Et si pour cette dégustation nous faisions un petit cours d'histoire moderne à la recherche des certaines références de la distillerie BENRIACH en liens avec les différents propriétaires de la distillerie ?
Cela devrait nous permettre de comprendre la genèse de la dernière création du docteur Rachel BARRIE et de déguster le nouveau THE SIXTEEN.
Comme vous devez le savoir, depuis 1898 et sa création par John Duff, la distillerie BENRIACH a eu des périodes d'activté et d'inactivité, passant de doublon de la distillerie Longmorn (voisine) à ses débuts, à belle endormie jusqu'au milieu du 20ème siècle.
Elle a également connu de nombreux propriétaires comme Longmorn (qui l'avait achété pour....la fermer pendant 60 ans), The Glenlivet Distillers (qui l'a reconstruite dans les années 60), Seagram (qui développa sa capacité de production dans les années 80 et créa le premier 10 ans d'âge) et enfin Chivas Brothers (qui la fit taire une nouvelle fois) dans les année 90 ! Bref pas un long fleuve tranquille.
La période qui va nous intéresser aujourd'hui, pour découvrir le nouveau 16 ans d'age, commence avec un nouveau rachat en 2004 pas l'équipe de Billy Walker (accompagné de deux associés).
C'est en effet lui qui, bénéficiant déjà de stocks conséquents, va lancer la première version d'un distillat de 16 ans d'age.
Il joue alors la carte de la « simplicité » avec un vieillissement en fût de bourbon de premier remplissage.
Ce distillat présentait des mélanges d'arômes de mielleux, vanillés, floraux et même boisés. Mais une simplicité avait néanmoins conquis les jurés de nombreux concours durant plusieurs années.
Ensuite Billy Walker a eu tendance (comme il sait le faire) à être prolixe au niveau de son 16 ans d'age. Ses créations présageaient déjà de la propension de Sir Walker à utiliser des vieillissements en fût de vin.
En 2008, BENRIACH a proposé une seconde version du 16 ans avec un finish en fûts de Sauternes. Pour ce faire ce sont ni-plus ni moins que des fûts de château d'Yquem qui ont été chosis pour finir les 16 ans de vieillissement du distillat.
Le distillats c'était alors paré de notes de fruits à coques, de fruits du verger, de vanille et de biscuit.
On a pu découvrir une version vieillie en fût de Claret (cépage bordelais méconnus mais très développé en Grande Bretagne) en 2010, avec des arômes fruités et de vanille.
Entre temps en 2007, la distillerie avait même produit une série « très « limitée à un moins de 200 bouteilles d'un mystérieux 16 ans Cape Of Storm destiné à l'Afrique du sud pour l'implantation de la marque dans le pays africain.
Pour la petite histoire du commerce avec l'Afrique du Sud, les fûts de whisky étaient expédiés comme ballast dans les navires de commerce qui contournaient le Cap. Les navires revenaient ensuite des années plus tard au Royaume-Uni, où les fûts étaient retirés, le whisky mûrissait et était influencé par le bois, le navire, la mer, le mouvement et le temps.
Les productions de l'équipe Walker pour ce qui est des version 16 ans d'age, s'est terminée en 2015 avec la mise en vente d'une version vieillie en fût de Xérès mi-Oloroso mi-PX pour 40 % et fût de bourbon pour le reste.
Il s'est ainsi fait plus gourmand et crémeux, mielleux faisant ressortir des épices et de la vanille.
L'année suivante de cette dernière version, l'équipe Walker a tiré sa révérence (partant vers de nouvelles contrées pas très lointaines - Glenallachie pour ne pas la nommer-) et la distillerie a été une nouvelle fois rachetée par le Groupe BROWN FORMAN.
Et c'est surtout en cette année 2016 que le nez de la distillerie s'est féminisé au travers de l'arrivée de RACHEL BARRIE. C'est cette même année que la dernière version du distillat de 16 ans a été mise en sommeil jusqu'à aujourd'hui.
Tout cela nous amène à 2023 et la renaissance de cette référence.
La Docteur RACHEL BARRIE est des plus perfectionnistes mais elle n'hésite pas également à rendre hommage à ce qui est bon. C'est certainement pour cela que pour cette résurrection du 16 ans de Benriach (comme elle déjà pu le faire pour faire revivre le 15 ans de GLENDRONACH), elle s'est tourné vers un assemblage électrolyte .
En effet, dans les chais de la distillerie qui recèle de nombreux (très nombreux) fûts, elle a été chercher un distillats vieilli en fût de bourbon (pour un coté mielleux), qu'elle a ensuite marié avec un fût de sherry Oloroso (pour son coté fruité et épicé) et auxquels elle a enfin adjoint une pointe de fût de chêne neuf (pour lui donner le pep's du boisé) !
Le vieillissement "Three Cask Matured" comme il est noté sur la bouteille, donne à ce whisky une belle couleur or – bronze.
A l'approche du verre l'ambiance, de légèrement boisée va se faire de plus en plus sucrée au fur et à mesure de l'avancée du nez.
D'ailleurs, quand le nez rentre dans le verre pour la première fois, il découvre des notes sucrées de pomme cuite et caramélisée au feu de cheminée. On pourrait presque lui trouvée des notes tourbées très légères. En insistant il va délivrer des épices.
Au second passage, les notes sucrées laissent place à des notes plus boisées et surtout à des épices plus présentes (une pointe de gingembre). Ce deuxième passage est néanmoins plus doux et moelleux que le premier et lui donne un air pâtissier.
Le troisième passage est plus frais et délivre un mélange d'orge maltée avec quelques pains de tourbe légère et de notes citronnées.
D'ailleurs dans le creux de la main, on va retrouver la douceur du foin et tapis au fond quelques effluves tourbées.
En bouche, il est boisée, a un goût de pomme cuite et est légèrement frais. Les épices sont assez discrètes et laisse vite place à des notes mielleuses.
Un peu après, il va relâcher quelques fruits rouges assez surprenant (on a plus l'habitude de les avoir avant les notes mielleuses) et de nouveaux épices plus boisés (clous de girofle). Il est globalement assez doux.
Vers la fin de la dégustation on va avoir un léger retour épicé et boisé avec des notes de fûts. Il fini sa course tout en douceur, mais laisse trainer une pointe de rancio avant de descendre dans la gorge.
A la descente justement se réveille des notes boisées plus marquées. La bouche garde un ressenti velours, quand des notes de bâton de réglisse et torréfaction sont plus présentes dans la gorge.
La finale n'est pas très longue sur une grosse saveur mais persiste dans la gorge quelques notes boisées.
Le verre vide laisse sortir des notes d'orge comme un petit nouveau, mais également un leger parfum de pomme.
On peut globalement dire que BENRIACH a réussi à combler le "trou d'âge" qu'il existait entre le "Twelve" et le "Twenty One" et à faire renaitre le phénix de ses cendres (de ses fûts plutôt d'ailleurs).
Après avoir réussi son coup avec le 15 ans de GLENDRONACH, et donc le SIXTEEN de BENRIACH on attend de pied ferme la renaissance annoncée du phénix du bord de la mer du nord GLENGLASSAUGH (annoncée pour peu!).