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BLADNOCH ALINTA

 

 

Retour dans les LOWLANDS écossais.

 

Dernièrement, j’ai eu l’occasion de vous parler d’une nouvelle venue dans la région, Lochlea (voir ici l’article) mais, je vous propose un bond dans le temps en allant désormais à la découverte d’une des plus anciennes : BLADNOCH (1817 quand même) pour goûter à son ALINTA.

 

 

Mon détecteur de tourbe m’a dit qu’il y avait de l’orge fumée à la terre fossile dans le coin, de quoi réveiller mon bon vieux BradPeat et le lancer sur les routes de la presqu’ile du West Galloway au sud de l’Ecosse. Je me dirige vers le village de Wigtown, bourgade d’à peine 1000 âmes située entre la baie du même nom et à cheval sur la Bladnoch river !

 

C’est après avoir traversé de vertes prairies du sud de l’Ecosse, et longé la poissonneuse rivière Bladnoch, que j’arrive par un magnifique pont de pierre devant la vieille distillerie regroupant plusieurs bâtiments bas en pierres grises.

 

 

Je ne me suis pas trompé car, non seulement c’est écrit assez gros sur le mur et au centre des bâtiments trône un toit pagode !

 

En revanche un élément éveille mon intérêt. Sur une des façades sont accrochés 3 drapeaux ! Ok je vois la croix de Saint Andrew (c’est normal je suis en Ecosse), l’Union Jack (normal la aussi car au grand désarroi de certains Scots je suis encore en Grande Bretagne). En revanche, le troisième drapeau est plus surprenant dans ses contrées nordiques de l’hémisphère nord : l’Union Flag australien ?!!

 

 

De quoi poser quelques questions avant de visiter la distillerie et de goûter au distillat des bouteilles carrées.

 

Par chance, à peine entré dans l’enceinte, je rencontre Casey Mackenzie, tout droit venue d’Australie. Curieux, je m’empresse de lui demander la raison de la présence de cet étendard bleu multi-étoilé.

 

Elle m’explique tout d'abord que cette vieille dame de plus de 200 ans, n’a, comme de nombreuses amies de cette époque, pas eu une vie des plus calmes ! Elle m’explique que la distillerie a connu de nombreux propriétaires depuis John et Thomas McClelland (ses créateurs) et surtout eu des périodes où le distillat ne coulait plus. Néanmoins, elle me fait remarquer qu’elle a su rester indépendante.

 

Sans aller jusqu’à vous lister les propriétaires qui se sont succédés en 200 ans, elle me donne surtout la raison de la présence du drapeau australien. Depuis 2015, celle qu’on surnomme la « reine des basses terres » appartient à David Prior… un australien qui en plus d’être le roi du yaourt bio, est un passionné de whisky écossais et a décidé d’y apporter des fonds ! Elle m’explique qu’il n’a pas simplement investis financièrement dans la distillerie, mais qu’il y a apporter sa patte et surtout à voulu lui redonner sa splendeur d’antan.

 

 

Pour se faire, elle m’explique, qu’en restant sur l’équipe de la distillerie, dès 2015 (et jusqu’en 2019), il a tout d’abord demandé à Ian Macmillan (auparavant chez Burns Stewart dist. –vous savez Ledaig et bunnah…..entre autres) de réveiller la vieille dame en rajeunissant ses installations (histoire de fêter dignement ses 200 ans d’existence).

 

Depuis 2019, il fait appel à l’expérience de Dr Nick Savage (presque autant écossais qu’australien lui aussi) débauché de chez The Macallan pour prendre le poste de maitre distillateur et ensuite dynamiser le centre d’accueil.

 

 

Il suffit de faire un tour dans les installations pour voir la grande cuve de brassage en bois, les 6 cuves de fermentation et surtout la rutilante salle de distillation avec des alambics tellement hauts qu’on dirait qu’ils touchent les nuages (enfin surtout qu’on ne voit pas leur col de cygne caché dans le plafond de la pièce) et visiter les nombreux chais qui ont commencés à se remplir à nouveau.

 

 

La remise à niveau de la distillerie s’est accompagnée d’un rajeunissement du design des flacons (avec la mise en place de bouteilles carrés reconnaissables) et de la gamme existante (10 ans, 11 ans, 17 ans et 19 ans).

 

Il s’est également accompagné de la création de nouvelles références comme le ADELA 15 ans et le SAMSARA en 2017, les TALIA 25, 26 et 27 ans en 2020 et, en 2021, le VINAYA et la gamme de Single Cask.

 

Le tout a été couronné par la sortie exceptionnelle de 200 bouteilles d’un distillat âgé de 29 ans et fini en fût de Moscatel.

 

  

Dernièrement, ce réveil passe par la création de la première référence tourbée de la maison qui nous intéresse aujourd'hui, le ALINTA.

 

Ici, le lien avec les terres australes va passer par le nom du distillat. En effet, rien ne sert d’aller chercher une signification gaélique au mot ALINTA, car il provient d’un mots aborigène australien signifiant « feu » comme un reflet au notes fumées qu’il recèle. Ah l'Australie, j'avais jadis eu l'occasion d'y vivre une sacré aventure de dégustation !!

 

Le Dr Nick Savage a été ici choisir un distillat tourbé et glissé dans des fûts de Pedro Ximenez et de bourbon.

 

Voyons ce qu’il en est !

 


Dégustation BLADNOCH ALINTA

 

Le liquide qui coule dans mon verre est d’une couleur or avec quelques reflets cuivrés qui montre que le whisky est encore jeune (3/4 ans) et n’a pas vécu longtemps dans son fût de PX.

 

Au nez, il n’y a pas a s’y tromper, sans enfoncer complètement dans le verre, l’amateur de tourbe que je suis se réjouit déjà. Des effluves de fumée s’évapore du verre. Avec un peu d’imagination on pourrait presque les voir. Pour autant elles vont s’accompagner d’une douceur biscuitée et vanillée très agréable.

 

Ce serait donc définitivement ça la patte de la tourbe des Lowlands : smoke and sweet ? Cela me rappelle une autre dégustation que j’avais pu vous partager d’une distillerie « Lowlandaise » (Aisla Bay ici). Néanmoins, si on veut en faire un comparatif je dirais que celle que j’ai ici dans le verre est plus « subtile ».

 

Quand on plonge un peu plus profondément et pour la première fois le nez dans le verre, la tourbe s’intensifie. Elle va se rafraichir pour rappeler un feu au matin et va s’imprégner d’épices assez présentes avec en fond une note de mandarine en fond qui vient apporter une pointe de sucre.

 

Au second passage, la chaleur épicée et la tourbe s’accompagne d’une note d’herbes sèches presque arrivées à son état de foin.

 

La tourbe reste présente tout le temps et, au dernier passage, elle va se positionner avec une pointe camphrée et une montée d’épices dans le haut du nez et un retour des fruits sucrés dans le bas !

 

Dans le creux de la main, on va retrouver des arômes fumés et un doux mélange de paille et de caramel.

 

 

Quand le liquide s’apprête à rentrer en bouche, il est précédé par la sensation d’un halo de fumée très agréable

 

En bouche, il est épais en entrée et apporte de suite un mélange de notes d’agrumes et d’épices. Même si quelques piques restent collées, il va ensuite s’adoucir et devenir mielleux avec un fond d’amande (en goût et en texture) et de raisin sec.

 

Il se rafraichi ensuite pour passer au feu de camps et des notes plus boisées. La sensation velours reste bien présente même quand on l’avale.

 

Une fois avalé alors que cette sensation reste bien présente, il relâche des spores d’épices dans la bouche et la fumée qui va, sur la durée assez longue d’ailleurs, passer du feu de tourbe le soir à celui du matin !

 

Le verre vide reste sur des arôme citronnés et frais avec un pointe lointaine de tourbe.

 

 

Je trouve que pour un premier « jet tourbé » on est sur une belle réussite. On se dit a quand un autre tourbé du coté de Wigtown. En tout cas ça donne envie de goûter aux autres, d’ailleurs, je vais le faire avec Casey…je vous raconterai !

 

Si vous souhaitez faire de même, soit vous aller dans le West Galloway, ou alors sur le site DUGASCLUBEXPERT.COM en France, ils les ont !!

 

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