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RHUMERIE CHAMAREL : RHUM XO 6 ANS SINGLE CASK & XO 8ANS PEATED WHISKY CASK FINISH

 

Et non ! Mon fidèle Brad Peat ne va pas qu’en Ecosse et sur les terres whiskycoles ! Il va désormais sur les terres à canne à sucre. 

 

Je vais vous raconter une aventure qui lui est arrivée dans l’Océan Indien lors d’un séjour sur l’Ile Maurice.

 

A l’occasion des dégustations du rhum (dans la nouvelle rubrique de peatdream.com), je voulais vous faire découvrir la rhumerie CHAMAREL, l’hospitalité mauricienne et déguster deux de leurs nombreuses réalisations :  RHUM – XO- SINGLE CASK 2014 - 6 ANS et RHUM - XO - PEATED WHISKY CASK FINISH - 8 ANS (peatdream quand même on ne se refait pas !).

 

Nous étions à 4 (Marie, Mymy et Francky -sobriquets utilisés pour garder l'anonymat de ces baroudeurs au long court - et votre serviteur) partis à l’aube de Tamarin sur la côte sud-ouest de l’ile. Nous avions pris la direction des montagnes luxuriantes de Chamarel pour aller découvrir ses fameuses terres colorées et sa rhumerie. J’y avais rendez-vous avec Fabrice (@alchimiste14) pour une dégustation. La route était sinueuse depuis que nous avions quitté la côte, mais elle serpentait dans un décor tropical assez agréable. 

 

Alors que nous approchions de notre destination, un bruit bizarre s’est fait entendre couvrant même le tambourinement du moteur du van. Non, pas ça ! Il avait traversé les continents, vécu les pires péripéties, voyagé à travers le temps ! Il ne pouvait pas... avoir crevé !?

 

Et bien si, personne n’étant infaillible, mon bon vieux Brad Peat venait de perdre l’usage d’une de ses chaussures de baroudeur. C’est alors qu’à mon grand désarroi, je me suis souvenu qu’ayant une confiance aveugle en mon vieil ami, je ne l’avais pas doté d’une roue de secours ! 

 

 

Nous étions ainsi bien désemparés sur trois pattes entre la forêt tropicale et les champs de canne à sucre. Mais il fallait se rendre à l’évidence, il allait falloir finir à pied (une dégustation c’est plus important que tout) et s’occuper de la réparation plus tard.

 

Nous nous croyons seul, mais dans le champ longeant la route, nous avons aperçu un homme armé d’une machette en train de couper la canne à sucre. Les mauriciens étant d’un naturel accueillant (et parlant français), nous n’avons pas hésité une seconde et sommes allés à sa rencontre. Ce n’est pas avec une machette qu’il allait nous dépanner mais au moins pourrait-il nous donner la direction.

 

L’homme se présenta, il s’appelait Anil et il se trouvait qu’il travaillait pour la rhumerie CHAMAREL. Il était en train de couper la canne qui allait servir à la fabrication du rhum. Nous avons pu ainsi découvrir à notre grand étonnement que chez Chamarel, celle-ci était entièrement coupée à la main (par lui et seulement 6 de ses collègues !).

 

Nous lui avons fait part de nos péripéties. Il nous a dit qu’il avait remarqué depuis longtemps le bruit de mon van venant de la côte, mais surtout nous a confirmé qu’il n’allait clairement pas pouvoir nous aider avec sa machette. En revanche, il nous a dit que nous étions presque sauvés car, en coupant à travers champs, la rhumerie n’était plus très loin à l’est. 

 

 

Nous avons ainsi laissé mon pauvre Brad Peat sur le bord de la route, avons couvert nos bras (sur les conseils d’Anil car la canne à sucre fait de bons rhums mais elle a tendance à couper aussi) et sommes partis plein est (nous étions aidés en cela par la montre boussole de Francky le baroudeur et mon couteau suisse).     

 

 

En chemin, nous avons pu admirer de loin la plaine des 7 couleurs et ses tortues géantes et la cascade de Chamarel qui plongeait du haut de ses 100 mètres. 

 

 

Après un peu plus d’1 heure à couper à travers champs « de canne », sur une pente parfois ardue (la distillerie se situe à 300 m d’altitude), nous sommes effectivement arrivés en vue de la cheminée de la rhumerie qui se dressait tel un obélisque mauricien !

 

 

La péripétie nous avait donné soif mais surtout faim (même si mâcher de la canne donne quelques forces elle ne remplit pas l'estomac kho-lanta c est fake 😁).  Heureusement pour nous, je me suis souvenu que lors de ma première rencontre avec Fabrice, il m’avait dit qu’en bonne rhumerie, la distillerie abritait également un restaurant : L’ALCHIMISTE !

 

Quand nous sommes arrivés à la distillerie sous un ciel bleu et le soleil de midi, nous avons été accueillis par Fabrice que je venais de contacter. Comme toujours, il avait le sourire et fût complétement désolé de notre mésaventure. Il m’assura que tout serait mis en œuvre pour ressemeler mon brave compagnon de dégustation.

 

 

J’évoquais plus haut, l’hospitalité mauricienne, mais nous avons ici eu une magnifique démonstration. Il nous a conduit au restaurant de la rhumerie pour pouvoir reprendre des forces. Franchement, si vous allez à Maurice, je ne saurai que vous le conseiller. 

 

Attention petit placement produit 😁

 

L’alchimiste : un cadre idyllique au milieu des fleurs et des oiseaux, du personnel souriant et efficace, des rhums des plus jeunes aux plus vieux à profusion, des spécialités maison (foie gras au café et au rhum double distillé, langouste, baba gorgé d’XO…) le tout arrosé de ti-punch !

 

Bref un sacré bon moment qui a eu tendance à nous remettre d’aplomb.

 

 

C’est alors que Fabrice est venu à nous pour…..le digestif. Enfin, la visite de la distillerie construite en 2008 (après avoir été rachetée par la famille Couacaud en 1996 pour produire du sucre), mais je préfère l’idée du digestif (vous allez comprendre).

 

Avec lui, nous avons suivi le cheminement de la canne (puisqu’ici on parle rhum agricole et non rhum de mélasse).  Nous avons commencé par le gros broyeur qui ne laisse aucune chance au pied de canne et le déchire avant d'être pressée plusieurs fois dans le cheminement de cylindres.

 

Dans ces dernières elle est écrasée, pressée, séchée pour qu’aucune goutte de sucre ne reste sur la bagasse. Il nous explique ensuite que la pauvre bagasse n’en a pas fini de souffrir car elle termine son parcours dans le foyer de la cheminée de la chaudière des alambics. Ici, la canne rentre mais elle ne sort jamais (on appelle ça de l’autosuffisance non ?).

 

 

Notre parcours s’est poursuivi par les cuves de fermentation, où le sucre va se transformer en alcool de quelques degrés en quelques jours avant de finir sa course dans la vapeur des alambics.

 

Je dis bien « DES » car c’est ce qui fait une des spécificités de la distillerie. Comme elle veut tirer le mieux de son jus de cannes, elle dispose de 3 alambics : 2 pour la distillation de repasse et un troisième en continue dans la une colonne (Colonne de type Bardet).

 

Deux types de distillations, deux types de rhums. Notre hôte nous explique que l’objectif de l’alambic à repasse est de produire des rhums fins (seulement 30 % du distillat étant d’ailleurs conservé) destinés à vieillir, alors que celui de la distillation continue est plus là pour produire des rhum blancs aromatiques.

 

 

En continuant, Fabrice nous explique que les distillats primaires sont ensuite conservés dans des cuves inox pendant 6 mois afin d’arrondir les saveurs.

 

Il nous amène ensuite pour découvrir le premier stock de cuves, de fûts et de foudres sous une température contrôlée pour éviter que les anges tropicaux ne se servent trop. Malgré cela, il nous explique que les dits anges prennent une dime de 5 à 8 % par an (quand on dit qu’ils sont gourmands sous les tropiques…)!

 

 

C’est alors qu’il nous propose une première pause digestive ! Que d’efforts.

 

C’est l’occasion de nous faire goûter une première salve de rhums. Le premier était blanc et issue de la double distillation (Premium Rum double distilled) afin et montre le profil aromatique de ce processus. Les autres rhums, étaient tous issues de l’alambic à colonne dans des versions soit vieillies 18 mois en fûts (Gold), soit aromatisés à la vanille ou aux épices. Ca a été également l’occasion de découvrir les liqueurs de rhum de la maison.

 

Quelle entrée en matière sous le nez expert d’un Jehko vert fluo ! 

 

 

Mais Fabrice ne nous avait pas tout montré, et à peine le temps de nous remettre de cette première dégustation, il nous a mené dans les espaces cachés de la distillerie. Nous avons traversé un jardin luxuriant, pu nous rouler dans la bagasse (si si !) et avons enfin atteint le second chai de vieillissement.

 

 

Là, devant des centaines de fûts de chêne neuf, français et américains, mais aussi des fûts de chêne ayant contenus différents types d’alcool (cognac, sherry PX et Oloroso, Moscatel, Sauternes… et même whisky tourbé ou non) ou encore de foudres, il nous avait dressé une table de roi. 

 

 

Face à nous, nous pouvions découvrir les versions vieillies des rhums essentiellement issus de la double distillation (mais également parfois de la distillation en colonne). 3 ans, 4 ans, 6 ans (que nous allons goûter aujourd’hui), 8 ans et même un vénérable 10 ans dans sa carafe de Crystal (très difficile à trouver sous nos latitudes européennes). Bref, un vaste choix et tout un programme en prévision, dans lequel il a fallu que je choisisse pour la dégustation du jour.

 

 

D’ailleurs assez de palabres, parlons un peu dégustation.

 

Celle que je vous propose aujourd’hui a pour but de montrer l’impact d’un vieillissement « long » (compte tenu du niveau de part des anges tropicale) de 6 ans (XO) et surtout de l’expérience d’un finish en fut de whisky. 

 

 


CHAMAREL - RHUM - XO – SINGLE CASK 2014 - 6 ANS

 

Commençons par notre 6 ans.

 

Ce rhum est le résultat d’un assemblage de distillats de colonne à 60% et à 40% de rhums de double distillation.

 

Il a vieilli pendant 6 ans dans des fûts de chêne français dont 30% de fûts neufs, 60% de fûts de second remplissage (ayant contenu du Cognac et du vin) et 10% de foudre de stockage.

 

Bien entendu, comme tout bon rhum vieilli, il se pare d’une couleur ambrée presque terracotta.

 

Au nez, à l’approche on pourrait nous laisser croire à une odeur de pruneau comme face à un armagnac, mais il n’y a pas à se tromper, on est bien en face d’un rhum.

 

Quand on enfonce le nez plus en profondeur, la chaleur des iles nous envahit avec des notes vanillées et d’épices dont le piquant croit un fil de la senteur.

 

Les épices s’accompagnent ensuite de notes boisées de santal avec néanmoins le retour d’une certaine fraicheur.

 

On retournera ensuite sur des notes vanillées et caramélisée et des notes de fruits secs.

 

 

En bouche, il est bien entendu sucré et vous apporte la chaleur de Maurice. Néanmoins, il va rapidement lâcher tout d’abord une horde d’épices avant de laisser place à des notes boisées (très légèrement rancio) rappelant le fût de vin où il a en partie séjourné.

 

Mais rapidement des notes vanillées viennent couvrir le palais alors que des notes caramel viennent, elles, se loger sur la langue, accompagnées de banderilles d’épices.

 

A la descente, alors que les épices trainent en bouche, on va découvrir des notes fruitées de figues et de la vanille (de l’Ile Maurice bien entendu).

 

Le verre vide est un mélange de fruits exotiques (mangues et ananas) et de notes boisées de santal.

 


RHUM - XO - PEATED WHISKY CASK FINISH - 8 ANS

 

Ce second rhum est fait pour les amateurs de rhum et de whisky (comme votre serviteur), car il est issu du même distillat que le précédent, mais avec un voyage supplémentaire de 2 ans en fût de whisky tourbé (Laphroaig).

 

Alors ce finish, va-t-il transformer notre rhum en rhum tourbé ou juste lui donner quelques notes de tourbe et de fumée ?

 

On pourrait dire que tous les rhums se ressemblent en termes de couleur, mais en mettant les deux bouteilles côte à côte, on se rend compte que ce n’est pas vrai.

 

Cette seconde version, bien que plus vieille va être paradoxalement un peu plus claire que la précédente. On sera plus sur une couleur cuivrée à reflets oranges.

 

Au nez, on retrouver les marqueurs du XO 6 ans, avec un peu moins de fruits et plus de vanille, mais accompagnés cette fois ci notes chocolatées qui vont couvrir un peu plus les épices. On ne détectera ici pas d’impact du fût de whisky tourbé hormis sur une pointe d'odeur de graines de cacao torréfiées.

 

En y retournant on va lui trouver une odeur de mandarine.

 

Une chose que j’adore faire avec le whisky, se vérifie ici avec « l’épreuve du creux de la main » ! Quelques gouttes et vous frottez. Vous découvrirez des notes indéniables de tourbe et de pneu qui prouvent que la tourbe est là, elle reste même quand le liquide a quitté le contenant. J’adore.

 

 

En bouche en revanche c’est une toute autre histoire, car il va venir « chambouler » les habitudes des amateurs de rhum.

 

Il entre en douceur en bouche, avant de lâcher des notes presque médicinales et une pointe de feu de camp. Ensuite, des épices, plus importantes que le précédent, piquent la langue. Il a des notes de vanille plus marquées (plus vieux) et des notes d’agrumes. L’impression de tourbe est différente que sur un whisky car elle a des allures de caramel passé au feu. Très intéressant et surprenant !

 

Et quand on l’avale, on va ressentir clairement les effluves de fumées et de bois brulé.

 

 

Le verre vide aura des notes plus boisées que le précédent et une pointe de fumée froide.   

 

Après une telle dégustation on ne peut que garder un bon souvenir de la rhumerie de Chamarel et de tous les distillats qu’elle propose.

 


 

Pour en finir avec notre aventure, nous avons à regret pris congé de notre hôte Fabrice (@alchimiste14) et nous nous apprêtions à quitter cet endroit idyllique quand nous nous sommes remémoré notre mésaventure matinale. C’est bien beau tout cela mais il manquait toujours un pneu à mon van.

 

 

 

Accompagnés de Fabrice, nous nous sommes dirigés vers le grand porche du domaine et à notre grande stupéfaction, nous avons trouvé BRAD PEAT sur le parking, chaussé de gommes neuves !

 

C’était à n’y rien comprendre, comment avait-il fait pour venir jusqu’ici ?? Les mauriciens, en plus de faire du bon rhum, n’étaient-ils pas également des magiciens ???

 

Une chose est certaine, c’est que cette première dégustation de rhum sur cette page a clairement donné envie d’en découvrir d’autres…

 

Dans nos latitudes, si vous souhaitez découvrir les rhums de Chamarel, n’hésitez pas à aller faire un tour sur le site de DUGAS CLUB EXPERT, vous en trouverez un bon échantillon (les bouteilles seront peut-être un peu différentes mais leurs contenus seront bien les mêmes !!).

 

Et puis si vous allez à Maurice, n'hésitez pas aller voir Fabrice et ses collègues de ma part et d'aller manger à l'Achimiste ! toutes les info sont sur The Rhumerie de Chamarel

 

 

Vous pouvez également retrouver l’intégralité des photos de la distillerie ici !

 

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