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KINGSBARNS - DOOCOT & BALCOMIE - WEMYSS MALTS - NECTARE GROVE & PEAT CHIMNEY

 

Me voici de retour en terres écossaises dans les Lowlands « l’autre pays du whisky » à la découverte d’une "jeune" distillerie promise à un bel avenir : la distillerie KINGSBARNS.

 

 

Ce sera l'occasion également pour découvrir, leur production au travers du nouveau DOOCOT et BALCOMIE. Mais comme je vous aime bien je vous ferai également découvrir deux petites pépites issues de la collection familiale WEMYSS : le NECTAR GROVE et le PEAT CHIMNEY BATCH STRENGTH n°002 (Hey ! Peatdream quand même !! ).

 

 

C’est à l’aube que je quitte le château d’Édimbourg en direction du nord des Lowlands. Une fois traversé le Queensferry crossing et rendu sur la rive gauche du Firth of Forth, direction plein est en vers le paradis des golfeurs : St Andrews.

 

Avant de découvrir la distillerie, un peu de tourisme.

 

Sur la route, Lee (mon conseillé whiskies des Lowlands), m’a dit de faire une pause à mi-chemin ! Dans le village de WEMYSS (de là à imaginer que la famille qui détient la distillerie dont nous allons parler aujourd’hui est installer là depuis longtemps ?).

  

Il m’a dit de commencer par aller faire un tour au Wemyss Castle où la famille Wemyss est installée depuis l'époque de la bataille de Culloden (milieu du 18ème siècle). D’ailleurs dans le coin tout s’appelle Wemyss (le village, le château, les grottes et même la plage) !

 

 

C’est dans ce château que je découvre les origines de la relation entre la famille Wemyss et le whisky. J’apprends qu’au 19ème siècle, un des ancêtres de la fratrie actuelle, le Capitaine Wemyss, a loué des terres à un certain James Haig fondateur de la distillerie de grain Cameronbridge située à à peine quelques miles au nord.

 

C’est ici également, bien des siècles plus tard en 2005, qu’a germée l’idée dans les têtes de William et Isabella Wemyss (frère et sœur) de devenir embouteilleurs indépendants sous le nom de WEMYSS MALT (mais nous allons y revenir lors de la dégustation du NECTAR GROVE et du PEAT CHIMNEY).

 

 

Le château étant sur le bord du Firth of Forth, j’ai ensuite poursuivi ma route à pied par un chemin côtier et à 2 miles plus au nord me suis retrouvé sur les contreforts du Macduff’s castle (enfin ce qu’il en reste). J’ai pu découvrir qu’une partie de l’histoire de la région était liée à celle de la famille que j’allais découvrir.

 

Aller un peu d’histoire, vous savez bien que je ne peux pas m’en empêcher.

 

En fait, c’est réellement ici, dans ce château, à l’époque bien entendu pas en ruine, qu’a commencé l’histoire de la famille Wemyss. Le Macduff’s castle a, en effet, été construit au 14ème siècle par leurs ancêtres et, bien qu’ayant eu plusieurs propriétaires, est revenu depuis sous je jouc des Wemyss. 

 

 

Ce château recèle, à ses pieds, de nombreuses grottes datant de l’époque picte avec certainement les bas-reliefs les plus anciens du pays. Comme ces grottes étaient déjà là à l’époques de la construction du château, on peut imaginer qu’elles sont à l’origine du nom Wemyss qui vient du gaélique écossais « uaimh », qui signifie "grotte". Simple non ?

 

Le plus étonnant quand on visite les grottes, c’est qu’on se rend compte que le lien entre la famille et les pigeonniers n’est pas d’hier non plus (ils ne pouvaient pas faire leur distillerie ailleurs que dans le lieu où elle se trouve-mais nous y reviendrons-). En effet, une des grottes ne s’appelle ni plus ni moins que la « Doo Cave » (et pas la Bat cave) et avait servi de pigeonnier au moyen âge.  

 

 

Voilà, trêve de bavardages, continuons notre route vers l’est du royaume de Fife.

 

Après un peu moins d’une heure de route et être passé à des endroits où il y a plus de chose sous terre qu’au-dessus (the secret bunker of Scothland –NDLR-), j’arrive enfin à proximité de la côte est des Lowlands dans le village bien nommé de Kingsbarns. Comme on peut s’en douter c’est à proximité de celui-ci et au milieu des champs, que je suis tombé sur la distillerie.   

 

 

 

Et quelle distillerie à nulle autre égale. Avec sa tour crénelée, elle ressemble plus à un petit château fort qu’à une distillerie de whisky. Néanmoins, quand on en fait le tour, on découvre une partit beaucoup plus moderne et conventionnelle avec son accueil et en grande lettres son nom : KINGSBARNS. Joli mélange d’histoire et de modernité.

 

 

C’est devant le puit du parc que je fais la connaissance du souriant Peter Holroyd (manager de la distillerie). Il m’explique que le lieu date du debut du 19ème siècle et a été construit par un certain Thomas Erskine, neuvième comte de de Kellie.

 

Sans plus attendre, il m’explique également que s’il m'a donné rendez-vous devant le puit, c’est simplement pour expliquer qu’il donne directement accès au Cambo Burn (la nappe phréatique située 100 m sous nos pied)  qui fournit l’eau de la production et des besoins annexes de la distillerie. 

 

 

En entrant dans la distillerie, Peter en profite pour me faire comprendre que la famille Wemyss est très attachée à la protection de son environnement et optimise le circuit court. C'est d'ailleurs pour cela que la distillerie s’approvisionne en orge dans les fermes alentour afin de limiter les transport (et de profiter du grenier à orge qu’est la région du Fife).

 

Quand nous entrons dans le bâtiment, l’ambiance est tamisée sur un mélange de moderne et de gothique.

 

Dans des niches ogives, on peut voir une fois encore le chemin parcouru par la famille Wemyss pour arriver à produire leur propre single malt. En effet, à coté des bouteilles de DREAM TO DRAM, DOOCOT et autres BALCOMIE (dont je parlerai plus avant), on peut voir de nombreuses bouteilles floquées de la marque WEMYSS MALTS et du Macduff’s castle (nous y voilà) et ainsi découvrir l’art premier de la famille : l’assemblage.

 

Parmi celles-ci on appréciera THE HIVE (ou la douceur du Speyside), SPICE KING (et ses épices légèrement fumés), PEAT CHIMNEY (et sa tourbe maritime), VELVET FIG (et ses notes fruitées), mais également les récents BOHEMIAN BLOSSOM (avec ses notes florales) et enfin NECTAR GROVE que nous allons découvrir et goûter ici. En s’approchant des bouteilles on peut découvrir le château de WEMYSS (je comprends mieux maintenant pourquoi Lee m’avait conseillé d’y faire une pause !). On voit aussi des version Batch Strength de certaines des références (dont le PEAT CHIMNEY batch strength que nous allons goûter). 

 

On peut également découvrir tout une gamme de single CASK (de divers distilleries et âgés de 13, 14, 15 et même 25 ans), de LORD ELCHO ou la FAMILY COLLECTION. D'ailleurs la liste est tellement longue que si vous souhaitez la découvrir autant aller faire un tour dans la boutique internet (ici)

 

Autant dire que si on parle whisky ici, ce n’est pas parce que l’on vient de le découvrir !

 

 

Notre chemin nous mène ensuite directement dans ce qui semble être le lien entre la famille Wemyss et sa distillerie. Nous sommes en effet dans une étrange pièce haute, couverte de 600 boulins à pigeons.

 

 

En son centre trône le premier fût rempli en 2015 (année de lancement de la production). Peter m’explique qu’en réalité nous nous trouvons dans la fameuse tour crénelée que nous avions aperçu en arrivant. Non cette tour n’était nullement un outil défensif pour bouter l’anglais hors du Royaume de Fife mais simplement un pigeonnier destiné à approvisionner les occupants des lieux en volatiles !  

 

 

 

A l’arrière du pigeonnier, Peter m’accompagne vers sa partie préférée de la distillerie (la salle de distillation). Je me rends ici compte que la distillerie KINGSBARNS joue dans la simplicité avec, ses 4 cuves de fermentation et ses deux alambics et surtout que la place dans le bâtiment de taule est comptée.

 

Peter m’explique que de ce manque de place, la distillerie a su faire une force. En effet, les alambics de la maison (7500 l pour le wash still et 4500 l pour le spirit still) qui se font face, ont été fait pour les lieux. Petits (car la pièce est basse) et muni d’un long col de cygne pour optimiser le contact du distillat avec le cuivre.

 

C’est d’ailleurs de ce contact avec le cuivre, mais également à une fermentation particulièrement longue et un point de coupe élevé que la distillerie tire ses arôme fruités et floraux.

 

 

Il m’explique que pour l’instant la capacité de production est de 200 000 litres par an et que ce sont 34 fûts de distillats qui sont remplis chaque semaine.

 

 

Peter m'explique que compte tenu de la taille de la distillerie, les nombreux fûts qui contiennent les distillats sont conservés à Fife non loin de la distillerie.

 

Aussi c'est vers le centre visiteur que nous nous en retournons et c'est se dirigeant vers un gros sherry butts posé dans un coin et sur lequel 4 bouteilles étaient posées que Peter me dit qu'il était temps de découvrir certaines de productions de la maison.

 


Dégustation KINGSBARNS DOOCOT

 

Peter commence par me présenter la nouveauté de la maison : Le DOOCOT.

 

Il me dit qu'il est dans la même ligne que la référence DREAM TO DRAM (élu meilleur single malt écossais des Lowlands aux World Whiskies Awards 2022 et 2020 -Ndlr-) qui a fait la renommée de la maison depuis sa création, mais bénéficie d'une maturation plus longue que ce dernier. 

 

Il est issue d'un vieillissement dans une combinaison d’ex-fûts de Bourbon et d’ex-barriques de vin rouge portugais STR , soit rajeunies, toastées et brûlées (shaved, toasted and recharred) et se pare d'une couleur or un peu plus marquée que son grand frère.

 

Peter m'explique qu'au travers de ce nouveau distillat, la famille WEMYSS a souhaité rendre hommage au fameux colombier qui fait la singularité de la maison (et suit la famille depuis plusieurs centaines d'années comme nous avons pu le voir dans notre épopée dans les Lowlands). Cet hommage est par ailleurs déjà rendu par la forme unique des bouteilles de la marque.

 

 

 

Comme il se doit pour toute dégustation, levant son verre, Peter lance un Slainte.  

 

Alors ce whisky a-t-il le caractère floral et fruité qui fait la patte de Kingsbarns ?  

 

Quand le nez s'approche il découvre bien ces fameux arômes sucrés et floraux. Néanmoins il y découvre également déjà quelques effluves épicées et douces.

 

Quand le nez replonge une seconde fois dans le verre il va continuer à se lover dans de la douceur. Le second passage reste en effet amène avec toujours de notes de sucre de canne mais également de cake à la banane cuits au feu de bois.

 

Le troisième passage relève des notes de fruits tropicaux.

 

Nous somme bien sur un whisky fruité.

 

 

 

 

En bouche, il est chaud, et la aussi moelleux et très sucré.

 

Assez rapidement des notes épicées poivrées viennent remplir la bouche et planter quelques piques.

 

Ensuite, il va s'adoucir et devenir à nouveau moelleux avec des notes d'ananas et de fruits rouges.

 

 Quand il descend dans la gorge, il va révéler des notes plus boisées et fraîches. Sur la longueur, on lui trouvera des notes vineuses et un délicieux arrière goût de réglisse.

 


Dégustation KINGSBARNS BALCOMIE

 

Pour cette seconde dégustation, Peter me présente une bouteille de KINGSBARNS BALCOMIE contenant un distillat vieilli dans le fut que nous avons devant nous, un sherry Butts ex-Oloroso en chène américain tout droit venu de Jerez. 

 

Il m'explique que ce type de fûts a été choisi par Isabella Wemyss afin de compléter le caractère fruité de l'esprit Kingsbarns par pour des saveurs de chêne et de douceur de sherry. Pour ce qui est de son nom il rend hommage à une partie d'une région du Fife situé juste à coté de la distillerie à Crail.

 

 

Ce distillat qui se pare d'une couleur cuivrée plus marquée que celle du DOOCOT, dévoile un coté plus sucré et onctueux que ce dernier.

 

Le premier passage du nez dans le verre découvre un ambiance plutôt chaude et moelleuse avec des effluves sucrés de cake au raisins secs et un fonds boisé.

 

Le second passage montre lui une montée en puissance d’épices, mélange de légère cannelle et de de poivre. On peut lui trouver des notes vineuses.

 

 

Le troisième passage est lui positionné, sur un fond d’épices bien marqués, sur une remontée de fraicheur marine.

 

 

Avant d’entrer en bouche, il est précédé d’effluves maritimes (on est quand même sur la côte est de l'Ecosse).

 

En bouche, ce sont de suite de larges notes sucrées de gâteau à l’ananas rôti.

 

Il révèle ensuite des notes épicées et une pointe de notes ranciotées qui assèchent la bouche. Enfin le coté mielleux et moelleux reprend les rênes et diffuse les notes emmagasinées par le fut de sherry oloroso.

 

 

A la descente, il lâche ses derniers épices mais laisse le souvenir du velouté d’une noisette et un long ressenti de fraicheur réglissée.

 


Dégustation WEMYSS MALT NECTAR GROVE

Peter prend ensuite la bouteille a l'étiquette orange sur laquelle est noté NECTAR GROVE.

 

Il souhaite me présenter une partie de l'étendu de la gamme des Blended malt de la la maison WEMYSS (que j'ai eu l'occasion de vous présenter plus haut -NDLR-). 

 

Celui qu'il a en main est une des versions limités de la gamme (lot limité à 3000 bouteilles) et est composé de divers single malt (comme son nom l'indique) fruités vieillis en ex fûts de madère pour leur donner plus de soleil. 

 

 

 

Quand le nez découvre ce blended malt,  il va détecter des notes fruitées, vanillées et sucrées effectivement gorgées des soleil. Cependant les notes d'orange que pourrait nous soumettre la couleur de l'étiquettes sont ici très timides, on sera vraiment sur des fruits mûres.

 

Malgré ses 46 % d'alcool, l'odeur est ici adoucie par les notes fruitées et sucrées . On pourra néanmoins noter des retour d'épices sur la fin. 

 

Sagesse et douceur.

 

 

En bouche, on va retrouver les notes bien sucrées du nez suivies d'une rehausse d'épices et ce coup-ci d'agrumes (presque citronnées fleurant avec le gingembre). 

 

Elles viennent surprendre l'attente du nez et donnent du peps au distillat !

 

La fin de bouche se positionne sur des notes ranciotées qui ramènent au fût de Madère.

 

La finale est agréable et sur des notes sucrées.

 

 


Dégustation WEMYSS MALT PEAT CHIMNEY Batch Strength No.002

 

Comme Peter c'est recevoir ses invités, c'est par la dégustation d'un autre blended malt en version "bodybuildée" (57 % d'alc) cette fois ci et surtout en version tourbée.

 

Changement complet de registre pour cette dernière dégustation et c’est pour cela que Peter l’a gardé pour la fin, car quand il sert le liquide jaune or dans le verre, c’est toute la pièce qui s’enfume. Il me présente le petit tourbé de la gamme blended malt de Wemyss, le Peat Chimney (avec un nom pareil !!) composé de différents single malts tourbé et présenté ici dans sa version « sans chichi » en batch strength.

  

 

Sans même glisser le nez dans le verre, des effluves de tourbes marines s’évaporent.

 

Mais il faut quand même plongé le nez dans le verre et quand arrive ce moment, l’odeur de tourbe marine croît à l’approche.

 

Le premier nez est clairement celui d’un feu de tourbe allumé dans de vieux cordages par des marins ayant juste accosté dans la Johnnie Bay au nord de la distillerie. Un tourbe marine comme on l’aime.

 

Ensuite, le second passage dans le verre nous recule de la côte avec un mélange de fruité tourbé, d’agrume assez original et d’épicé qui vient gratter une narine.

 

 

Le troisième passage se rafraichi mais conserve des notes tourbées bien marquées.

 

Dans le creux de la main, on retrouve tout ce qu’un amateur de tourbe aime : fumée, moelleux, sueur, pneu..

 

 

En bouche, il est très doux et sucré en entrée, mais très rapidement, il se dévoile avec une belle puissance.

 

Ses 57 % d’alcool, révèlent chaleur, épices marquées, fumée de tourbe, tension de note salées… ensuite le feu se calme et il s’arrondi pour aller sur des notes plus sucrées. Ces dernières ne durent pas et laissent la place à des notes salines et un retour de l’esprit tourbe.

 

A la descente on trouve un sursaut citronné avant de laisser trainer la fumée de tourbe qui s’estompe doucement.  

 

 

Un goute d’eau va venir adoucir cette puissance et laisser ressortir les effluves de fumée et d’agrumes sucrées.

 


C'est sur ces notes de fumée adorées que je vais terminer ce périple dans les Lowlands pour cette fois-ci). Néanmoins, avant de revenir à ses pigeons et autres alambics, Peter se veut rassurant et me dit que ce n'est certainement pas la dernière fois qu'on entend parler de la famille Wemyss, de ses blendes malt et de Kingsbarns.  

 

Il me dit également que le warehouse regorge de petites pépites et de fûts non encore découverts. Quelque chose me dit que je reviendrai dans les basses terres écossaises écossaises !

 

 

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