Et le whisky indien, vous connaissez ? Une bonne manière de le découvrir est d'aller faire un tour chez AMRUT (la distillerie la plus connue sur nos terres) et de découvrir 4 de leur références :
- AMRUT INDIAN SINGLE MALT,
- INTERMEDIATE SHERRY, SINGLE CASK
- PORT PIPE MILLÉSIME 2014
- SINGLE CASK PEATED PORT PIPE MILLÉSIME 2015.
Mais avant de vous emmener faire un tour à bord de mon fidèle BRADPEAT dans le « sous-continent » indien à la découverte de quatre productions de la Distillerie AMRUT, il faut que je fasse un point avec vous et que je remette les idées de chacun au clair.
Vous allez me dire du whisky indien ? Et pourquoi pas du rhum écossais tant qu’on y est ?
Et bien l’un comme l’autre existe ! Si et je reviendrai un jour vous parler du Rhum écossais !
Concernant l’Inde (peuplée on le rappellera quand même de 1,4 milliard d’habitants), on se trouve face à un pays qui en 2019, sur la base sur les 25 premières marques de « whisky » au monde (selon le magazine FORBES), a quand même vendu 1,1 milliard de bouteilles (en cumul pour 13 marques sur les 25 plus vendues à travers le monde). Autant dire qu’avec des marques quasiment inconnues chez nous on boit du « whisky » la-bas !
Savez-vous par exemple que les marques les plus vendues au monde s’appellent MCDOWELL’S (de la société United Spirits) et OFFICER’S CHOICE (de la société Allied Blenders & Distillers) avec respectivement 276 et 275 millions de bouteilles ? Si j’osais un comparatif, les premières marques connues de la liste, j’ai nommé le marcheur JOHNNIE WALKER (5ème de la liste) et le cowboy JACK DANIELS (6ème), ne vendent « que » 165 millions de bouteilles pour le premier et 120 millions pour le second. Pour information quand même on parle ici de bouteilles sans références au prix de vente. Un MCDOWELL’S se trouve autour de 15 € et l’OFFICIER’S CHOICE à 5 € !!.
Alors bien entendu, je ne vous dirais pas que ces « whiskies » indiens (dont la composition est parfois un peu surprenante car à côté de l’orge on peut trouver … de la mélasse) sont les meilleurs (je ne m’engage pas là-dedans et de toute façon je ne les ai pas goutés). Néanmoins, il me semblait intéressant d’en parler avant de me lancer dans la production presque parcellaires (en regard) de AMRUT (qui lui est bon je vais y revenir).
Mon fidèle BRAD PEAT qui m’accompagne souvent dans mes aventures, sait à quoi s’en tenir. Il est prêt à en découdre. D’ailleurs pour l’occasion je l’ai paré d’un nouveau klaxon complètement indispensable dans ce magnifique pays (mes lecteurs qui y sont déjà allé, sauront de quoi je parle).
Quid d’AMRUT (« Elixir de vie » en Hindi) ?
Les plus anciens lecteurs se souviendrons peut-être d’une précédente dégustation au City Palace d’Udaipur que j’ai déjà pu proposer (voir ici la dégustation du renommé AMRUT FUSION). Estimé comme un des 3 meilleurs whiskies du monde en 2010 par M. JIM MURRAY.
Il me semble nécessaire de vous faire une petite présentation.
BRAD PEAT prend donc la direction de la province du KARNATAKA et la ville de Bangalore (Bengaluru en Hindi dans le texte). Enfin, pas complètement dans la mégapole qui compte plus d’ingénieurs qu’à la Silicone Valley mais dans un village à quelques kilomètres au sud : Kambipura (petit village de 8000 habitants).
C’est ici en bordure de la Mysore Road que se trouve la distillerie crée en 1948 (un an à peine après la partition des Indes) par Shri J.N. Radhakrishna. On ne peut pas la louper car de la route on peut voir le bel alambic trônant dans le parc.
Aller un peu d’histoire !
Jadis, la distillerie n’avait pas la notoriété qu’est la sienne de nos jours, mais on peut quand même dire qu’elle a de l’expérience. D’ailleurs, comme de nombreuses distilleries Indienne, sous la direction de son créateur puis de son fils, Shri Neelakanta Rao Jagdal (depuis 1976 et actuel PDG), elle a longtemps produit du blend à destination de la défense indienne (avec comme souvent dans ce pays du whisky d’importation mélangé avec de la mélasse). Elle également produit du Brandy et même du rhum.
Il a fallu attendre les années 80 pour le dirigeant se lance dans la distillation et installe des alambics à Bengalore. Il était alors approvisionné par de l’orge locale. Cependant à l’époque, les single malt n’avaient pas la presse qu’ils ont actuellement (d’autant plus en Inde ou la société destinait sa production) et la production continuait à approvisionner les blends de la maison. Le principal produit alors s’appelait MaQintosh Premium (il existe encore).
Les générations se sont suivies et en 2004, après de études en Ecosses, M. Rakshith Jagdale, le petit fils du créateur, est venu amener son savoir. Déjà on commence alors à cultiver de l’orge dans le nord de l’Inde dans les régions fertiles du Penjab, d’Haryana et du Rajasthan et le malt ensuite à Jaipur ou à Delhi. L’orge maltée tourbée reste d’origine écossaise.
Désormais la distillerie dispose de deux paires d’alambics Pot Still fait sur mesure et sur place et elle dispose même de sa propre tonnellerie.
La décision également a été prise de se lancer à l’export Il est alors décidé de se lancer avec un single malt cette fois-ci. Il est même décidé de créée la notion d’INDIAN SINGLE MALT.
La société s’est alors trouvé face à deux soucis de taille. La production à base d’orge et la durée de vieillissement. En Inde, comme on vient de le voir on appelle whisky un distillat de pas mal de chose (et pas que des céréales).
De plus comme tout le monde le sait pour avoir un whisky il faut 3 ans et celui qu’utilisait la société pour sa production locale avait 2 ans seulement (minimum de vieillissement pour l’appellation en Inde.
Le problème venait notamment du chai de vieillissement de la distillerie situé en altitude (1000 mètre environ) mais surtout en pleine zone tropicale. Autant dire, un vrai plus pour l’échange bois distillats mais également un vrai bonheur pour les anges (on parle de 12 % par an). C’est d’ailleurs pour cela que la plupart des distillats AMRUT ne dépassent pas 5 ans car compte tenu de la perte la production serait digne d’une production de rhum.
Cependant, il est considéré que le vieillissement en zone tropicale est plus rapide qu’un vieillissement en zone tempérée et qu’un AMRUT de 5 ans peut être assimilé à un Ecossais de 10 ans.
La société a malgré proposé un Greedy Angel de 10 ans mais il a été directement rangé sur les étagères des raretés collectors.
D’ailleurs ne pensez-vous pas qu’il est l’heure de gouter à ses réalisations.
Mais la distillerie a réussi à s’adapter aux normes mondiale du whisky. Et pour notre grand plaisir propose de belles choses.
Note de dégustation AMRUT INDIAN SINGLE MALT WHISKY
Commençons par le commencement et par la signature d’AMRUT en Europe depuis 2004.
Il s’agit d’un single malt 100 % maison. Produit avec l’orge du nord dans le Punjab, mouillé avec l’eau de Bengalore et distillé dans les 4 alambics. Il est vieilli dans des d’ex futs de bourbon et est proposé réduit à 46 %.
Nous allons voir que la couleur des différents distillats est assez marquée pour des vieillissements aussi courts. D’ailleurs, celui que nous avons sous les yeux, se pare d’une couleur jaune or plus marquée que ce qu’on l’habitude de voir avec une courte période en fût de bourbon. C’est bien que sous un climat tropical il doit se passer des choses.
Le premier nez de ce whisky est chaud et très fruité. Il nous amène vers un verger de fruits gorgés de soleil, prêt à éclater. En même temps, il nous livre une grande sucrositée proche du sucre candy avec une pointe d’épice qui se montre comme surgissant du fonds du verre.
Au second passage, il devient plus moelleux et part vers un mélange d’orge et de caramel, avec toujours en arrière-plan des épices comme bridés par tout ce sucre.
Au troisième passage, les épices restés sages prennent le devant avec une odeur de clou de girofle apportant une certaine fraicheur.
En bouche, il est beaucoup plus frais qu’à l’annonce. On va lui détecter un gout de poire piquée de clous de girofles qui viennent lui donner une coté légèrement boisé qui montrerait peut-être son jeune âge. Par la suite, alors que les épices restent sur la langue, il devient moelleux et pâtissier et part sur le velours puis le miel.
Quand on l’avale, il a un sursaut de notes épicées poivrées et paradoxalement à nouveau chaudes. Il laisse dans la bouche des notes de malt torréfié.
Note de dégustation AMRUT INTERMEDIATE SHERRY
Dans le cadre de son « Européanisation » des gouts, la distillerie AMRUT propose désormais des vieillissements plus habituels par chez nous.
En effet, cette nouvelle référence de la gamme AMRUT est le fruit d’un aller-retour dans des fûts. un premier vieillissement en fût de Bourbon avant d’être transférée en fût de Sherry et de nouveau re-transférée en fût de Bourbon le tout sur une période courte. Peut-être est-ce là un moyen de brouiller les pistes et de rendre les anges fous ?
Comme le savoir faire de la distillerie doit être montré il est proposé à 57,1 % ABV.
« Itermédiate » ce distillats va l’être aussi au niveau de sa couleur. Son passage par un fût de sherry en climat tropical lui procure une couleur cuivrée très marquée (alors qu’on a plus des tons cuivrés rouge dans nos latitudes).
Au nez, il nous conduit directement dans la chaleur de Bengalore. Il dégage une douceur et un moelleux sucré. Ensuite des notes de raisin font leurs apparitions avant qu’on assiste à une explosion d’épices et de notes boisée.
Après une note furtive de fraise, c’est d’ailleurs un melting pot de poivre, gingembre et cannelle qui nous accompagne tout au long du second passage sur un fond de d’abricot.
Le troisième passage s’apaise légèrement pour laisser un peu de place çà des notes chocolatées.
En bouche c’est la même chose. Un début très discret et doux puis une explosion d’abord de notes fruités sucrées, puis d’épices indiennes, avant de finir sur des notes boisé d’acajou. Sur la fin la tourmente se calme même si ça et là des épices restent présentes et il finit sur des notes moelleuses de chocolat et de vanille sur un fond boisé exotique.
A la descente, il est marqué par des notes de réglisse, de fleurs et une grande et longue fraicheur.
Note de dégustation AMRUT SINGLE CASK PORT PIPE 2014
Pour continuer notre tour d’horizon, et pour montrer que la distillerie peut proposer des distillats plus « vieux » depuis peu on trouve également des Single Cask choisis par Ashok Chokalingam le maitre distillateur de la maison.
Le premier est une production 100 % locale puisqu’il est produit avec l’orge indienne de la maison en 2014. Surtout, il a fait l’objet d’un vieillissement intégral de 8 ans (et si vous avez lu mon texte vous savez que chez AMRUT c’est beaucoup) en gros fût de PORTO. Pour en savourer les plus petits détails il est proposé en brut de fût à 60 % ABV.
Avec ce distillat, on poursuit notre descente dans les teintes de plus en plus sombres avec un terra cota léger.
Au nez, il nous conduit directement dans la chaleur de Bengalore. Il dégage une douceur et un moelleux sucré. Ensuite des notes de raisin font leurs apparitions avant qu’on assiste à une explosion d’épices et de notes boisée.
Après une note furtive de fraise, c’est d’ailleurs un melting pot de poivre, gingembre et cannelle qui nous accompagne tout au long du second passage sur un fond de d’abricot.
Le troisième passage s’apaise légèrement pour laisser un peu de place çà des notes chocolatées.
En bouche c’est la même chose. Un début très discret et doux puis une explosion d’abord de notes fruités sucrées, puis d’épices indiennes, avant de finir sur des notes boisé d’acajou. Sur la fin la tourmente se calme même si ça et là des épices restent présentes et il finit sur des notes moelleuses de chocolat et de vanille sur un fond boisé exotique.
A la descente, il est marqué par des notes de réglisse, de fleurs et une grande et longue fraicheur.
Note de dégustation AMRUT SINGLE CASK PEATED PORT PIPE 2015
Pour terminer notre dégustation, je ne pouvais pas mieux faire que de vous faire déguster un whisky tourbé.
Si ici l’orge ne vient pas des contreforts de l’Himalaya (mais d’Ecosse car tourbée), il n’en est pas moins que ce whisky vient lui aussi montrer l’impact des alambics sur mesure de la distillerie. Il a été produit en 2015 et a séjourné lui aussi 8 ans dans un PORT PIPE. Comme son demi-frère il est proposé à 60 % ABV.
Comme auparavant la couleur de ce distillat continue à s’assombrir. Nous sommes désormais sur une couleur vraiment proche du terra cota.
Au nez on va se rapprocher un peu plus des standards de dégustation d’un whisky vieilli en fut de porto. Il va être chaud avec un fruité intense avec des notes d’abricot. En revanche on peut lui trouver un rehaussement du caractère boisé acajou avec l’apport de volutes de fumée de tourbe. On lui retrouve bien les épices.
Au second passage la tourbe se fait plus présente mais sur un fond de chaleur et de moiteur indienne.
Au troisième passage c’est le retour en force des épices avec de la cannelle, du poivre, du gingembre qui le rendent vif.
En bouche, il est puissant avec des notes sucrées, puis de foin et herbacées mais clairement une grande présence de notes de tourbe. Il vous pique la bouche à coup de poivre et de clous mais en restant sur des notes très moelleuses de fruits murs restés dans une corbeille. En le gardant le feu se calme avec des notes denses et épaisses de miel.
Mais c’est pour mieux apprécier la descente avec son petit sursaut d’épices mais surtout la remontée de fumée de tourbe. On retrouve sur des notes boisées de santal qui paradoxalement seront plus marquée sur des distillats produits à base d’orge indienne.
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