et le JACOULOT 13 ANS. En effet, ce second whisky, sous une appellation HIGHLAND WHISKY, s’avère être ni plus ni moins qu’un TULLIBARDINE pour lequel il a été procédé à un finish en futs de vieux marc de Bourgogne de la maison JACOULOT.

 

Bien évidement ce deux finish d’un même whisky seront certainement différents, car on a d’un côté un vin blanc (certes liquoreux mais vin quand même) et de l’autre un digestif (avec une force et un gout bien évidement plus marqué) mais on ne sait jamais.

 

Alors avant de commencer voyons les forces en présence.

 

Commençons par le juge de paix (commun aux deux bouteilles) : TULLIBARDINE. Faisons un petit bon vers les Highlands en Ecosse. Nous sommes à 80 km au nord de Edimbourg dans la petite ville de Blackford à proximité des colline d’Ochil, sur les bords du Danny burns dans une ancienne brasserie datant du XVème siècle quand même (royale en plus car le roi James IV y trouvait la bière bonne –mais ça c’est une autre histoire-) transformée en distillerie dans les années 50.

 

Ici, on aime le travail artisanal bien fait et surtout depuis longtemps les finishs en fûts de vin. Ecoutez du peu, après avoir fait séjourné les distillats sortis des 4 alambics dans des fûts de bourbon, nombreux seront ceux qui vont transiter par des fûts de sherry (bien entendu), mais également, ce qui est un peu moins commun, de Pinot Noir (de la belle et noble maison bourguignonne Chassagne Montrachet), de Château Neuf du Pape (quel beau pays la France), de Marsala (sicilien) et donc en Sauterne pour ce qui est de celui qui nous intéresse aujourd’hui. On trouve également des finishs pour autrui (qui nous intéressera aussi) avec celui de JACOULOT.

 

Revenons en terre Française pour tout d’abord parler du TULLIBARDINE 225 SAUTERNES CASK.

 

Donc comme tout bon TULLIBARDINE, il a tout d’abord transité par des fûts de bourbon avant de finir sa course dans des fûts (de 225 litres –NDLR-) du Château SUDUIRAUT (1er crus classés de Sauternes depuis 1855 quand même –il n’y en a que 11 –NDLR-). Donc on peut d’ores et déjà imaginer une pointe de sucre ajoutée. Nous verrons bien !

 

 

Face à lui je vous propose une vraie et belle découverte avec ce whisky JACOULOT 13 ans.

 

Pour l’histoire la maison JACOULOT, située à Romanèche-Thorins au sud de Macon distille du Marc de Bourgogne depuis la fin du 19ème siècle. Elle achète donc aussi des distillats vieillis en fûts de bourbon avant de les faire couler dans ses fûts de vieux marc de bourgogne (celui de la dégustation aura été distillé en décembre 2002 et mis dans 570 bouteilles en juin 2017).

 

 

Philippe Vançon aux rênes depuis 2013, propose du Marc de bourgogne, des crèmes, du rhum et donc plusieurs whiskies en finitions sans age (#1 et #3), 18 ans, 25 ans et donc 13 ans.

 

 

Ok trêve de chauvinisme, ce ne sont pas des whisky français mais bien écossais (rendons à César ce qui lui appartient) mais des finishs à la Française. Donc d’un côté le fût aura contenu un vin liquoreux (dont les aromes miellés et fruités pourraient se rapprocher de ceux d’un marc) et de l’autre un alcool distillat reconnu pour sa rondeur, ses notes de fruits et de miel).

 

Coté couleur, les deux distillats se parent d’une belle couleur or avec un ton très légèrement plus brun pour le JACOULOT.

 

Alors les finition « raisin » ça donne quoi ?

 

Pour ce qui est du TULLIBARDINE le premier nez va être assez fruité mais de manière assez brève car assez vite sans avoir le temps de ressortir du verre il est piqué de notes poivrées. Quand elles apparaissent elles s’accompagnent d’un coté légèrement campagnard avec une pointe de foin.

 

Heureusement après avoir refait surface pour éviter que le poivre ne « ne monte trop au nez », un second passage va refaire apparaître des notes sucrées d’un raisin bien mûr, voir comme pour le Sauternes passé sous la domination du botrytis cinerea (pourriture noble qui se dépose sur les raisins et qui sonne le début des vendanges -NDLR-).

 

On y retourne ? Le troisième passage est sensiblement différent car il va laisser apparaitre des notes citronnées mais également une note de vanille.

 

 

 

 

 

Pour ce qui est du JACOULOT, l’impact du fût est là flagrant. Les alcools distillés laissant certainement des empreintes beaucoup fortes au bois.

 

Aussi, le nez va tout d'abord détecter l’effet de celui du marc car il est sucré et pourrait « presque » s’apparenter à une pointe de sherry avec des aromes de fruits rouge. L’effet sucre est très agréable.

 

Au second passage il devient complètement pâtissier. Imaginez vous laissez votre nez se délecter de l’odeur d’un Oranais à l’abricot (patte caramélisée, abricot presque confit…). Franchement magnifique. Le troisième passage va lui se rapprocher de celui du TULLIBARDINE avec une pointe de poivre qui va venir chatouiller le naseau.

 

 

J’avoue que j’aurai peut-être une légère préférence pour l’odeur du second car l’apport poivré arrive en fin et n’aura pas tendance à un peu polluer les autres odeurs comme dans le premier (mais c’est purement personnel).

 

 Et en bouche alors ?

 

L’entrée du TULLIBARDINE se fait en fanfare avec une goût boisé assez marqué. Cette impression reste assez présente mais au bout d’un moment elle va laisser place à celui du miel et même de l’ananas bien mur presque confit. On va retrouver une certaine astringence sur la langue (certainement due au fût de Sauternes). Sur la fin le sucre va disparaître et laisser place à des notes d’agrumes et une pointe de poivre qui nous avait fait presque éternuer au nez.

 

Le voyage en bouche est néanmoins très intéressant.

 

Une fois avalé il va laisser longuement des notes épicées et une belle fraicheur dans la gorge.

 

Pour ce qui est du finish Marc de Bourgogne, l’entrée en bouche est beaucoup plus chaude, on aurait tendance à se lover dans un caramel chaud (bon ok ça doit bien bruler un peu). Pour autant on va ressentir beaucoup plus tôt que dans le précedent les notes astringentes du fût. Heureusement on retrouve quand même notre Oranais qui nous avait fait bien envie au nez avec petit goût de miel posé dessus.

La fin de la dégustation et assez proche de celle du premier avec un final en bouche éclatant sur des notes boisées.

 

Une fois avalé, cette version n’en a manifestement pas « marc » de nous (désolé), car elle va être là aussi longue. En revanche elle sera beaucoup plus chaude que celle de son confrère avec là aussi des épices.

 

Voilà je vous laisse juge de faire ce test vous aussi, en plus le prix de l’un comme de l’autre ne dépassera pas les 60 € ce qui est correct compte tenu du travail réalisé. Vous n’aurez pas trop de difficulté à trouver un TULLIBARDINE 225, en revanche, ce sera un peu plus difficile de dégoter un JACOULOT 13 ans car la production est limitée (personnellement j’ai une source dans le Cantal, mais chut, il n’y en pas beaucoup).

 

Après ce petit comparatif franco-écossais, je vais remonter dans mon BRAD PEAT mais je vais rester un peu en France plus au sud dans le midi (...) pour repartir plus tard au Royaume-Uni vers de nouvelles dégustations (c’est l’avantage des voyages virtuels on voit du beau monde et on ne fait pas de quarantaines !).

 

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