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JOHNNIE WALKER SWEET PEAT

Cette fois-ci mon voyage virtuel ne va pas être que géographique, mais il va aussi être temporel (non de Zeus !). C’est l’avantage du virtuel, c’est que cela laisse quand même pas mal de marge de manœuvre à l’imagination !

 

Donc je monte dans mon BRADPEAT et je règle 1865 sur son convecteur temporel. Je cherche une grande ligne droite (je n’ai pas de turbo) et j’accélère pour essayer d’atteindre les 88 mph nécessaires !  Si je vous jure que c’est possible avec un combi ! Au moment où j’atteins la vitesse nécessaire, un flash énorme envahit l’habitacle et fait tomber le Glencairn posé sur l’accoudoir. Le temps de vérifier s’il n’est pas cassé et me voilà rendu en Ecosse dans la deuxième moitié du 19ème siècle. Je suis arrivé comme prévu dans le sud ouest de l’Ecosse dans la région de l’Ayrshire, dans la ville (petite à l’époque) de KILMARNOCK. Je suis au bon endroit au bon moment !

 

Pour ne pas attirer l’attention, je cache mon van derrière une grande affiche représentant un homme avec un haut de forme et une redingote rouge en train de marcher !!??

 

Bref, après une heure de marche, j’arrive dans le centre du village. Je suis à la recherche d’une épicerie spécialisée dans les spiritueux nommée « John Walker ». Je voudrais y goûter à une de leur réalisation actuelle Le BLENDER’S BATCH "SWEET PEAT".

 

Ok vous allez dire qu’il y a peut-être un petit mélange d’époques mais est-ce pas ça aussi, les voyages dans le temps ! Voyez Marty Mac Fly (surement un écossais d’ailleurs !!) avait bien prédit la victoire de Chicago Cubs 50 ans avant alors…. mais ne vous inquiétez pas j’ai amené la bouteille avec moi.

 

Bref, c’est pour moi l’occasion de fêter les 200 ans de la grande marque JOHNNIE WALKER avec un whisky tendance tourbée (hey je m’appelle PEAT DREAM quand même !).

 

Alors revenons à nos chevaux : petit cours d’histoire pour les soirées dégustations.

 

Pourquoi cette bourgade ?  Et bien simplement parce que c’est ici dans la fameuse boutique où je dois me rendre qu’est né le mythe de John (nie) Walker en 1820 (et oui 200 ans). Au début la boutique s’appelait « Walker's Kilmarnock Whisky » et elle ne faisait pas que du whisky (à peine 10 % des ventes). Il n’empêche qu’à la caisse, il y avait un certain JOHN WALKER. Bref, la boutique se développe et elle est transmise à son fils, ALEXANDER WALKER qui poursuit l’aventure en développant encore la part des ventes de whisky. Par la suite, elle fut transmise au second ALEXANDER de la famille (le fils) qui lui développa encore la marque et les ventes de whisky qui représentaient désormais la quasi-totalité des ventes. 

 

À l'époque, il existait déjà un "Walker's Kilmarnock" qui a connu un grand succès (je ne sais pas, je ne l'ai pas goûté). Cependant, à cette époque, un tournant s'opère dans la marque : ALEXANDER II (petit-fils du créateur et fils d'ALEXENDER, donc - vous suivez ?) pensa : " J'en ai marre des single malt singles (oh l'autre !) et je vais les mélanger aussi ! ". Problème nous sommes en 1860 et il est interdit de faire du Blend !

 

Quand on voit le marché mondial actuel du whisky on se demande comment c'est possible ! Bref, il est têtu le bougre et brave l'interdiction en créant en 1865 ce qui sera l'un des premiers blended malt : Walker's Old Highland. C'est drôle 1865, c'est exactement la date que j'avais mise dans le convecteur temporel ! Cette chance !

 

 

Si je veux continuer un peu l’histoire (car je vous rappelle que je viens du 21ème siècle et que je la connais mais je n’en parlerai pas à ALEXANDER II si je le rencontre) en la résumant rapidement. Je ne vais pas vous faire la liste des entreprises qui ont fait qu’elle est désormais une des vaches à lait (de qualité en plus) de Diageo, mais autant dire que la marque a pas mal changé de propriétaire depuis qu’elle a été créée.

 

Mais notons quand même qu’en 1870 ALEXANDER II créait une bouteille carré (quelle idée !).

 

De plus au début du 20ème siècle  après avoir développé une bonne partie des couleurs de bouteille qu’on lui connait maintenant le nom de ce whisky va changer : « WALKER’S KILMARNOCK WHISKIES » devient « JOHNNIE WALKER WHISKY » et surtout apparaît un certain homme en train de marcher avec le slogan, « Born 1820 – Still going Strong! » (je sais je suis garé sous une affiche le représentant en 1865 mais bon les voyages dans le temps vous savez…).

 

Voilà je crois que j’ai fait le petit cours d’histoire que je voulais vous faire. Passons à mon aventure temporelle.

 

J’arrive donc au centre du village et je n’ai pas de mal à trouver la boutique ! C’est marqué sur la devanture !! En entrant, je me trouve dans une épicerie moitié commerce, moitié laboratoire. A la caisse je vois un homme en costume, aux cheveux blancs et arborant de gros sourcils ! (on dirait moi !). ALEXANDER WALKER II en personne.

 

Je lui parle de ses blends, mais ce dernier me dit de me taire et va vers la porte pour la fermer à clé !

 

J’ai oublié que c’est encore interdit. Il me demande alors comment je le sais !! Je ne peux pas tout lui raconter mais je brode une petite histoire sans queue ni tête (vous me connaissez). Bref après avoir discuté avec lui de son savoir en la matière, je lui sors la bouteille que j’ai amené et que je souhaite goûter aujourd’hui ! 

 

Je vous avoue qu’il a chaussé ses lunettes et a fait preuve d’un véritable étonnement ! Un blend tourbé ? Mais comment voulez-vous avoir autre chose, tous les whiskies sont tourbés ma dit-il ! Oups j’avais oublié qu’on était en 1865 (et que seul la tourbe était utilisée à l’époque pour stopper la germination !). En regardant la composition un nouvel étonnement l’envahit : Le blend que je lui propose est composé de 3 malts de deux endroits différents :

 

- Tout d’abord CAOL ILA qui est majoritaire : j’explique à mon hôte que c’est pour la tourbe et il rit en me disant, mais pourquoi faire 3 jours de cheval et prendre le bateau pour aller chercher un whisky tourbé d’une petite distillerie ? Des malts tourbés il y en a partout !! Je lui explique que c’est pour sa douceur et pour son caractère marin ! Admettons !

 

- Ensuite je lui parle de CARDHU pour son caractère fruité. Il me dit alors mais comment font-ils sécher leur orge ?? J’élude et passe au troisième

 

- enfin GLENDULLAN pour de forte notes fruitées apportées par les fûts de sherry ! Et là problème. Si CAOL ILA a été créée en 1846 et CARDHU en 1824, il n’en est pas de même pour GLENDULLAN qui n’a pas encore vu le jour à Dufftown dans le speyside (heu pardon les Highlands à l’époque) : elle a ouvert en 1897. ALEXANDER II regarde dans son registre et me dit non je connais pas celle-là : Je vais la noter ça doit être une nouvelle ! ouf!!

 

Et alors vous pensez, si je lui avait dit que désormais ces 3 distilleries (et bien d'autres) font partie d'un empire industriel mondial dont il est certainement l'un de pères fondateur, je ne sais pas quelle aurait été sa réaction !

 

 

Il me dit alors en fûts de sherry ? Au prix où ils sont, c’est une folie !!

 

Mais un autre problème fait tiquer mon hôte. Sur la bouteille deux noms : GEORGE HARPER et JIM BEVERIDGE, masters blenders ! Il me dit que seul lui créait les blends et qu’il doit y avoir une erreur. Effectivement, là non plus je n’y avait pas pensé. Les deux hommes en question et leur équipe de master blenders de JOHNNIE WALKER version 21ème (10 en tout) étaient loin d’être conçus en 1865.

 

Il n’empêche que c’est eux deux qui sont à l’origine de cette gamme JOHNNIE WALKER BLENDER’S BATCH et qui ont participé à de nombreuses expérimentation en mélange et en finish et surtout eux qui ont créés le SWEET PEAT que nous allons goûter !

 

Bref me voilà en train de déguster un whisky du 21ème siècle avec un homme du 19ème ! Et pourtant je n’avais encore rien bu !

 

 

JOHNNIE WALKER SWEET PEAT

 

Qu’en est-il ?

 

Déjà le verre rempli, éveil l’esprit de mon hôte : sa couleur ambrée marron n’est pas très habituelle à cette époque-là.

 

Ce blend n'est que douceur. Au point que mon hôte habitué à des whiskies plus charnu me dit : « il y a de l’alcool là-dedans ? C’est ce qu’on donne aux enfants ! ».

 

Effectivement bien qu’il titre 40,8 % d’alcool, ce whisky est vraiment doux.

 

Avant même de plonger le nez franchement dans le verre, il s’en dégage une odeur de sirop caramélisé. En revanche quand on plonge le nez franchement dans le verre, ce sont de belles effluves reconnaissables de vieillissement sherry qui surgissent. Des raisins biens mures et des fruits rouges. Au côté de ces senteurs vineuses on peut détecter une pointe d’épices ressemblant à celle d’un clou de girofle.

 

Au second passage le tout s’arrondit et c’est désormais la douceur d’une pomme légèrement caramélisée qui arrive.

 

Au troisième passage l’odeur se retend pour se rapprocher de celle des agrumes. Pour autant il faut vraiment rester dans le verre pour que le nez détecte les odeurs de tourbe du CAOL ILA qui a servi de base.

 

 

 

« slainte mhath »

 

La douceur annoncée se retrouve en bouche, mais il ressort également une pointe de tension avec tour à tour l’arrivée de goûts de pomme, d’épices et la légère âpretée du fût de xéres. La tourbe annoncée est présente mais légère et en arrière-plan sur toute la dégustation. En le gardant en bouche, il va d’abord passer par des notes fruitées sur la langue mais plus salées et épicées sur le palais. Au final le tout se mélange pour s’arrondir et créer ce qu’on pourrait ressentir comme la texture (pas le gout je vous rassure) d’un gros marshmallow tapi dans tous les recoins de la bouche.

 

Une fois avalé le final est moyennement long et laisse des effuves de fumée et de fruits rouges.

 

Le verre vide est un délice de chocolat !

 

Je trouve que ce Blend, qui ressemble à un single malt, est un très bon compromis entre le caractère marin du GREEN LABEL et la douceur du PLATINIUM LABEL. Dommage que ce soit pas une gamme à part entière !

 

Mon hôte me dit que ce whisky est très intéressant et pourrait entrer dans une gamme ! Mais il va falloir qu’il remonte un peu plus au nord en Ecosse pour aller voir cette fameuse distillerie GLENDULLAN ! Aie !

 

 

Par la suite s’en est suivi la dégustation du Walker’s Old Highland (le premier blend des premiers blends) qui m’a fait atteindre le firmament du whisky mais c’est une histoire que je garderai pour moi.

 

Je vais m’esquiver tant que je n’ai pas trop mis le bazar à cette époque. Je vais retourner dans mon BRADPEAT temporel et vais revenir au 21ème siècle pour fêter les 200 ans de la marque à l’homme qui marche encore et toujours.   

 

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