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BIG MOUTH BATCH no0001

Connaissez-vous les lieux qui vous donnent l’impression d’être au bout du monde ? Et bien la Baie de Lossit à l’Ouest de l’ile d’Islay est l’un d’eux !

 

C’est au bout d’une petite route venant de Port Charlotte à travers les collines verdoyantes, que j’ai été obligé d’abandonner BRAD PEAT sur le bas-côté. La fin du chemin en direction du littoral allait se faire à pied.

 

Dans mon dos, l’ile aux merveilles (et aux 10 distilleries) et face à moi…l’Amérique au-delà de l’océan. Pas une âme qui vive, juste quelques ruines, des cerfs broutant l’herbe des prés salés et, sur le sable blanc de la petite plage, des phoques en train de se dorer la pilule !

 

Un parfum d’éden ! Enfin d’Eden…aujourd’hui ce sera plutôt un parfum de tourbe !!

 

C’est en ce lieu hors du temps que SCOTT WATSON m’avait donné rendez-vous pour goûter à son mystérieux BIG MOUTH batch No 0001. Il m’attendait là sur des rochers surplombant la mer.

 

 

M’approchant de lui, je lui dis : « quel endroit particulier pour une dégustation ?! ». Il me regarde et me dit que je ne savais pas à quel point ce lieu était particulier.

 

Il n’en fallait pas moins pour éveiller ma curiosité.

  

En fait Scott me dit qu’il y a un peu plus de 200 ans, en ces lieux (la baie de Lossit), se trouvait une distillerie agricole the Lossit distillery ( la première ferme distillerie d’Islay qui expédiait ses whiskies sur le continent et même au delas) et que les jours de tempêtes, le fantôme de Malcolm MacNeill (le propriétaire de l’époque) venait roder ! Ah les fantômes écossais !! Et il se dit que ce fameux Malcolm était assez connu dans le coin pour produire un bon whisky mais également pour avoir une voie qui portait assez loin (quitte à alpaguer les marins qui passaient au loin pour leur venter ses distillat) !  Voici peut-être une des explications de l’étiquette de la bouteille du jour.

 

 

J’ai été assez surpris d’une telle connaissance de l’histoire d’Islay. Mais Scott m'a expliqué qu'en tant que Master Blender de BIG MOUTH, il était aussi le fondateur de Crucial Drinks (dans l'Ayrshire dans le sud de l'Ecosse).  Il m'a expliqué qu'il était aussi, avec son compère Brian Woods les instigateurs des whiskies THE LOST DISTILLERY COMPAGNY  (dont la gamme offre une renaissance moderne des distilleries longtemps fermées et légendaires)..

 

Je comprenais ainsi mieux pourquoi il avait choisi cet endroit.

 

Ensuite, il s’est mis à me présenter ce mystérieux blend caché dans sa bouteille en céramique (ce qui en soit montrait déjà une certaine envie de sortir du lot et de jouer la carte de l’originalité).

 

Il m’a expliqué que son originalité dépassait le simple cadre de la bouteille et touchait également sa composition. En effet, à l’inverse de certains Blended malt, le BIG MOUTH était composé de plus de single malt que la plupart de ses semblables (minimum la moitié du distillat, soit 3 fois plus qu’à l’habitude et de fait moins de single grain).

 

Ce blend était ainsi à mi-chemin entre un blended scotch whisky et un blended malt scotch whisky (lui exclusivement constitué de single malts).

 

Et que dire du rouquin barbu en train de meugler sur l’étiquette… (l’expérience des deux compères a même été poussée à son maximum avec le site internet dédié qui s’appelle ni plus ni moins : https://shutyourbigmouth.co.uk -NDLR).

 

Tout ça donnait bien envie d’y goûter quand même.

 

Alors que le vent qui soufflait sur la baie ressemblait à des râles bizarres (ou à moins que ce ne soit pas le vent, mais bien le fantôme de Macneill !!), Scott fit sauter le bouchon à la manière d’une bière et laissa couler un distillat d’une belle couleur terracotta orangée.

 

Au moment où nous nous apprêtions à déguster ce distillat, je demandais à Scott avec quel single malt et single grain il l’avait créé.  Mais ce dernier me dit « you’ll see, Big Mouth is Big in flavour and even bigger in personality ».


Le mystère de la composition de BIG BOUCHE demeurait et seuls les instigateurs en ont les clés.  Scott m'a seulement dit qu'ils avaient amélioré une vieille recette trouvée en quelques années au Lost Distillery Research et ont pensé que cela valait la peine de crier.   

 

BIG MOUTH BATCH N°0001

Alors il donne quoi ce blended malt à grande bouche ?

 

Encore comme un coup du sort, au moment où je m’apprêtais à le goûter, le vent se mis à souffler nous obligeant à crier pour partager notre ressenti ! Encore un coup de Macneill certainement !

 

En criant, je lui ai dit que j'avais trouvé qu'au premier goût mon nez sentait une pomme caramélisée mais aussi la douceur d'un seul single grain. La première odeur était néanmoins assez prononcée et annonçait un whisky à l’odeur marquée malgré les « seulement » 41,2  % d’alcool/ volume. En fond, je ressentais également une tourbe très légère.

 

Au second passage l’odeur de ce whisky se rapprochait très légèrement de celle d’un distillat vieilli en fût de sherry et montrait une grosse chaleur. Tonitruant ce second passage allait ensuite être plus versé sur les agrumes (comme l’orange certainement un effet du single grain) mais également les épices (poivre).

  

Le troisième passage se révéla beaucoup plus doux en se rapprochant du miel et de la vanille. L’ambiance globale était devenue chaude malgré les alizés.

 

Quelques gouttes dans la main m’ont ensuite aidé à bien détecter la tourbe et l’orge qui le composait.

 

Le vent toujours aussi fort me fit à peine entendre le Slainte que me lança Scott.

 

Le temps de le faire glisser dans la bouche et de découvrir tout d’abord un distillat au goût beaucoup plus marqué que ce que son degré pouvait laisser penser.

 

Ma langue a assez vite détecté la présence d’épices. Alors que cette dernière chatouillait, le reste de ma bouche se mit à baigner, moitié dans un fudge, moitié dans une pointe d’amertume. La lutte habituelle entre le grain et le malt se faisait sentir peut-être un peu moins qu’à l’habitude.

 

Je pus découvrir ensuite la présence d’agrumes et d’une légère et attendue tourbe marine (saline). Je pouvais détecter une pointe de raisin (un des single malt serait-il vieilli en fut de sherry ?).

 

Après l’avoir avalé, le souvenir qu’il laissa fût long. Ce fût tout d’abord un goût de cannelle pour ensuite s’éterniser sur la fumée et les épices.

 

Une fois la dégustation terminée, le vent tomba bizarrement et l’ambiance se fît plus calme.

 

Nous avons eu l’impression que le fantôme du vieux Macneill, comptant de son effet, avait néanmoins jeté l’éponge devant la réussite de ce nouveau distillat, à mi-chemin entre la douceur d’un whisky à déguster au coin du feu et la force de celui destiné à maintenir les marins en éveil.

 

Si vous voulez tenter l'expérience je vous conseille d'aller faire un tour chez L’EXPLORATEUR DU GOÛT (www.lexplorateurdugout.com) ou encore dans tous vos cavistes NYSA (www.nysa.fr) où il coule à flot. 

 

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