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PORT ASKAIG 28 ans vs PORT ASKAIG 45 ans

Quand nous sommes arrivés avec BRAD PEAT au bord du Loch Ardnahoe, My lord nous attendait toujours grand sourire.

 

Pour cette 100 ème dégustation il VOULAIT NOUS FAIRE GOUTER des « Elixirs » exceptionnels.

 

Nous allions faire un versus digne de ce nom : PORT ASKAIG 28 ans vs PORT ASKAIG 45 ans ! Rien que ça.

 

Avant de déguster re-situons nous à l’est d’slay sur un site majestueux pour tout amateur de tourbe et de nature : derrière nous le Loch, sur notre droite à moins de 3 miles le village de Port Askaig, juste à côté la distillerie Caol Ila. Sur notre gauche à moins de 2 miles la distillerie de Bunnahabhain. Face à nous la nouvelle distillerie Ardnahoe que nous avions connu en construction et dont les cheminées ont désormais commencé à cracher leurs vapeurs, et, derrière elle, de l’autre côté du Sound of Islay, les Paps of Jura.

 

Bien que nous ayons la chance de voir un magnifique groose venu voir ce qui se trame en ce jour ensoleillé sur son territoire, je peux vous assurer que nous n’allons pas discuter de faune et de flore avec notre ami.

 

Dans ses mains les deux mêmes bouteilles au verre fumé marron avec juste deux chiffres différents : 28 et 45.

 

Pour la dégustation, honneur à l’âge, My lord nous fait commencer par le plus vieux : le 45 ans d’âge ! Si nous commençons par celui-ci c’est simplement parcequ’il va s’avérer plus doux que le 28 ans car non tourbé.

 

Faisons connaissance :

 

Ce whisky a été distillé à Bunnahabhain en 1968 et est resté 44 ans dans un premier fût avec de finir son vieillissement pour 1 ans dans 5 sherry Butt différents. Il a été mis en bouteille en 2015 par ELIXIR DISTILLERS à 40,8 % mais pour autant est un Cask Strength ! Autant dire que pendant 45 ans certains (les anges pour ne pas les nommer) ne se sont pas privé de se servir !!

 

C’est fébrile que nous nous lançons dans la dégustation de ce whisky édité à seulement 300 exemplaires et dont le prix de base approche 1400 € la bouteille.

 

 

Quand est-il ?

 

Quand ce whisky à la couleur assez sombre laisse évaporer ses effluves dans le nez c’est un ravissement de douceur. Ce whisky est très fruité et sucré. Le nez est envahi de fruits tels que la banane ou la mangue bien mûre. Au second passage cette douceur reste sur le sucre mais quitte les pays chauds pour aller dans les vergers avec des arômes de poire et de pommes bien mûres. Le dernier passage du nez, nous ramène à Islay avec des notes plus fraîches plutôt florales.

 

Fébrile d’avoir dans les mains un whisky aussi vieux que nous, nous allons passer à la dégustation. Mais attention pensez à prendre votre respiration car comme le veut la coutume, il va falloir le garder 45 seconde en bouche ! 

 

Le long voyage débute par le moelleux annoncé au nez (de la chaleur et pas d’agression) avec des arômes chauds et épais de banane sur un fond de miel. Par la suite des agrumes font une apparition furtive pour basculer sur des notes plus boisées et de plus en plus fraîche. Des épices (cardamome) font ensuite leur entrée amenant avec un peu de fraîcheur et quelques notes fleuries d’un fond de menthe ou pour se coller au lieu de la bruyère.  

 

Ce voyage soyeux se termine dans la gorge par de longs arômes beurrés et chaud et au bout de quelques instant le rappel des notes fraîches de la cardamome. 

 

Prenons notre temps. My Lord nous dit d’attendre et de profiter de ce moment de solennité pour laisser cette dégustation disparaître dans nos esprits avant de passer à la seconde bouteille qui sera diamétralement différente. Nous regardons les beaux reflets des vallons sur le loch et avons même la chance de voir moucher une truite. 

 

On est bien !

 

Bon ce n’est pas tout mais nous avons quand même un deuxième Elixir de 28 ans (le gamin) à goûter.

 

My Lord nous présente : ce whisky vient de passer ses 28 années dans des fûts de chêne américain hogshead de second remplissage mystérieux. Personne ne sait réellement qui l’a distillé. La seule chose que nous savons c’est qu’il provient du sud de l'île et qu’il est légèrement tourbé. 

 

Que voulez-vous autant de mystère on a envie d’une chose…..goûter ! 

 

Le liquide qui coule dans le verre est bien doré et ressemble à de l’or liquide.

 

La différence est saisissante. Quand le nez plonge dans le verre il ressent directement la fumée de tourbe. Pas envahissante mais quand même présente. Par rapport à d’autres whiskies tourbée elle n’est pas moelleuse mais plutôt fraîche voir légèrement mentholée voir maritime. Nous ne sommes clairement pas sur un autre Bunnahabhain. Reprenons un peu d’air pour découvrir ensuite des agrumes légers accompagnés d’épices. On repasse une troisième fois et apparaît un fonds de fruits à coque qui viennent rajouter de la rondeur.

 

Mais d’où cette tourbe peut-elle venir il y a 28 ans. En discutant avec notre ami alors qu’il nous annonce un 45,8 % brut de fût lui aussi, il nous lance en français avec son merveilleux accent : « on pense peut-être qu’il viendrait de Lagavouline » ! L’info n’est pas définitive mais elle est lâchée.

 

De quoi nous mettre la tourbe à la bouche.

 

Goûtons.

 

 La différence avec le premier est saisissante. Finie le moelleux et la douceur, nous sommes ici avec un whisky tourbé et frais. La tourbe est néanmoins légère et iodée. Elle s’accompagne au bout de quelques instants de notes herbacées, d’épice et de réglisse. En le gardant, là 28 secondes (ne comptez cependant pas mais profitez) il va s’arrondir et laisser apparaître des notes finalement plus moelleuses et boisées. Vraiment différents du premier mais tout aussi superbe à sa manière.

 

La finale de ce whisky est elle aussi assez longue mais là aussi différente. Elle laissera en bouche une vraie fraîcheur d’embruns avec un légère pointe d’acidité et un fonds de fumée

 

 Deux belles et rares références.

 

Au final, si vous êtes attaché au goût de PORT ASKAIG vous ne débourserez « que » 390 € et choisirez une des 3000 bouteilles du vénérable 28 ans d’âge et si vous souhaiter une véritable découverte de douceur et de légèreté (assez éloignée des références de la marque) vous choisirez le 45 ans d’âge (ok « un poil » plus cher !).

 

C’est sur cette belle dégustation que nous remontons dans BRAD PEAT et ramenons notre ami à PORT ELLEN avant de repartir pour de nouvelles aventures.

 

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