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DISTILLERIE TEELING - TEELING SINGLE MALT, TEELING WONDERS OF WOOD Second Edition et TEELING BLACKPITTS BIG SMOKE.

 

Je ne saurai ici me rappeler mes deux frères tombés au champs du déshonneur humain en 2015 et avec qui j'avais goutté mes premières gouttes de TEELING à Dublin alors que la distillerie voyait le jour (voir ici) : A Titi et Steph ! 🤘

 

 

Comme un jeu de piste, quand vous êtes de passage à Dublin, vous n’avez qu’à errer de pub en pub, suivre les fûts noirs floqués des lettres blanches TEELING et vous laisser guider juste derrière la majestueuse cathédrale Saint Patrick à la distillerie par qui le whiskey a à nouveau coulé dans la capitale irlandaise. 

 

La vue d’un grand phénix blanc, représentation de cette renaissance vous indiquera : « ca y est vous êtes arrivé à bon port » : La distillerie TEELING.

 

Aujourd’hui je vous propose un voyage dans le temps comme je les aime, à la découverte de la genèse de la distillerie irlandaise et de 3 ses productions : TEELING SINGLE MALT, TEELING WONDERS OF WOOD Second Edition et TEELING BLACKPITTS BIG SMOKE.

 

The TEELING FAMILLY ET LE TRIANGLE D'OR


 

Une fois mon bon vieux BRAD PEAT calmé à l’idée de découvrir des nouveautés et garé sur Newmarket street, c’est dans une distillerie moderne que je rentre et fait ni plus ni moins que la connaissance de JOHN TEELING, le patriarche de famille par qui le phénix a repris vie.

 

Après un accueil irlandais chaleureux comme il se doit, en bon universitaire, il décide de me parler de son ancêtre, du mystérieux triangle d’or du whiskey dublinois et de l’histoire de sa famille.

 

 

Il m’envoi ainsi en 1782. Il m’explique que c’est cette année-là que son aïeul Walter Teeling s’est lancé dans la production de whiskey et a construit sa distillerie de single pot still en plein cœur de la capitale sur Marrowbone Lane. C’est là qu’elle a œuvré pendant 140 ans au développement du whiskey irlandais, jusqu’à ce la crise des Pattisons traverse le mer d’Irlande et viennent également toucher les distilleries du trèfle.

 

« Professeur » Teeling me raconte, qu’à l’époque, la distillerie était loin d’être la seule de la ville car on comptait alors une quarantaine de distilleries. Elle était située dans ce qu’il est communément appelé le Triangle d’or de Dublin : le quartier des Liberties.

 

 

A l’époque, elle faisait commerce avec des noms encore connus de nos jours. John (et William) JAMESON (dont les restes de la distillerie sont toujours visitable à Bow street), John POWERS (dont les gros alambics trônent encore sur Oliver Bond Street si vous êtes curieux), George ROE (désormais aux mains de Guinness), et John BUSBY (que l’on retrouve de nos jours sous le nom de the Dublin Liberties Distillery). De la même manière le quartier des Liberties abritait des meuniers, des brasseurs (Guinness déjà) et des tonneliers, ce qui en faisait le centre névralgique du whiskey dans la ville. 

 

 

 

 

À la fin du 19ème siècle l’Irlande dominait le monde du whisky (80 % de la production mondiale) et ce bien devant les écossais.

 

En bon universitaire qu’il est, John me parle d’une heure sombre de la ville de Dublin.

 

Il m’explique que le 18 juin 1875, un incendie s’est déclaré dans un entrepôt des whiskeys Malone situé au cœur du quartier des Liberties et à causé l'abrasement ou l'explosion de près de 5000 fûts de distillat.

 

La rivière de whiskey en feu qui en a découlé n'a été circonscrit que grâce à des barrages de fumier de cheval !

 

L'incendie est rentré dans l’histoire de la ville de Dublin. Les vieux compteurs irlandais que vous pouvez croiser dans les pubs se font une joie de nous dire qu’en ce soir d’été, le whiskey brûlant coulait dans les rues comme de la lave. Certains habitants y nageaient et buvaient de cette rivière d’alcool dans tous les récipients disponibles (chapeaux et chaussures comprises). Et de nous dire que les 13 seules victimes de cet évènement sont mortes à force d'ingérer de l'alcool brulant et non pas à cause de l'incendie en lui même (qui lui n'a fait aucune victime).

 

Cette catastrophe, a, en revanche, mis en avant les risques d’avoir des distilleries et surtout leurs stocks en pleine ville. 

 

 

Mais revenons à John. Il s’appelle donc Teeling comme Walter son ancêtres, et a donc du whiskey qui lui coule dans les veines ! Aussi, c’est naturellement qu’en 1987, alors que les distilleries de l’ile au trèfle se comptaient sur les doigts d’une main, il décide de participer au réveil du whiskey irlandais et de fonder une distillerie. 

 

 

Pour se faire, il jette son dévolue sur le comté de Louth à la frontière sud-est de l’Irlande du Nord et créait, sur la péninsule qui porte son nom : Cooley Distillery.

 

Il remplace la distillation de patate par la distillation de céréales et en 1989, les premières gouttes de le distillats 100 % irlandais coulent des 3 alambics. C’est dans cette distillerie qu’il va donner le jour à des distillats nommés Greenore, Tyrconnell, Connemara et Kilbeggan.

 

 

Comme je vous le disais, dans la famille Teeling, les veines sont un mélange de sang et de whiskey, aussi, c’est tout naturellement qu’il va embaucher ses deux fils Jack et Stephen pour leur apprendre le métier.

 

En 2011, la distillerie Cooley passe sous la capitalisation du groupe américain Jim Beam, mais un bon nombre de fûts restent propriété de la famille (malin John).

 

Cette vente est loin de signé le glas de la distillation pour la Teeling Familly ! Au contraire elle est même un peu la genèse de l’aventure.

  

 

En effet, John Teeling, rachète l’ancienne brasserie Great Northern Brewery à Diageo et la transforme en distillerie qu’il nomme naturellement Great Northern Distillery Ltd. Il diversifie sa production en proposant de l’Irish single malt, Irish Pot Still, Irish grain whiskey, du Gin et même du Poitin (que je vous laisse découvrir !!) et les propose en gros. Depuis 2017, il propose même son propre single malt Burke’s Irish Whiskey (14 ou 15 ans en cask strenght).

 

 

 

TEELING DISTILLERY REBORN 2012


 

Jack et Stephen, quant à eux, se lancent, en 2011, le défi de faire renaître le phénix créé par Walter Teeling en 1782 et disparu depuis 1923 : La distillerie TEELING.

 

Grace à la production familiale, ils proposent ainsi des distillats dès les premières années. Mais le projet abouti vraiment en 2014, lorsque les premières pierres de la distillerie sont posées à quelques pas du site historique de Newmarket Square où je me trouve aujourd’hui (dans le triangle d’or donc histoire de boucler la boucle).

 

Objectif multiple annoncé, produire un whiskey de qualité et faire renaitre la production de whiskey en plein Dublin. Elle a ainsi été pionnière dans ce renouveau, entrainant dans son sillage, la renaissance de Roe, Dublin Liberties Distillery ou la naissance de Pearse Lyons Distillery....

 

 

Pour se faire, ils équipent d’une cuve de brassage en acier, de deux cuves de fermentation en pin et surtout de 3 gros alambics en cuivre d’origine italienne.

 

Comme ici la famille est reine, ils porteront les prénoms des trois filles de Jack Teeling. ALISON (15 000 l) se charge de transformer le wash en alcool à faible degré. NATALIE (10 000 l) s’occupe de purifier et de dynamiser la distillation en séparant les têtes et les queues. Enfin REBECCA (9 000 l) se charge de la troisième passe et transforme le distillat en irish whiskey. Si ça ce n’est pas un travail de famille ?

 

 

La distillerie étant située en plein centre d’un des hauts lieux touristiques européen, elle se devait d’avoir un beau centre d’accueil digne de se nom. C’est ce qui est fait ici avec de large espace de découvertes historiques mais surtout gustatifs et une Bang Bang Bar où je vous conseille de faire une pause !

 

C’est dans cet écrin que les deux frères Teeling (et leur équipes) ont commencé à produire du whiskey en juin 2015 et ont pu remplir leurs premiers futs (dont le tout premier trône encore à l’abris d’une grille dans la distillerie). Afin d’éviter un second fleuve de whiskey en cas d’incendie, le distillat est ensuite stocké dans un lieu à l’extérieur de la ville.

 

 

Vous l’avez compris on est ici sur un travail familial. Ainsi, depuis 2015, la distillerie se charge des irish single malt sous la direction d’Alex Chasko (master distiller) et elle s’approvisionne en irish single grains auprès de la distillerie de John Teeling. Les assemblages sont ensuite réalisés par les équipes de la distillerie.

 

Comme dans le monde du whiskey, c’est le temps qui gère tout, les deux frères ont dû se montrer patient. En attendant le vieillissement des premières productions, Teeling a pu (grâce à l’approvisionnement paternel) proposer un Single Grain (assemblage de beaucoup de maïs et d’un peu d’orge maltée et vieillis en fût de vin rouge américain) et surtout celui qui se nommera Small Batch (assemblage de whiskey de malt et de grain vieilli en fut de bourbon puis réuni en pour 1 an en fut de rum).

 

 

Mais grâce aux stocks mis de côté lors de la cession de la distillerie Cooley, la marque Teeling propose depuis longtemps des réalisations avec des comptes d’âges plus qu’honorables. 

 

 

Une fois fait le tour du propriétaire et vu de belles mises en scènes destinées à présenter la part des anges irlandaise et les différents types de fûts utilisés pour la production (ex-fût de rhum, ex- futs de Bourbon, fûts de xérès, port pipe, fûts de madère, tonneaux de bourgogne blanc t cabernet sauvignon, et ex-fût de vin rouge californien…) ou à découvrir les cuvées ultra privées réalisées à l’occasion des arrivées de descendants), John m’a conduit dans une alcôve du centre visiteur pour de belles dégustations que je vais vous présenter ici. 

 

 

ET SI ON GOUTAIT ?


 

Note de dégustation TEELING SINGLE MALT

 

Le single malt de Teeling est une des premières références de la nouvelle distillerie (de subtiles annotations sur les étiquettes en attestant de sa provenance). Depuis 2015, il produit à 100 % par les équipes de Teeling à partir d’orge maltée et passe 5 ans dans un large panel de fûts de vin avant sa mise en bouteille : Fûts de Cabernet Sauvignon, de Bourgogne blanc, de Madeire, mais également de Porto et de Sherry.

 

 

Il se pare d’une couleur or clair avec quelques reflets plus marqués.

 

Le premier nez de ce whiskey est un véritable panier de fruits qui se cache derrière des notes fraiches et très légèrement boisées de jeunesse.

 

Une fois les notes boisées estompées, au second passage on découvre pèche, melon mure, figues bien moles mais également fraise tagada sur la fin.

 

Au troisième passage on retrouve une certaine douceur vanillée et une pointe très légère d’épices qui nous ramène à la pointe boisée du début.

 

 

En bouche on va tout d’abord trouver des notes sucrées et bien fruitées plus portées sur les fruits rouges qu’au nez. On trouve ensuite de légères piques d’épice sur la langue et des notes plus boisées sur le palais. La fin démasque son âge avec des notes plus velours de bois vert et des notes de clous de girofle.

 

La finale est longue sur des notes taniques qui nous rappellent son passage en divers fûts de vin.

 

Le verre vide garde quelques notes fruitées au début mais révèle des notes boisées, citronées et surtout céréalières.

 


 

Note de dégustation TEELING WONDER OF WOOD SECOND EDITION

 

 

La série Wonder Of Wood propose par Teeling, a pour but de mettre à l’honneur le bois qui sert à fabriquer les fûts dans lesquels le whiskey est conservé. Il permet de goûter des vieillissements intégraux dans des fûts neufs d’essences différentes.

 

 

Le premier épisode mettait en avant les chênes américains CHINKAPIN et a été assez largement récompensé comme meilleurs Pot Still 2022.

 

Le second épisode que nous allons goûter aujourd’hui met lui en avant les chênes portugais.

 

Le troisième et dernier volume en date, met, quant à lui en avant le chêne suédois.

 

La démarche de Teeling sur cette série d’embouteillage est également écologique puisqu’à chacune d’elle, des arbres sont replantés en Irlande dans des terrains appartenant à la distillerie.

 

Le distillat retenu à chaque épisode reste le même. Il s’agit d’un single pot still (50 % d’orge maltée et 50 % d’orge non maltée) proposé à 50 % ABV.

 

 

Ce whiskey va être bien entendu marqué au niveau de sa couleur par un passage en fut neuf. Or profond presque marron.

 

Le premier passage du nez est marqué par des notes agrumes assez reconnaissables des Pot Still irlandais mais semble-t-il confituré par le passage en fut de chêne portugais. Les odeurs d’orange se sont fait cuire.

 

Au second passage on va trouver des notes plus boisées mais également grillées (on peut imaginer que le chêne neuf a été bien toasté avant d’abriter le distillat).

 

Le troisième passage garde ses traces de bois brulé mais avec des épices (poivre et clous de girofles) en plus.

 

Le bois est à l’honneur mais c’est un peu ce qui était prévu.

 

 

La bouche est assez largement dominée par de notes boisées grillées mais avec des notes néanmoins sucrées de confitures d’agrumes (mélange d’orange, de kumquat, et gingembre). On va y retrouver les notes épicées de poivre. A la fin on trouvera même des notes de fève de cacao torréfiées et muscade.

 

La finale est longue et laisse en bouche des notes chocolat noir et même de fumée. 

 

Le verre vide conserve ses effluves de d'orge grillé

 


 

Note de dégustation TEELING BLACKPITTS CASK STRENGTH BIG SMOKE

 

Comment pouvais-je, en bon Peatdream qui se doit, passer à côté Du TEELING BLACKPITTS ?

 

Comme souvent, chez Teeling, les distillats proposés font références et rendent hommage à DUBLIN.

 

Pour ce qui est des atypiques BLACKPITTS, la référence est double. 

 

 

Tout d’abord par sa nature de whiskey tourbé (dans un monde de plutôt fruité des whiskey irlandais), il fait référence AU symbole de la ville (et je ne parle pas du Spire qui parole de dublinois est arrivé   on ne sait comment au centre de la ville) : les cheminées de Poolbeg qui dominent le port et au loin la ville du haut de leurs 200 m et qui ont craché leurs fumées de 1971 à 2010 (avant de s’éteindre au profit de la sobriété énergétique du pays).

 

Ensuite par son nom, puisque les Blackpitts est un quartier de Dublin situé juste derrière la distillerie. Loin du havre de calme qu’est le sien actuellement, le quartier a jadis abrité les tanneries de la ville où on pouvait trouver des fosses de tannage aux eaux noirâtres. 

 

 

Comme chez TEELING on aime bien varier les plaisirs, on propose le BLACKPITTS sous deux formes diamétralement différentes, même s’ils arborent une base d’orge équivalente (55 PPM annoncés avant distillation).

 

On va trouver une version construite sur un Irish Single Malt (distillé 3 fois donc), vieillie en fût de bourbon puis en fût de Sauternes et qui titre 46 % ABV.

 

On va également trouver une version plus typée et proposée en brut de fût (à 56,5 % ABV) issue elle d’un DOUBLE MATURATION (afin de conserver le plus possible de saveurs tourbées). Par chance, c’est celle que nous allons découvrir ici.

 

Toujours dans l’optique de proposer un jus le plus brut possible, il a également été retenu un vieillissement complet en fût de bourbon. 

 

 

Amateur de whiskey tourbé voici ton heure !

 

Cette expression de whiskey tourbé, qui risque de mettre tout le monde d’accord, se pare d’une couleur or léger que Teeling a décidé de cacher dans une bouteille noire.

 

Le premier nez nous projette sur les notes de fumées terreuses d’un feu de camp au bord d’un lough dans monts de Wicklow. Du charbon de bois, de lard grillé à vous enfumer les vêtements.

 

Au second passage on découvre en arrière-plan de ces émanations, une odeur d’agrumes et de fruits murs (qui sont par ailleurs plus marquées dans la version normale –Ndlr-).

 

Mais qu’on se rassure, le choix fait de ne faire que deux passes sur ce pot-still limite ces agrumes et c’est bien des notes de feu de champs que l’on retrouve sur un troisième passage.

 

Ce nez pourrait faire passer beaucoup d’amateur de tourbe de l’autre coté de la mer d’Irlande (n’en déplaise à la couronne).

 

En bouche les fumées sont toujours là. La confiture pomme-orange semble avoir été cuite au feu de tourbe. Les notes sucrées sont accrues par les notes omniprésentes de tourbe auxquelles vient se rajouter la force d’un distillat à 50 % ABV. On peut lui trouver quelques notes florales sur la fin mais là aussi elles subissent le courroux de la bourbe et sont balayées par les vents.

 

La finale est assez logiquement longue et portée par des effluves de fumée froides.

 

Votre verre vide est….inutilisable  😉!   

 


J'espère que cette visite vous a plu ? En tout cas si vous allez à Dublin, je vous conseille d'aller y faire un tour ! M'ai dans l'idée qu'on ne devrait pas avoir fini d'entendre parler de la distillerie TEELING, surtout depuis qu'elle est accompagnée dans son développement par une certain groupe Bacardi !

 

je me chargerai de vous en parler ! En attendant vous trouverez des TEELING chez votre caviste préféré, sur le site de la maison Buy Irish Whiskey In Our Shop | Teeling Distillery (et oui pas de Brexit pour l'Irlande) ou plus simplement sur le site Dugas club Expert 

   

Si vous souhaitez vivre cette visite en vidéo !


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