Et voilà une fois de plus nous allons rester en France et continuer à explorer le magnifique terroir whisky français.
BRADPEAT prend, cette fois, la direction du Sud Est et les hautes cimes de la chaine de Alpes ! Non il ne va pas monter en haut du Mont Blanc (il en serait incapable) mais va s’arrêter « un peu » plus bas à 900 m d’altitude, entre le massif des Ecrins et le Vercors (encore un pays de whisky !!!). Aujourd’hui nous allons chez le DOMAINE DES HAUTES GLACES pour gouter leur Rye (une fois n’est pas coutume) : CEROS SINGLE RYE ORGANIC WHISKY.
L’avantage de la pandémie est qu’il n’y a pas les foules des grandes heures sur la route qui nous amène au pied de l’Obiou. En effet, Florian P. (pour l’anonymat) qui office pour Remy Cointreau, m’a dit que c’est au col d’ACCARIA dans un château que je pourrais rencontrer Frédéric Revol qui a créé de la distillerie en 2007.
Quand j’arrive enfin dans le Trièves, je comprends de suite pour quoi la distillerie c’est installé ici. La région est semi montagneuse et surtout elle est constellée de champs de céréales. Il y en a d’autant plus à proximité du château ! Quelque chose me dit qu’on va être en circuit court et en autosuffisance chez Hautes Glaces.
Au château, je tombe sur deux hommes, Ailloud Perraud et Chritophe Barret (les deux céréaliers qui officient ici). Plein d’entrain, je leur dis que je suis venu voir la Distillerie. L’un deux me regarde et me dit : « mais elle n’est plus là, distillerie, elle a déménagé à 5 minutes de route sur un autre col, le CORNILLON ! ». Loupé !
Il m’explique, néanmoins, que c’est bien ici au col ACCARIA dans cette ferme château que l’aventure a commencé en 2007 quand ils ont fait la connaissance de Frederic Revol. Ils m’ont ainsi raconté des débuts de l’histoire du DOMAINE DES HAUTES GLACES, des recherches qu’ils ont faites ensemble pour trouver les bonnes céréales BIO (toujours cultivées ici d’ailleurs). Ils m’expliquent d’ailleurs qu’ici, comme dans le vin en Bourgogne, on ne parle pas de parcelles mais de climats et que pour la distillerie il y en a 4 dédiés (Les gabert, le Serre, les Versannes, Andrieu et le Collet, tous différents selon la terre qui les composent ou l’exposition). Quand je lui dit que je suis venu gouté le CEROS il me dit qu’il provient du des Gabert en 2009 et de sa terre argileuse.
Quoiqu’il en soit, ils m’expliquent que tout est bio (donc le whisky aussi) et que tout est fait maison, de la graine à la goutte !
Dans un coin, un alambic un peu particulier avec une forme atypique éveille mon attention. Les deux compères s’en rendent compte et m’expliquent qu’il s’agit du GROS DEDE, l’alambic à chauffe nue qui a servi au début de l’histoire de la distillerie et à qui on a autorisé une bonne retraite en 2020 au moment du déménagement de cette dernière. Ils me racontent que le site ou nous nous trouvons regroupé la distillerie et le chai de vieillissement mais que grandissant les deux alambics ne suffisaient plus et qu’un déménagement dans des locaux plus modernes et spacieux était devenu nécessaire.
Ils me font également part de la présence dans un recoin du chai de vieillissement de 13 fûts initiales en attente d’embouteillage. Curieux je souhaite en savoir plus. Il m’explique que lors de premier distillats une cuvée a été commercialisée dans des bouteilles vides ! la cuvée PRINCIPIUM. L’objectif de cette « founder reserve » étant de permettre aux propriétaires des un peu plus de 1600 bouteilles, de venir embouteiller la bouteille quand bon leur semble, que ce soit pour les pressés ou les patients visant une bouteille pour les générations futures. Quelle belle idée.
Mais revenons à notre dégustation, les deux compères me conseillent donc de remonter dans mon BRAD PEAT et de me rendre sur le nouveau site au col CORNILLON.
J’y arrive très rapidement et me rends compte qu’effectivement il y avait plus de place ici et que la distillerie avait bénéficié d’une nette modernisation.
Dès mon arrivée je suis tombé sur Frédéric Revol qui très fier de son nouvel outil et lui dit que je suis venu gouté à son CEROS in situ sur les conseils de Florian.
Avant de déguster le Rye de la maison (car aujourd’hui nous allons parler seigle et donc Rye), il me fait faire le tour du propriétaire.
Il m’explique que sans avoir perdu son honneur, la distillerie a changé de braquet (comme on dit quand on fait du vélo dans la région) depuis son rachat par le groupe REMY COINTREAU en 2016 (groupe attaché ainsi au valeurs terriennes puisque déjà propriétaire de la ferme distillerie BRUICHLADDICH sur l’ile d’ISLAY la magnifique). Ils et que désormais, ce ne sont plus 2 mais 4 alambics qui bouillent (toujours à flamme nue) et produisent une gamme de whisky élargies. Out le GROS DEDE (paix à son âme). Néanmoins, l’esprit des pionniers est toujours là car sa consœur la PETITE BERTA est toujours dans la place et s’est adjoint 3 nouveaux gaillards dodus !
Il me montre les nouvelles installations modernes et spacieuses, de quoi continuer à produire de la qualité. Car en effet, le principe originel a été gardé : ici on fait du whisky d’orge ou de seigle en BIO (même pas mal à la tête le lendemain des dégustations ! –NDLR-).
Tout ça nous conduit assez naturellement à notre dégustation du jour. Présentation par le maître des lieux : Le CEROS est un single RYE BIO (pas mal à la tête rappelez-vous). Il a été distillé en 2016 en double distillation et à partir d’un seigle cultivé sur le climat des GABERT en 2015. Il a été mis en bouteille en 2020 à 53 % d’alc (pas mal à la tête je vous dis) après avoir passé 5 ans en fût de Vin Jaune (Jura) et en fût de Cognac (Charente) ! On va avoir du mal à faire plus français de A à Z !
Ce vieillissement donne à ce whiskey (si on veut être puriste) une teinte jaune orangée légèrement cuivrée.
Passons à la dégustation :
Quand on approche le nez du verre il est comme aspiré par ce dernier. Le seigle semble se faire sentir mais la tarte au prune qui se cache derrière fait de l’œil et trépigne de rentrée dans le jeu.
Aussi, quand on plonge le nez dans le verre le coté pâtissier de la tarte aux quetsches caramélisée explose. L’ambiance est moelleuse et chaleureuse.
Au second passage, l’ambiance perd un petit niveau de chaleur et les épices font leur entrée en fanfare. Du gingembre envahi la langue ! Le distillat semble prendre de la force et devient encore plus fruité avec une odeur de pomme.
Le troisième passage fini de rafraichir l’ambiance et le nez se pare de notes d’agrumes allant presque jusqu’à de notes citronnées sur la fin.
Globalement le seigle est assez discret et il faut le mettre dans la main pour le ressentir.
En bouche, une gorgée remplie complètement l’espace. La tarte aux quetsches est bien là. La force des degrés d’alcool aussi. Des épices viennent couvrir la langue (du gingembre et presque du piment). Après cette entrée en fanfare, quand le feu se calme, des raisins secs apparaissent et l’apport du fût de vin jaune fait son apparition avec une pointe d’apprêtée sucrée. Au fil de la dégustation si des gouttes se glissent dans la gorge elles le font en la piquant ! La dégustation reste globalement moelleuse et se termine sur des notes de noix. Le feu disparait complètement sur la fin pour terminer sur des notes douces de miel.
La finale est relativement longue et reste moelleuse, la bouche et la gorge gardent la douceur des amandes.
Globalement ce Rye sort un peu des autres dégustations de la distillerie du Domaine de Hautes Glaces et apporte de la chaleur aux frimas du Trieves. Il montre un savoir-faire maitrisé pas l’équipe de la distillerie sur un whisky relativement jeune.
Je salue mon hôte et le laisse continuer à produire de belles réalisation du haut de ses montagnes, et je continue ma route à bord de BRAD PEAT vers de nouvelles aventures.
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