· 

WOLFBURN MORVEN

Aujourd’hui direction le Nord du nord de l’Ecosse pour aller rendre visite à mon ami Mark W. (pour l’anonymat) qui veut nous faire goûter la référence tourbée de la distillerie WOLFBURN : le MORVEN.

 

A bord de mon fidèle BRADPEAT, je suis sur la route A9 en direction du nord et je me décide à faire une petite pause technique un peu avant le petit village alors enneigé de LATHERON (qui se trouve sur le bord de la mer à la croisée des routes vers le nord). Avant de prendre en direction de THURSO, je décide de profiter du paysage. 

 

Non loin on peut voir le pic culminant du coin, Morven montain (tient tient peut-être un lien avec notre dégustation du jour car nous ne sommes plus qu’à une heure de route).

 

Je décide d’aller vers la mer, et je comprends assez vite pourquoi le whisky tourbé de la distillerie en a pris le nom au moment où mes pieds s’enfoncent dans un sol mou et humide ! Des tourbières ! Le sol de la région en est principalement constitué !

 

Après quelques mètres, dont mes chaussures se souviendrons, je me retrouve face à la mer sur les hauteurs des falaises avec non loin les murs blancs du château de Dunbeath. Les embruns de la mer du Nord me cinglent les joues et me donnent le petit coup de fouet qui va me servir à terminer mon voyage. 

 

Alors que mon regard se porte sur un petit bateau échoué en contrebas, je vois une masse noire sortir de l’eau. Un phoque !

 

Pourtant en regardant bien, il me semble qu’il se tient bien sur ses pattes (assez inhabituel pour un phoque). En regardant bien, le doute s’immisce en moi. Puis en regardant encore, les frissons commencent à parcourir mon corps (et je ne pense pas que cela vienne des champs enneigés autour de moi). On dirait un gros chien, ou…un loup !

 

Je me rappelle alors que Mark (et la boite des bouteilles de WOLF BURN) m’avait parlé d’une créature mi terrienne mi aquatique, le SEA WOLF (le mytique loup de mer qui « vit à la fois sur mer et sur terre»). Et moi qui l’avait raillé quand il m’en avait parlé !!

 

Espérant que la chose ne m’ait pas encore vu (et bien que me souvenant que la légende qui dit que sa vue par un humain lui apporte bonne lucidité), je décide de ne pas m’attarder sur la côte Est et de reprendre ma route vers le nord.

 

 

Après une heure de route à travers les routes enneigées, j’aperçu enfin au loin le cloché pointu de l’église de Thurso et sa baie face au Pentland Firth.  

 

Arrivé devant la distillerie, je trouve mon hôte devant la fameuse représentation du WOLFBURN et en profite pour lui raconter mon aventure de voyage. Il me dit que les personnes qui ont eu la chance de voir le SEA WOLF sont assez rares !! 

 

Avant de déguster, nous profitons pour discuter ensemble des dernières nouveautés du rock (bien faible compte tenu de la situation actuelle) et des derniers concerts (actualité encore plus faible voire inexistante). C’est l’occasion pour nous de remémorer la dégustation musicale que j’avais proposé avec celle du LANGSKIP.

 

Il me conduit ensuite à travers la jeune distillerie et me raconte un peu son histoire ancienne et récente.

 

En fait, il me dit que la distillerie WOLFBURN a été créée le long du cour d’eau qui traverse la ville de Thurso, qui porte le même nom, mais à un peu plus loin. Et surtout, il me dit que c’était il y a 200 ans en 1821, par un certain William Smith.

 

Il m’explique ensuite qu’elle a eu des hauts (qui ont fait d’elle une des plus grosses distilleries du nord de l’Ecosse de l’époque) et des bas (qui ont fait qu’elle a fermé ses portes dans les années 1860).

 

Il me raconte ensuite qu’après 150 ans de fermeture et quelques années de recherche, tel un phénix (ou dans le cas présent un SEA WOLF qui ressurgit des eaux), elle a revu le jour en 2011/2012 (sur les lieux actuels).

 

Il finit ensuite par me dire que l’esprit voulu par les lointains successeurs de William Smith est de rester sur une production locale et artisanale (sans oublier la qualité). C’est pour cela que l’outil mis en place par la nouvelle équipe se veut artisanal et en grande partie manuel. Du broyage du Grist à la mise en tonneau en passant par la fermentation et la distillation (dans les deux uniques alambics dodus).

 

Aussi, 150 ans après les dernières gouttes d’alcool, un nouveau distillat est sorti du spirit-still le 25 janvier 2013.

 

En nous rendant vers un des 3 warehouses de la distillerie, Mark continue à nous raconter l’histoire de cette dernière.

 

En 2014, fidèle à ses origines, la distillerie se décide à se lancer dans la production d’un whisky digne de celui de ses origines : une version tourbée. Pendant 6 semaines (et ce depuis une fois par an), de l’orge séché à la fumée de tourbe (à 10 ppm, on cherche de la subtilité et non de la puissance) est broyé et passe dans les alambics. Et c’est comme ça que depuis 2017, 3 ans après le MORVEN est mis en bouteilles et va glisser dans notre verre aujourd’hui. Le MORVEN est venu compléter les 3 autres références de la gamme : NORTHLAND, AURORA et LANGSKIP

 

Enfin il me parle des petites séries annuelles SMALL BATCH portant le numéro du fût dont elles sont tirées.

 

De quoi nous mettre l’eau à la bouche (enfin l’eau de la vie…) !

 

Avant de gouter à ce whisky, Mark me fait part d’une dernière anecdote (qui n’en est pas complètement une quand on est un fidèle sujet de la couronne anglaise). Il me raconte la venue en 2019 du SAS Prince Charles (grand amateur de whisky tourbé) et le bon moment passé en sa présence.

 

Passons à la dégustation mais voyons avant tout une grande part de son caractère au travers de son vieillissement. Mark me raconte que le distillat clair couleur or clair, a passé 3 ans pour moitié dans d'anciens fûts venant d'Islay la magnifique (de second remplissage) et pour moitié dans des fûts de bourbon (de premier remplissage).

 

Lançons-nous à la découverte de ce loup de mer tourbé !

 

Quand le nez s’approche du verre, il détecte directement ce à quoi nous avons affaire : un whisky tourbé sans aucun doute.

 

Nous avons la confirmation quand on plonge franchement le nez dedans. La tourbe est clairement là. Elle est assez fraiche et s’accompagne d’un petit air iodé. Les premières notes montrent un whisky au air agricole (dans le sens noble du terme) : foin et bruyère.

 

Le second passage va se révéler un peu plus sucré avec une légère odeur de poire mais surtout de caramel. A ces notes sucrées viennent s’adjoindre celles des épices quand on laisse le nez trop longtemps. Le troisième passage va aller vers la vanille mais s’accompagne d’une pointe de fumée de cigare un lendemain de fête. Ah les mystères de la fumée de tourbe.

 

Le temps de souhaiter « Slainte Mahth » à Mark et nous entrons dans le vif du sujet.

 

En bouche c’est un mélange de fraicheur et de texture pâtissière. Une volée de fruits mûrs accompagnée de d’épices qui viennent se déposer et piquer la langue. Vient ensuite la fumée de la tourbe qui vient réchauffer l’ensemble. Cette chaleur se traduit par un gout de noisette caramélisée puis par la texture du miel. Les épices restés discret refont leur apparition et emplissent tous les confins de la bouche et donnent le signal de la fin de la dégustation.

 

La finale est assez longue et laisse une pointe de caramel moelleux dans la gorge. Une fois cette douceur atténuée se sont la fumée de tourbe et les épices qui restent longtemps dans les souvenirs.

 

Nous sommes bien ici avec Mark en train de déguster ce bon whisky tourbé en parlant musique mais l’heure tourne et il va falloir que je poursuive ma route à bord de BRADPEAT vers de nouvelles aventures.

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0