· 

TORABHAIG 2017 – THE LEGACY SERIES

Quand on s’appelle PEATDREAM et qu’arrivent aux oreilles les mots SKYE, HEAVILY PEATED et Nouvelle distillerie, vous pensez bien qu’il se passe des choses !

 

Quoi ? La seconde distillerie de SKYE vient enfin de mettre en bouteille son premier distillat ?

 

Il n’en faut pas plus pour que je monte dans mon fidèle BRADPEAT habillé de mon plus beau tartan et que je reprenne la route (malheureusement encore virtuelle à cause de la pandémie) en direction du nord-ouest de l’Ecosse en direction de la seconde ile magique : SKYE.

 

 

Je vous en avait parlé lors d’une précédente dégustation chez TALISKER, quand on va sur cette ile c’est bien entendu pour les paysages fous, les châteaux hantés et les falaises mais c’est (enfin c’était) jusque-là pour aller goûter les whiskies de chez TALISKER (que je continue à gouter avec plaisir je vous rassure). Mais voilà, depuis 2017 et après 200 ans de monopole, il faut désormais compter sur une seconde distillerie TORABHAIG dont nous allons goûter le 2017 – THE LEGACY SERIES aujourd’hui.

 

Alors comme à chaque fois que l’on se rend sur cette ile magique, notre route va passer par la A 87 (une des routes du bout du monde) qui passe tout d’abord par les magnifiques paysage écossais avant de devenir la seule porte d’entrée de l’ile de SKYE. Une fois passé la ville de KYLE OF LOCHALSH s’ouvre face à nous le SKYE BRIDGE aussi appelé le pont du non-retour. Ici on ne peut plus reculer il faut y aller et quitter l’ile continent.

 

Avant quand on venait ici la route prenait souvent la direction du nord puis de l’ouest de l’ile. Mais maintenant quand on fait 10 minutes de route il faut également tourner vers le sud en direction d’ARAMADALE ! Encore un petit quart d’heure de pétarade et BRAD PEAT arrive face à la cote sud de l’ile.

 

Nous voilà arrivé à bon port. La ferme distillerie TORABHAIG ! On peut difficilement la louper c’est écrit en grosses lettres sur la façade.

 

Attention amateur de tourbe il va se passer quelque chose. En effet, en descendant de mon van je ne sens que ça : la fumée de tourbe ! magique. Les grosses lettres sur le mur, l’odeur…à coup sur je suis au bon endroit.

 

Point de modernité apparente, la première impression de la distillerie fait dire, mais elle est là depuis combien d’année ? En effet, on se rend bien compte que le bâtiment tout en longueur est n’est pas né de la dernière pluie et est à cette place depuis quelques années.

 

Pour l’instant pas âme qui vive en cette matinée brumeuse de l’ile de SKYE. Je suis accueilli par quelques mouton shetland en train de paitre tranquillement autour d’un réservoir d’eau.

 

Au bout de quelques instants, je fais enfin la connaissance de John MACKINNON qui arbore une casquette de la distillerie. C’est lui qui sera mon guide aujourd’hui.

 

Je lui explique que je suis venu découvrir LA tant attendus seconde distillerie de l’ile de SKYE.

 

Pour l’instant nous restons dehors car il souhaite me montrer le levé de brume devant la distillerie en face de la KNOCK BAY (car tout le monde sait qu’en Ecosse et encore moins dans les iles, la brume se lève toujours pour laisser place à un soleil radieux). En faisant le tour des bâtiments il me confirme ma première impression. Ils ne sont pas jeunes. Il me dit même qu’ils ont près de 200 ans et qu’ils ont été construits avec les pierres d’un château en ruine qui lui avait été construit en 1630 (ce qui a coup sur doit leurs apporter un coté mystique quand on sait ce qui vit dans les châteaux écossais en ruine).

 

En passant il me dit que le bâtiment n’a pas été seulement choisi par la société MOSSBURN (propriétaire) pour son histoire mais également parceque le long de ses murs coule l’eau pure du Burn Allt Gleann. Il en profite pour me dire que, comme toujours, un des éléments primordiaux du whisky est l’eau et que celle qui coule ici (et qui provient également du burn Allt Breacach) est d’une grande pureté. 

 

Il me raconte également qu’ici on fait du whisky tourbé mais qu’on laisse aux puristes les chiffres de phénols car on veut faire tourbe « tempérée ». On l’appellera comme on veut mais quelque chose me dit qu’on va être sur un vrai whisky de marin qui sent la cheminée. D’ailleurs, John me le confirme en me disant que l’orge choisi en local séchée titre ici entre 55 et 60 PPM (et qu’en bouteille le final titre 16 PPM). Un whisky de marin je vous me dit, mais vous savez moi c’est PEATDREAM alors…

 

Bon par contre on dirait que la brume met un peu plus de temps que prévu à se lever, aussi, John me propose de faire un tour dans la distillerie avant de revenir face à la bai pour déguster le premier distillat de TORABHAIG.

 

Il ne faut pas se fier à l’âge du bâtiment et à son aspect extérieur qui laissent croire que la distillerie est là depuis toujours. A l’intérieur on se rend bien compte que nous sommes dans une distillerie qui n’a que 4 ans (et qui distille depuis 3 ans). Tout est neuf et bien que fait dans les règles de l’art l’outil est fait pour produire quelques litres. Un gros mash tun qui sent la tourbe, 8 whashbacks et surtout deux copper-pots traditionnels (de 8000 litres pour le wash still et 5000 litres pour le spirit still). 

 

Tous les ingrédients sont là pour une belle aventure et pour que la distillerie annonce d’ores et déjà 3 séries supplémentaires (LEGACY 2 – ALLT GLEANN, LEGACY 3 – CNOC NA MOINE et LEGACY 4 – ALLT BREACATCH) avant d’arriver à un 10 ans qui devrait venir faire de l’ombre à un autre 10 ans de la région (est-il nécessaire de dire duquel il est question ?).

 

Avant d’aller goûter le distillat, John me dit enfin que sans les hommes de beaux et rutilant alambics ne suffiraient pas. Aussi, il me dit que toute l’aventure TORABHAIG est basée sur des hommes d’expérience qui sont tombés depuis longtemps dans la fabrication du whisky, mais également sur la transmission du savoir et la formation de nouvelle génération.

 

Après ce tour d’horizon c’est toujours dans de belles effluves de fumée de tourbe que nous retournons face à la baie, mais cette fois-ci, John a à la main une bouteille de forme carré qui arbore fièrement l’indication FACONNEE par SKYE !

 

Le whisky que verse John dans mon verre est d'une  couleur or clair qui montre son jeune age (à peine plus de 3 ans) et un passage par un unique fût de bourbon. 

 

Quelque chose me dit qu'on va être sur un vrai whisky dans les pures règles de l'art.

 

Le nez à la brise marine, je tente une première approche.

 

Loin du verre l’amateur de tourbe et direct prévenu et ne va pas être déçu. Sans même enfoncer le nez à l'intérieur on détecte directement l’odeur de fumée mais également une certaine fraicheur citronnée. En revanche on ne sera pas complètement sur un feu de cheminée mais plus sur un lendemain de feu de bruyère dans le brouillard.

 

Quand le nez rentre pour la première fois dans le verre il va détecter la franche présence de pains de tourbe lors du séchage de l’orge. Néanmoins, il n’y a pas d’agression et cette douce odeur de fumée sucrée se marie très bien avec des notes très fruités (qui seront tour à tour celle d’une poire bien mure, puis celle de fruits gorgés de soleil comme la banane, ou la mangue).

 

Le second passage va confirmer cette ambiance sucrée/fumée. On a l’impression que les notes fruitées se concentrent sur le centre du verre quand l’odeur de fumée vient en tapisser les parois. Pour autant, en laissant le nez dans le verre c’est ensuite des notes poivrées et boisées assez nettes qui font leur apparition et viennent trahir l’âge du distillat.

 

On peut trouver à ce premier opus de cette nouvelle distillerie de l’ile de Skye une certaine maturité car sa jeunesse a su faire preuve de galanterie et à laisser la part belle à madame la tourbe.  

 

Avant de gouter enfin à ce distillat, un troisième passage du nez s’impose. Il va permettre de détecter des notes marines et toujours tourbées mais désormais plus acidulées et herbacés.

 

Un goute dans la main permettra de confirmer la présence d’une tourbe fraiche et citronnée.

 

 

 

Comme si c’était lui qui donnait le go et comme John me l’avait annoncé, le ciel brumeux se déchira face à nous et laissa passer les jambes du soleil. Il était temps de goûter.

 

« Slainte mhath » me lance John en faisant clinquer son verre contre le mien.

   

Quand il rentre en bouche, le distillat confirme son annonce. On peut lui détecter une très furtive pointe d’amertume citronnée mais qui laisse vite la place à la rondeur de la tourbe.

 

La bouche se pare de fumée mais devient sucrée et épicée. Je pense que ces épices trahissent le jeune age de ce whisky et pourront s’amenuiser avec de plus longues années passées en fût. Je vous rassure de suite le passage des épices et furtif et surtout ils laissent encore plus de place à des notes sucrées comme la poire mure et à un distillat qui s’arrondi et devient moelleux et mielleux. On détectera un bref passage d’un anis étoilé mais la rondeur reste de mise jusqu’à la fin de la dégustation.

 

Une fois avalé, le souvenir de ce whisky est moyennement long mais il va laisser en bouche une odeur de fumée et de bâton de réglisse mais surtout un certain moelleux sur la langue.

 

Regardant John j’ai presque eu envie d’applaudir. Je pense clairement qu’avec un premier distillat de ce niveau on risque d’entendre parler de l’ombre que va faire la fumée du sud de l’ile de Skye sur celle du nord.

 

 

C’est sur ces belles notes enfumées et désormais sur un magnifique soleil in the Skye que je dois laisser mon ôte pour amener BRAD PEAT vers de nouvelles aventures tourbées. 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0