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CRAIGELLACHIE - A la découverte de la distillerie et des 13, 17 et 19 ans

 

Quand est amateur de whisky, il existe de nombreux endroits à visiter, mais un des plus magique se trouve au -nord est de l’Ecosses, dans ce que l’on appelle communément le SPEYSIDE (on le rappelle sous-région des HIGHLAND’S).

 

Imaginez un fan de Mickey qui se rend chez DISNEY à Orlando ! Et bien les SPEYSIDE c’est ça !

 

 

C’est ici que je vais vous mener aujourd’hui pour visiter la mystérieuse distillerie CRAIGELLACHIE et trois de ses distillats : 13 ANS, 17 ANS et 19 ANS.

 

 

Mais avant ça découvrons ce lieu emblématique.

 

Imaginez, vous arrivez de la côte nord de l’Ecosse. Vous venez déjà d’avoir la tête qui tourne en passant une ville comme ELGIN ou un village comme ROTHES. En moins de 30 minutes, vous venez de voir des noms tels que GLEN MORAY, BENRIACH, GLEN ELGIN, COLEBURN, SPEYBURN ou bien encore THE MACALLAN ESTATE.

 

L’A941 redescend sur la vallée de la rivière SPEY (SPEYSIDE en anglais dans le texte –on doit être au bon endroit-) et là dilemme.

 

Une fois passé le pont à l’entrée du village de CRAIGELLACHIE (rien que le nom mais je vais y revenir plus longuement), vous faites une pose pour regarder les tours de pierre du Old Craigellachie Bridge et pour faire un point crucial.

 

Si vous continuez tout droit le panneau indique CHARLESTON OF ABERLOUR (et vous voyez également noté, GLENALLACHIE, ABERLOUR, GLENFARCLAS, GLENLIVET….), sur votre première gauche la direction de KEITH (STRATHMILL, STRATHISLA..) avec une route qui enjambe la rivière Fiddich et juste un peu loin une seconde route à gauche où est indiqué la direction de DUFTTOWN (THE BALVENIE, THE GLENFIDDICH, MORTLACH…).

 

Le vrai avantage de ce point stratégique, qui pourrait être « le centre du centre du monde du whisky »,

 

c’est que même sans une goutte d’alcool, il vous enivre !

 

 

Posé en haut du village sur une pelouse verte (écossais) et sur fonds de ciel bleu (spey), le bâtiment surmonté d’un toit pagode de la mystérieuse distillerie qui tire son nom de son village :  CRAIGELLACHIE. Ce n’est pas pour rien si le nom du village signifie « colline rocheuse » en gaélique.

 

Je sais qu’elle n’est pas ouverte à la visite mais sur un malentendu… Je m’engage donc sur le parking et me gare en dessous d’un grand bâtiment orné de grandes baies vitrées. En m’approchant, un fois le reflet du soleil du Speyside évanouit, j’aperçois 4 gros alambics dodus.

 

Sur le fronton du bâtiment on lit, en grandes lettres rouges, le nom du propriétaire actuel des lieux   JOHN DEWAR & SONS Ltd mais sur le côté c’est bien le nom de CRAIGELLACHIE Distillery qui est inscrit. Et c’est de ce côté du bâtiment que je m’engage à la recherche d’une porte. 

 

 

En longeant le bâtiment je passe en dessous des cuves des worm tubs qui font une partie du goût de son distillat et vois enfin une porte. Comme cela ne coute rien de tenter sa chance je toque…

 

A ma grande surprise, c’est Matthew Cordiner, une vieille connaissance, qui ouvre la porte, paré comme toujours d’un large sourire ! Je crois que j’ai de la chance ! Qui mieux que lui (en tant que Brand Ambassador de la marque) connait la distillerie ?

 

Il est surpris de recevoir de la visite car, bien qu’à l’épicentre du Speyside et sur une des routes les plus parcourues par les amateurs de malt, la distillerie ne fait pas partie des tours habituels et il n’est pas souvent dérangé.

 

 

Il me dit que je tombe bien car il s’apprêtait à aller déguster le nouveau 19 ans (sorti cette année).

 

 

Il me mène ainsi à travers la distillerie pour une petite visite et me propose de faire une dégustation montante des 13, 17 et 19 ans ! Une belle aubaine !

 

La distillerie produit beaucoup mais elle est assez ramassée en plein centre du village, cernée qu’elle est par la route et la rivière Fiddich. Il commence dans la salle de brassage (avec sa cuve en inox) qui a la particularité d’être ni plus ni moins située sous le toit pagode qui jadis abritait le four de séchage de l’orge. 

 

 

Il en profite pour me faire un rapide historique de la distillerie et m’explique ce qui l’a amené dans le giron de John Dewar & Sons (et du groupe Bacardi) depuis 1998.

 

Matthew m’explique que la distillerie a été construite en 1891, à la demande de deux propriétaires Sir Peter Mackie et Alexander Edward (qui créaient ainsi Craigellachie-Glenlivet Distillery Company).

 

 

C’est d’ailleurs ces deux noms qui restent fièrement affichés sur les étiquette des bouteilles de la maison (Edwards & Mackie).

 

Peter Mackie

 

En 1927, elle a été acheté par Distillers Company Limited (qui plus tard à l’occasion d’une fusion avec International Distillers & Vinters sera une des fondations du groupe Diageo).

 

Ceci nous amène au fait que la distillerie, comme nombreuses de ses consœurs, a fait partie de Diageo et comme un bon nombre également a fait les frais du démantèlement anti monopolistique du groupe.

Après un passage par la société United Distillers & Vintners en 1987, c’est en 1998 que la distillerie Craigellachie (et Aultmore plus à l’est) a été cédée à John Dewar & Sons à l’occasion du rachat de ce dernier par Bacardi.

 

 

Matthew me mène ensuite logiquement dans la salle de fermentation où je peux découvrir les 8 grosses cuves en bois où les levures grignotent tranquillement (pendant plus de 60 heures) leur sucre.

 

 

Il me conduit ensuite dans la salle des alambics que j’ai pu apercevoir de la route. Là 4 gros bébés joufflus transforment le wash en un doux élixir. Matthew en profite pour me dire que c’est depuis 1964 que ces derniers sont passés de 2 à 4 et offrent un spectacle interdit au passant de la route du whisky.

 

 

Pour la fin de la visite, Matthew me conduit sur les toits de la distillerie juste derrière la salle des alambics pour me montrer ce qui fait une des particularités de cette dernière !

 

Ses 4 cuves à ciel ouvert remplies d’eau brunâtre reconnaissable (venue des montagnes du speyside). Les fameux Warm Tubs de Craigellachie ! La distillerie est restée fidèle à ses origines et a choisi de condenser ses vapeurs à l’extérieur dans des condenseurs contenant des tubes circulaires immergés dont le diamètre se réduit au fur et à mesure de la descente !

 

 

Et qu’en sort-il de ces tubes ? Et bien naturellement du liquide transparent qui va se teinter au contact du bois du fût. Liquide sui a longtemps servi pour construire les whisky White Horse et participe aux différents blends DEWAR’S mais que l’on peut délicieusement découvrir en single malt !      

 

 

C’est ainsi que Matthew m’accompagne ensuite, dans ce qui était jadis l’atelier de réfection des fûts pour certainement le meilleur moment d’une visite….la dégustation. 

 


Dégustation CRAIGELLACHIE 13 ANS

 

Avant de se lancer dans la dégustation, Matthew me présente son premier whisky qui arbore une belle couleur or profond avec des reflets cuivrés caché derrière son étiquette jaune. Il me rappelle si besoin est qu'il a été conçu par Stéphanie Macleod comme tous les distillats du groupe Dewar's.

 

Il m’explique que si la distillerie participe assez largement à un bon nombre de blends, elle conserve dans son warehouse une bonne partie de celui-ci pour le distribuer en single malt.

 

 

Celui que nous avons dans le verre a passé 13 ans en fûts. Tout d’abord pour partie en ex-fût de bourbon et en ex-fût de xérès. Une fois assemblé, il a été dispatché pour moitié dans un nouveau fût de xérès de premier remplissage et pour moitié dans un nouveau ex-fût de bourbon de premier remplissage. Un vieillissement « croisé » de 13 ans au total.

 

 

Le nez de ce whisky montre des notes maltées assez marquées mélangées à des notes sucrées de pomme comptée. On sent poindre quelques épices mais très en arrière-plan.

 

Au second passage, on peut relever des notes d’amande et de cannelle et une montée en puissance des épices avec des notes poivrées. Le distillat tend à se rafraichir au fil des passages dans le verre.

 

 

Au troisième passage, il semble même herbacé et même floral. On peut même lui détecter des notes citronnées. 

 

 

La bouche est voluptueuse avec de belles notes sucrées de pommes. On détecte ensuite un goût de noisette qui amène la bouche sur des notes plus vanillées. Viennent ensuite des épices, avec une pointe de poivre et de gingembre, qui réveillent les papilles endormies dans cette ambiance douillette. Par la suite, il va devenir plus velours avec un réveille des notes d’orge et un retour de notes sucrées et même mielleuses sur fond d’épice.

 

Quand on l’avale, on va avoir un sursaut de gingembre. Il aura une belle longueur en bouche sur l’orge torréfiée et des notes de fruit à coques.

 

 

Le verre vide reste figé sur l’orge mais montre un fonds de notes citronnées. 

 


Dégustation CRAIGELLACHIE 17 ANS

 

La particularité du whisky à l’étiquette bleue et à la couleur assez proche du 13 ans (avec juste une teinte légèrement assombrie par les deux ans supplémentaires passée en fût), est liée au fait qu’il a connu le même vieillissement.

 

Un premier vieillissement pour une part en ex-fût de bourbon et pour une seconde part en fût de xérès, avant d’être assemblé et finir pour moitié en fut de xérès et pour moitié en fut de bourbon (mais là sur une durée 2 ans supérieure à celle de son jeune frère).

 

 

 

On va retrouver (en toute logique) des similitudes entre ce whisky et le 13 ans que nous venons de goûter. Cependant, le nez de ce whisky va être encore plus porté sur les fruits que le 13 ans.

 

Le premier passage est une corne d’abondance de fruits gorgés de soleil, passant de l’ananas au melon confit, avec en arrière-plan des notes d’orges torréfiés avec une pointe d’acidité bien présentes malgré l’âge déjà honorable du distillat. 

 

Au second passage, comme son petit frère, il devient un peu plus frais avec des notes plus citronnées et surtout des épices plus denses que piquants.

 

 

Le troisième passage va confirmer ce « rafraichissement d’ambiance » avec des notes herbacées et réglissées.

 

 

Alors que ce whisky titre 46 % Abv comme (se doit de titrer tout bon Craigellachie), il entre en bouche de manière plus tonitruante.

 

Il révèle lui aussi, mais de manière encore plus marquées, des notes très largement fruitées et sucrées avec cependant une très légère pointe boisée. L’ananas rôti annoncé au nez est bien présent. Viennent ensuite des épices pour le coup plus piquants que ceux qu’annonçaient le nez. Gardant un peu cette tension d’épice, il devient ensuite pâtissier et moelleux avec des notes de vanille et de noisette.

 

Quand il descend dans la gorge, il a lui aussi une rehausse de gingembre (mai là encore plus marquée que le 13 ans). Il conservera sur une durée plus importante des notes de bonbons acidulés.

 

Le verre vide garde de notes sucrées un peu plus marquée mais il montré également une pointe de foin.

 

 

(note perso, un vrai petit plaisir)

 


Dégustation CRAIGELLACHIE 19 ANS

 

Et comme me l’avait annoncé Matthew à mon arrivée, nous allons finir la dégustation et la visite par la nouveauté 2023 de la distillerie : le 19 ans.

 

 

Il m’explique que cette nouvelle référence permet de mesurer l’impact des années sur le distillat. En effet, à l’instar du 13 ans et du 17 ans, il a passé un début de vieillissement bourbon/sherry  et a été réuni avant d’être à nouveau dispatché pour moitié en Xeres et pour moitié en Bourbon. L’objectif étant ici de montrer l’impact de deux années supplémentaire de ce second vieillissement.

 

 

Au nez cette version va être adoucie par rapport à ses deux prédécesseurs, mais elle va également montrer une grande chaleur.

 

Les fruits se font désormais compotés et encore plus moelleux. Les notes maltées sont comme absorbées et mélangées au sucre. Derrière ses notes résiduelles on va détecter une pointe d’agrume plus présente.

 

Au second passage, on détecte de suite un caramel mou, mais on se rends compte assez rapidement que ce dernier est bourré d’épices. En effet, ils font une entrée en fanfare dans le nez accompagné de notes boisées.

 

Le troisième passage montre comme les autres des notes mentholées, mais ces dernières sont là précédées de notes de chocolat.

 

  

 

L’entrée en bouche est plus marquée que celle des deux précédents. Il semble dégager une puissance plus importante (alors que son titre reste le même. Les notes sucrées et maltées sont plus fondues et les épices sont présents. Néanmoins, ils sont moins marqués. Le distillat va aller vers de la douceur sans trop se chargé de notes tendues. Il devient flan à la vanille cuit au feu de bois. Il finit sa course avec de belle note de miel d’acacia.

 

A la descente, il relâche un peu moins d’épice que les deux autres, mais part sur une finale plus longue avec une sensation assez velours dans la bouche et des notes fraiches boisées réglissées dans la gorge. 

 

 

Le verre vide laisse s’échapper un mélange de notes soufrées et citronnées.

 


 

Une fois la dégustation terminée, mon hôte me propose de reprendre la route, pour aller faire une balade et une nouvelle dégustation dans un lieu dont le Speyside à le secret. Je le soupçonne de vouloir aller faire un tour dans le fameux Brad Peat !

 

Pour se faire il prend une nouvelle bouteille sur laquelle on peut lire finish « Bas armagnac ».

 

 

  

 

Je vous en promets une future dégustation mais en voici une première image pour vous donner envie ! 

 


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