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SMOKEHEAD HIGH VOLTAGE

 

Quand on aime, le whisky, l’ile d’Islay, la tourbe et le bon rock comme votre serviteur, un nom ressort assez souvent : SMOKEHEAD de l’embouteilleur indépendant Ian MacLeod.

 

De plus, quand on apprécie le whisky dans sa vraie nature, on aime les whiskies bruts de fûts. Aussi c’est pour cela qu’aujourd’hui, je vous amène sur les terres du SMOKEHEAD HIGH VOLTAGE !

 

Une fois n’est pas coutume (bien que j’ai déjà eu l’occasion de le faire à plusieurs reprises lors de plusieurs dégustations), je vais vous proposer de le faire en musique. 

 

 

L’esprit global du SMOKEHEAD étant « plutôt » rock, je vous ai choisi un morceau de circonstance. Mais attention, je n’ai pas voulu aller sur le cliché, en prenant un groupe Ecossais ou plus globalement Anglais, ni un groupe américain (nous parlons scotch aujourd’hui et pas Bourbon), mais un groupe bien de chez moi. J’ai choisi d’associer ma dégustation au morceau THE BIG PICTURE du « grand » (mais pas assez encore à mon goût) groupe alsacien LAST TRAIN (mais je vais y revenir et vous expliquer comment procéder).

 

Image Scotchwhisky.com

Avant tout, on parle quand même ici de whisky et il va de soi qu’il convient de faire connaissance avec le fumeux SMOKEHEAD de la non moins fumeuse société IAN MACLEOD DISTILLERS.

 

Commençons d’ailleurs par elle : Il s’agit d’un négociant embouteilleur indépendant qui n’est pas né de la dernière pluie. En effet, la société Ian Macleod Distillers a été créée en 1933 par une certain Léonard Russel Senior (pour se lancer dans le courtage d’alcool). De générations en générations, la société est restée famille Russel et depuis presque 90 ans maintenant. C'est désormais Leonard RUSSEL qui mène la barque aujourd'hui et qui poursuit le développement de IAN MACLEOD DISTILLERS et fait d’elle un des acteurs majeurs des ventes mondiales de scotch. 

 

 

Parmi ses nombreux faits d’arme, on peut notamment trouver les renouveaux de distilleries telles que la mi-lowland/mi-Highland GLENGOYNE en 2003 (dont je vous avais fait déguster le LEGACY SERIES CHAPTER 1 ici),  de TAMDHU en 2013 (dont j’avais partagé la dégustation du BATCH STRENGTH N°004 ici et vous ferai bientôt gouter le grand frère 5ème du nom) dont les sherry bomb explosent dans le Speyside, et dernièrement de la distillerie ROSEBANK dans les LOWLAND (en 2017). 

 

Son développement est également passé par le lancement de séries de single malt tels que ‘As we get it’, Chieftain’s (dont je vous ai fait gouter le CAPERDONICH 18 ans Sherry hogshead ici), Macleod’s, Sheep dip ou Isle of Skye…… .

 

Sans oublier les Blend tels de Isle of Skye ou Pig’s Nose (le whisky doux comme le groin d’un cochon –NDLR-). 

Autant dire un catalogue et une palette gustative assez large.

 

 

Parmi toutes cette belle famille, impossible d’envisager la vie sans un whisky d’Islay (la magnifique). Aussi, en 2006, la société IAN MACLEOD DISTILLERS a lancé le tourbé (et c’est rien de le dire) SMOKEHEAD pour venir sur les platebandes des whiskies d’Islay sans distillerie véritable que sont PORT ASKAIG, BIG PEAT, BARELEGS  ou autres FINLAGGAN.

 

Quand on connait un peu Islay, on sait très bien que la plupart des whiskies qui y coulent sont plutôt des gars charpentés, salins et fumeux (sans globaliser pour autant). Aussi, la société n’allait pas proposer un whisky « tagué » ISLAY qui soit floral et aérien. Il fallait du solide (comme un peu dans le Sud Est de l’ile chez nos compères de LAGAVULLIN et ARDBERG).

 

Comme souvent la recette est dans un coffre, dont la clef est au fond d’un puit dont personne ne sait où il se trouve, mais le fait est que, quand on ouvre une bouteille de SMOKEHEAD on va quand même plutôt aller vers la fumée de tourbe (y a quand même une tête de mort dessus comme pour un produit chimique dangereux).

 

Avant de se lancer à corps perdu (et en musique) sur la dégustation du plus charpenté de la gamme SMOKEHEAD, faisons un peu connaissance avec cette dernière (et elle commence à être conséquente). 

 

 

On va trouver le SMOKEHEAD « basic » qui vous enfume tranquillement à coup de notes mielleuses et le SMOKEHEAD SHERRY BOMB le Sherry de la bande. Depuis peu la famille s’est agrandie avec les airs caribéens du RUM REBEL et du RUM RIOT et dernièrement le surprenant TWISTED STOUT (fini en fût de bière Stout). D’ailleurs, la diversité de la gamme fait qu’elle est assez souvent associée aux voyages des mixologues dans les contrées lointaines des cocktails tourbés. La gamme est même complétée par un beau 18 ans.

 

Tout cela pour vous amener au boss de la bande : le HIGH VOLTAGE et ses 58 % ABV !

 

Ah vous voulez de la tourbe… et bien on peut clairement dire que vous allez être servi.

 


DEGUSTATION SMOKEHEAD HIGH VOLTAGE

 

Avant même d’ouvrir la bouteille, c’est là que va rentrer en jeu le son de LAST TRAIN. Pour se faire, je vous propose de lancer la chanson THE BIG PICTURE (ici).

 

Comme cette chanson, la dégustation va commencer sur des notes douces. Faites couler le liquide couleur ambrée cuivrée dans votre verre au calme lancinant de ce son. Laissez votre esprit divaguer sur un bateau voguant sur le pap of Islay en se disant que l’air frais du large est autant frais par ici, que le distillat que vous allez goûter va être tourbé.

 

La musique reste assez calme en ce début de dégustation, mais ne vous y fier pas car, comme pour vous prévenir avant de monter dans un manège à sensation, sur la bouteille est noté « Explosif et pas pour les faibles de cœur » !!

 

De loin des effluves fumées s’échappent déjà et une odeur de foin humide sort inexorablement du verre. On pourrait presque voir la fumée sortir. Moelleuse, dense mais sans agressivité.

 

Aussi, dans ce doux rêve attendez, 2 minutes 50 avant de lancer votre nez dans le verre.

 

Il est temps, au son de la musique de Last train, plongez le nez dans le verre.

 

Au rythme des éclats de la guitare de Jean-Noël (Scherrer), dans cette dense fumée, quand vous plongez le nez dans le verre pour la première fois, vous recevez une première salve de chaleur et surtout d’épices.

 

Au second éclat (et second passage) avec dans un premier temps, la place laissée à des arômes boisés et céréaliers, mais une nouvelle fois le nez qui traine retrouve les épices. De poivre au premier nez, elles sont devenus clou de girofle.

 

Un troisième éclat (et un troisième passage), le coté boisé et charpenté du whisky se fait plus discret et l’ambiance se rafraichi et se part de brise marine et de notes plus salées.

 

Le calme revient lorsque le nez ressort du verre après ces trois passages. Osez dire que vous n’avez pas déjà un peu les cheveux décoiffés !!

 

L’occasion de glisser un peu de distillat dans votre main et de fermer les yeux pour s’imaginer : vous êtes en campagne écossaise dans un vieux bothy et vous venez de plonger votre paume dans les cendres froides au petit matin ! magnifique et odorant sans pour autant aller vers le pneu que l’on trouve parfois.

 

À un peu plus de 4 minutes

 

Comme la musique qui se relance doucement mais surement à nouveau, vous avez envie d’en découdre et de mettre le distillat dans votre bouche et de voir de quoi il est capable. Vous vous impatientez. Avant qu’il ne rentre complètement dans la bouche, on semble avaler de la fumée comme assis autour d’un feu de camp dont le bois est trop humide.

 

Mais quand le liquide fait son entrée, la promesse d’une soirée rock enfumée vous allez voir que la promesse sera tenue. La guitare durrrrrre !!!

 

5 minutes !

 

Au son d’un riff qui semble interminable en bouche vous sentez d’abord un distillat dense et sucré à souhait. 

 

Comme les guitares qui s’emballent et explosent, fort de ses 58 % ABV, le distillat se tend, puis devient puissant et épicé. Des notes poivrées et même pimentées envahissent la totalité de la bouche. Et viennent piquer les recoins. Laissant ça et là quelques banderilles, il devient une cassonade chaude, mielleux et sucré à souhait.

 

La musique s’intensifie à 6 minutes quand vous vous décidez à avaler le distillat et la descente sonne le réveil de épices et celle des notes tourbées dans la gorge.

 

Deux guitares se chevauchent et votre bateau affronte la tempête. Notez sur la finale la longue pointe de salinité d’une tempête en mer du nord.

 

La tempête se calme à quasiment 7 minutes quand le distillat se décide à descendre définitivement dans la gorge. La bouche engourdie garde des séquelles du passage de ce feu de joie. 

 

 

Profitez de la fin de chanson pour déguster de nouvelles fois votre distillat. D’ailleurs, profitez de cette occasion pour écouter le nouveau morceau du groupe sorti ce jour !!! ici et même pour aller voir le court métrage que le groupe vient de sortir  "how did we get there ?" ici !

 

J’espère que ce petit voyage rock sur l’ile d’Islay vous a plu, je vous donne rendez-vous bientôt pour de nouvelles aventures de dégustation.

 

 

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