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MICHTER'S US1 TOASTED BARREL FINISH BOURBON

A peine sorti de la distillerie de single malt américaine WESTLAND (voir ici), je me dis que je ne peux pas partir des Etats-Unis sans faire un tour au centre du pays pour y goûter un bourbon (je sais ce n’est pas un single malt, mais une fois n’est pas coutume).

 

Et là vous allez me dire où aller ? Et bien tous simplement à bord de mon fidèle Brad Peat, je vise bien entendu le Kentucky. En effet, cet état du centre ouest, qui vient malheureusement de se faire souffler, est aux Etats-Unis ce que le Speyside est à l’Ecosse. Un foisonnement de distilleries. 

 

 

On va trouver des noms comme Buffalo Trace Distillery, Woodford Reserve Distillery, Old Forester, Maker's Mark, Jim Beam, Wild Turkey Distillery ou encore Four Roses qui nous parlent à nous néophytes français. On y trouve également des noms un peu moins connus sur le vieux continent comme Angel's Envy Distillery, Evan Williams Bourbon, Castle & Key Distillery, Willett, New Riff Distillery, Stitzel-Weller Distillery, Barton 1792 Distillery, Copper & Kings, James E. Pepper Distillery….. la liste est longue car il y en a plus d’une trentaine. 

 

Parmi tous ces BOURBONS, nous allons nous intéresser à celui d’une distillerie dont le nom a fait sa place en France : MICHTER’S.

 

 

Direction Louiseville sur les rives de la rivière Ohio à la frontière entre l’Etat du Kentucky pour découvrir la distillerie et goûter le US1 TOASTED BARREL FINISH BOURBON (il faut qu’il y ai un peu de gout de fumée quand même je m’appelle PEATDREAM !).

  

Sur la route, je retrouve SØren Krogh SØrensen, le grand danois en charge de la commercialisation de la marque en Europe. Il sera notre guide lors de la visite et de la dégustation. 

 

 

SØren ne nous amène pas à Louiseville directement, mais plus au sud dans la petite ville de Springfield. Veut-il nous faire rencontrer Bart SIMPSON ? Non, en fait il souhaite surtout commencer la découverte de MICHTER’S par la base : la production de ses céréales.

 

En effet, c’est à proximité de cette ville que la distillerie détient un peu plus de 200 acres (comme on dit ici soit un peu plus de 80 hectares -NDLR-) de terres agricoles. Et c’est là qu’en toute autonomie, avec ses fermiers, elle fait pousser, sans OGM, son maïs, son seigle et son orge.

 

 

Suivant le même chemin que les camions de la société qui transportent cette matière première, nous continuons notre route vers le nord : direction Louiseville à un peu plus d’une heure. Sur la route nous voyons des noms comme MAKER’S MARK, BARTON, HEAVEN HILL… Mais ne nous égarons pas nous sommes venus pour MICHTER’S aujourd’hui.

 

Søren nous mène tout d’abord en plein centre de la ville sur les rives de l’Ohio au 801 West Main street dans la dernière distillerie : la distillerie Fort Nelson. 

 

 

Avec ses fenêtres romanes, l’immeuble ouvert au public depuis 2019 seulement est la vitrine, la boutique et le bar de la marque. Mais que l’on ne s’y trompe pas, on y produit encore du whiskey. Et pas dans n’importe quoi ! Ici, on utilise un alambic et un système de fermentation en bois de cyprès qui provient de la distillerie historique Michter's Pennsylvania Distillery et qui date de 1753.

 

 

 

C’est l’occasion pour Søren pour nous faire un rapide historique de la marque. En fait MICTHER’S a été créées par John Shenk, un agriculteur qui a construit une petite distillerie pour utiliser son excès de céréales dans les années 1750. La distillerie a été une des premières à voir le jour aux Etats Unis (c’est d’ailleurs parcequ’elle a été une des premières que Michter’s ajoute un US*1 à ses bouteilles –NDLR-) en 1753.

 

Pour l’anecdote, SØren nous dit que ce whiskey était déjà tellement apprécié qu’il se raconte que le général George Washington en donnait à ses hommes pour les fortifier pendant la révolution américaine à la fin du 18 ème siècle.  

 

 

 

D’ailleurs, la distillerie ne s’est pas appelé MICHTER’S tout le temps. Quand elle a ouvert en 1753, elle était en Pennsylvanie et s’appelait SHENK’S DISTILLERY. 8 ans après elle est rachetée et s’est appelé BOMBERGER’S & SON DISTILLERY. Elle a ensuite été une première fois fermée sous la prohibition. Dans les années 50, elle a pris le nom de deux fils Lou Forman qui venait de la racheter : MICHael et PeTER (et donc son nom définitif) toujours en Pennsylvanie. Elle a fait faillite en 1989.

 

Enfin dans les années 1990, elle est rachetée par Joseph J. Magliocco et Richard Newman (les propriétaires actuels) et déplacée dans le Kentucky en gardant son nom !

 

 

Nous finissons notre tour de Louiseville par la principale élément de la société, SHIVELY DISTILLERY, grande distillerie située dans le quartier du même nom.

 

C’est ici qu’une grande partie de la production est réalisée, de la production, au vieillissement et à la mise en bouteille.

 

C’est dans cette distillerie que la société produit ses bourbons, rye et autres Sour Mash d’un petit alambic charentais (sur lequel elle appuie son image) utilisé pour la repasse mais surtout d’un grand (voire très grand avec ses 14 plateaux de condensation) alambic à colonne construit sur mesure par la société Vendome Copper & Brass Works (avec qui elle travaille depuis les débuts au 18ème siècle). Imaginez une colonne à plateau de près d’un mètre de diamètre mais surtout de 14 mètres de haut !!   

 

 

C’est également dans la distillerie SHIVELY que la société stocke tous ses small-batch dans un entrepôt soumis à une amplitude thermique plus importante qu’ailleurs. En effet, grâce à des systèmes de ventilation, les whiskey MICHTER’S sont soumis à plus d’augmentations et de diminutions de températures (cycle thermique) qu’à la normale. Cette pratique qui augmente largement la part des anges, permet surtout d’augmenter le travail du bois des fûts et les échanges de saveurs (fallait-il y penser ! -NDLR-).

 

 

Bon c’est bien beau tout ça mais on voudrait bien goûter à ce whiskey nous !

 

Søren nous regarde en souriant et nous dit, nous allons y venir pas de précipitation ! J e vais vous le présenter avant !

 

Comme tous les whiskeys de MICHTER’S, le US*1 Toasted Barrel Bourbon que nous allons goûter aujourd’hui est issu d’un SMALL BATCH (c’est un small batch de small batch). SØren me dit que la distillerie Michter's est réputé pour ses bourbons limités ou en à fût unique, ses ryes en fût unique et ses whiskies américains limités.

 

Ce bourbon commence son vieillissement dans un fût de Bourbon Kentucky Straight US*1 normal et est ensuite transféré pendant 18 mois dans un second fût tout d’abord séché à l’air et ensuite toasté.

 

 

Ce bourbon de 2018 n’est que la troisième série des toasted (les premières avaient été élaborées en 2014 et 2015) mais il met en avant le savoir-faire de la distillerie sur ses fûts. L’objectif de cette méthode qui chauffe sacrément les fesses du fût (sans les carboniser) est de rendre les sucres du bois plus accessibles. En effet, sous l'effet de la chaleur, les sucres se caramélisent directement à l’intérieur de la douelle et fait augmenter la saveur et la couleur.

 

Dégustation US1 TOASTED BARREL FINISH BOURBON

 

Aller SØren goutons !

 

La couleur de ce bourbon est (on va dire typique) de ces distillats sur un marron clair.

 

Quand le nez plonge dans le verre il va découvrir l’odeur fraiche et sucrée de maïs (on dira assez typique d’un bourbon) mais plus tendue et fraiche qu’à la normale. Paradoxalement (alors que le degré d’alcool de ce bourbon est « limité » 45,7 %. Il semble plus fort en alcool alors qu’il est plus faible. D’ailleurs, SØren  nous rappelle que la distillerie met en fût se distillats à seulement  51,5 % ABV (103 °us Proof) quand la plupart des bourbons sont mis en fûts à 125 ° Proof donc à un degrés plus important).

 

L’odeur détectée glisse ensuite sur le miel et une pointe d’épice.

 

Le second passage présente une odeur boisée qui vient encore accroitre les effluves d’éthanol mais qui reste fraiche. On détecte une odeur de caramel de sucre roux mais également des allers retours d’épices.

 

Le troisième passage sera plus marqué par des clous de girofle et la douceur du chocolat. On pourra également découvrir une fraise tagada sur la fin.

 

Dans le creux de la main le miel ressort mais également la pointe de fumée apportée par le grillage du bois.

 

 

En bouche il est douceur et sucre dans un premier temps. Mais vite arrivent un goût marqué d’épices et un fort goût boisé. Ensuite les épices font un retour encore plus prononcé sur la langue. Puis, ce bourbon se fait plus doux et mielleux, voire pâtissier (un flan à la vanille). Il garde une certaine tension âpre qui pourrait être assimilée à la fumée de bbq mais il reste doux. Au bout d’un moment il s’estompe en bouche et laisse vadrouiller des goûts de miel et quelques épices.

 

Au moment où on l’avale on découvre un fort retour des épices.

 

La finale est assez longue avec une fraicheur surprenante au regard du gout et également un coté boisé sucré.

 

Je sais, je sais vous allez dire, c’est un Bourbon et pas un single malt mais il méritait bien un petit détour avant de revenir en Europe.

 

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