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TWELVE ANDESITE

 

Et voilà nous sommes reconfinés. C’est pourquoi aujourd’hui je vais rester dans le centre de la France pour goûter un nouveau whisky Français distillé dans l’Aveyron à Laguiole par la récente distillerie TWELVE : ANDESITE, vieilli en fût de LEDAIG (et si vous lisez mes aventures vous savez que LEDAIG…..).

 

Mais avant ça laissez-moi vous raconter comment je l’ai goûté.

 

Un des premiers matins de confinement, je suis parti dans la limite du kilomètre autorisé par la loi pour prendre l’air dans la forêt et éventuellement trouver deux ou trois cèpes. 

 

 

J’ai suivi les consignes qui se passent de génération en génération : je suis parti en direction du château hanté dont on ne dit pas le nom, ai pris le chemin juste à droite de la croix du cerisier, suis entré dans la forêt juste après le grand virage, ai pris à droite dernière le gros chêne et trouvé la clairière entourée de châtaignés.

 

Les grands secrets générationnels vous savez ! Personne n’était encore passé ici à part peut-être un chevreuil et effectivement, je me suis retrouvé devant un joli parterre de cèpes. 

 

 

C’est ainsi, les poches bien pleines de champignons et de châtaignes, que je continué mon chemin dans les bois. Au bout de 5 minutes, j’approchais des ruines du château dont on ne dit pas le nom. Digne d’un château d’Ecosse on dit de lui qu’il est hanté par une jeune fille. Après avoir été abandonné par son prince, se serait laissé mourir de chagrin et que depuis elle hanterait les ruines.

 

En m’approchant du château à moitié masqué par la brume matinale, j’avais l’impression que de la fumée en sortait. Pensant que mes yeux me jouaient un tour, j’ai continué à m’approcher de l’entrée et me suis vite rendu compte que ce n’étais pas mes yeux et il qu’il y avait mais bien de la fumée. 

 

 

Aussi, curieux, et bien que ce ne soit pas de la fumée de tourbe (qui m’avait guidé vers de belles aventures dans l’ouest de l’Ecosse) je prends mon courage à deux mains et je rentre dans la ruine. De plus Je savais très bien qu’il n’était pas hanté car j’y suis venu plusieurs fois mais on ne sait jamais.

 

Entrant dans ce qui devait être l’ancienne salle à manger du château, point de fantôme mais un homme devant un feu (la fumée…). Me voyant arriver, il ne semble néanmoins pas étonné ni surpris ! Il me dit qu’on s’est rencontré la semaine d’avant au salon des spiritueux français ! Mais bien entendu, je le reconnais : Florent de la distillerie TWELVE de Laguiole. Je lui demande ce qu’il fait dans ce coin retiré du Cantal. Il me dit qu’amoureux de la France, il a décidé de rentrer dans l’Aubrac pour rejoindre ses 3 autres acolytes de la distillerie (Maïlys, Vincent et Alexandre) et l’ancien Couvent de Laguiole qui l’abrite par le chemin des écoliers en rentrant de Paris. 

 

 

Quand il voit mon sac plein de champignons, il me dit qu’il pense avoir ce qu’il faut pour accompagner une bonne poêlée, un whisky tourbé pas encore commercialisé (prévu pour la mi-novembre 2020). Effectivement on peut imaginer que cela peut bien se marier.

  

Le temps de commencer à cuire les cèpes (préparés et répartis dans la poêle avec un couteau...Laguiole -NDLR-), il me parle un peu de la nouvelle distillerie de Laguiole. Il me dit que l’aventure a commencé entre 2013 et 2014 avec d’autres amis normands (!!) qui ont décidé de produire un whisky dans l’Aubrac à 1000 m d’altitude (dans l’Aveyron -dept 12 comme le nombre de créateurs du projet-NDLR-).

 

 

Le temps de la cuisson, il me raconte également quel le choix de Laguiole a été fait par rapport à la ressemblance de l’Aubrac avec l’Ecosse (montagnes, verdure, tourbières) et surtout par rapport au lieu d’exception qui allait abriter la distillerie (le Presbytère des Anges et le couvent servant de cave de vieillissement sous la surveillance d’une vierge à l’enfant).

 

Alors que les cèpes commençaient à être bien appétissants, Florent sorti une bouteille de 50 cl d’un liquide jaune pur et clair. Il paraissant assez différent de autres nouveaux single malts plus foncés proposés par la marque depuis qu’elle a le droit (au-delà des trois ans minimums nécessaires) de proposer autre chose que de l’eau de malt : le BASALTE (vieilli en fût de vin rouge, de Pédro Ximenes et de Rhum et ensuite « fini » en fût de Sauternes) et le ALBARISA (vieilli intégralement en fût de Pedro Ximenes).

 

Non ce matin, il se souvient de mon goût pour les whiskies tourbés (PEAT DREAM quand même) et me propose d’accompagner la poêlée ainsi qu’un morceau de fourme de Laguiole et des châtaignes grillées du nouveau ANDESITE (tourbé).

 

Il m’explique que son souhait était de produire un distillat au goût tourbé mais également qu’il a fait face à l’impossibilité pour le produire en local. En effet il était impossible d’utiliser une orge locale séchée à la tourbe de l’Aubrac (pourtant abondante dans le coin) car préservée et protégée.

 

Il m’explique donc que le choix final avait été fait de faire vieillir le distillat TWELVE, produit à partir d’orge de la Malterie des volcans (63) dans des fûts ayant contenus pendant 15 ans (de quoi bien l’imprégner) du whisky tourbé de l’ile de Mull : LEDAIG (de la distillerie TOBERMORY).

 

Ça y est les champignons sont cuits et le châtaignes grillées et l’heure est à la dégustation.

Il faut tout d’abord voir ce qu’il annonce.

 

En survolant le verre on détecte l’orge assez nettement (montrant un peu la jeunesse du distillat).

Néanmoins, quand on enfonce plus profondément le nez dans le verre, on pénètre dans un verger en automne. Une odeur de poires et de pommes bien mure fait son arrivée accompagnée d’une odeur de céréale grillée. On peut détecter une certaine fraicheur. Au second passage la fraicheur va se faire plus poivrée et piquante. Sur le troisième passage il va se réchauffer avec des odeurs de raisins sec et surtout la pointe de tourbe que nous attendions.

 

En bouche, bien qu’il soit encore un peu jeune, il est très fruité et moelleux. Il tapisse avec force des notes poivrées tout d’abord au palet puis ensuite sur la langue. On note des belles notes de poire ainsi qu’une légère pointe de tourbe en arrière-plan. En gardant le whisky en bouche on découvre la douceur du miel.

 

Une fois avalé il laisse quelques instant une note fruitée et fraiche.

 

Accompagné de cèpes bien cuits, il va s’adoucir et faire ressortir les notes tourbées et sucrées ; les châtaignes quant à elles vont faire ressortir nettement les notes de poire.

 

Alors que nous profitions de ce beau distillat, nous avons entendu un craquement puis un bruit sourd. Une pierre de la tour venait de tomber à quelques mètres de nous. Connaissant un peu l’histoire de lieux, je m’en suis empressé de la raconter à Florent qui me dit qu’il était désormais le temps de lever le camp.

 

Pour moi il me fallait terminer mon heure autorisée et à mon hôte du jour de continuer sa route en direction de l’Aubrac non loin désormais.

 

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