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GLENDRONACH CASK STRENGTH BATCH 9

 

Pour la dégustation du GLENDRONACH CASK STRENGHT BATCH 9, le rendez-vous de Stewart « Keeper of the Quaich » BUCHANAN ne nous a pas été donné par à la distillerie bientôt bi-centenaire, mais à côté de l’ancienne demeure de James ALLARDICE (la GLEN HOUSE).

 

Il souhaite nous montrer une pierre tombale posée dans l’herbes avant de nous conduire dans la salle à manger de la maison georgienne.

 

Sur la plaque on peut lire « Esmeralda my flamenco dancer 1808-1832 RIP». Etrange comme inscription ! De quoi éveiller notre curiosité, nous qui étions venu goûter un whisky.

 

 

 

Stewart nous raconte alors que l’histoire de cette danseuse est complètement liée à la dégustation du batch 9 car elle fait référence à un évènement qui se passe tous les ans à la distillerie en même temps que la sortie du batch annuel de ce cask strength.

 

Commençons par l’histoire. Qui est cette Esméralda ? Stewart nous raconte que l’histoire de cette danseuse de flamenco est intimement liée à James Allardice, et à une des spécificités de la distillerie : le vieillissement en fut de Xeres.

 

L’histoire s’est déroulé en 1830 lors d’un séjour de James Allardice (« Cobbie » pour les intimes) dans le sud de l’Espagne en Andalousie à Jerez de la Frontera. Comme il le faisait depuis 5 ans, « Cobbie » et son équipe sont venus en Espagne pour chercher les fûts de Pedro Ximenez et d’Oloroso qui allaient servir au vieillissement des distillats. Mais cette fois-ci à l’occasion d’une soirée dans une bodega, il a vu une danseuse espagnole (la fameuse « Esmé ») et est complètement tombé amoureux d’elle. 

 

Ok ce sont des choses qui arrivent même pour un Laird écossais respectable. Le problème était que Cobbie, justement en bon Laird écossais, était marié et que l’exotisme espagnol n’était pas complètement le bienvenu en Ecosse. Un second problème s’est présenté à lui quand, après plusieurs soirées, la fameuse danseuse est également tombée amoureuse de lui !! L’amour impossible du Laird et de la danseuse (de quoi écrire un livre). Bref !  Mais nous ne sommes pas là pour parler d’autre histoire d’amour que celle du whisky !

 

Le fait est que notre cher Cobbie, ne voulait pas repartir d’Espagne sans sa danseuse ! Il lui est alors venu une idée pour que personne ne soit au courant : la mettre dans un gros sherry butt de pedro- ximenes (vide évidement). Tout était bien ficelé pour la ramener par bateau dans les highlands, mais c’était sans compter sur le mois et demi de traversée qui ont eu raison de fameuse danseuse. Dejà pas très épaisse au départ (et malgré des victuailles) Cobbie l’a retrouvé plutôt sèche (et surtout bien morte) à l’arrivée. Bon ok, James était fort pour le commerce de whiskies, mais pour ce qui est du transport de passagers… L’avantage c’est que sa femme n’en a rien su. La plaque où nous trouvions étant au fond du jardin, elle ne connut jamais son existence.

 

Mais quel lien entre ce drame et notre dégustation ?

 

Stewart nous dit qu’il va nous expliquer en goûtant le CASK STRENGHT BATCH 9. Pour se faire, il nous amène dans la fameuse GLEN HOUSE (construite en 1771) qui a logé une bonne partie des propriétaires des lieux et a traversé près de deux siècles d’activité de la distillerie. En nous conduisant dans la salle de dégustation refaite depuis peu, il nous prévient que la légende dit que le fantôme de la danseuse espagnole hante les lieux. On comprend ainsi le pourquoi du rendez-vous devant la pierre tombale et l’histoire !!

 

En revanche, une fois dans le pièce, Stewart nous prévient qu’il s’y passe parfois des évènements surnaturels, car, toujours selon la légende, de temps à autre, le fantôme de la danseuse aime venir déguster certains des distillats présentés sur les étagères. Il finit en plus par nous dire que sa présence est d’autant plus remarquée en période de sorti du batch annuel du cask strength ! La boucle est bouclée et pour une fois les frissons qui nous parcourent le corps ne sont pas uniquement liés au fait de déguster un whisky mais bien à un sentiment de peur.  

 

Gardons néanmoins l’esprit concentré sur notre dégustation.

 

Après le fruité du batch 7 et la puissance épicée des 61 % d’alc du magnifique batch 8 (voir ici la dégustation), que nous réserve le batch 9 (troisième batch sous l'ère Rachel Barrie).

 

Stewart nous le présente : bien entendu comme par le passé, il n’a connu aucun intermédiaire entre les fûts de Pedro-Ximenes (très largement majoritaire dans cette cuvée) et ceux d’Oloroso (passé en second plan pour ce batch) et la bouteille que Stewart tien dans sa main. Ce vieillissement lui a procuré une belle couleur légèrement ambrée plutôt claire (qui montre un vieillissement moyennement long). Mais surtout, sur le papier des arômes plus doux (Xeres PX) que secs (Xeres Oloroso). Son degré est « beaucoup plus bas » que le précédent (59,4 % contre 61 % -, ;) ), mais je ne pense que cela suffise à le transformer en eau !

 

Alors que Stewart s’apprêtait à nous servir, un claquement sourd se fait entendre. La porte d’entrée de la pièce venait de se fermer avec grand fracas ! My god ! Serait-ce la danseuse espagnole qui s’invite à la dégustation ? Le fait est qu’avec tous les convives nous nous sommes regardé dans un silence assez pesant ! Seul Stewart continuait à servir nos verres avec un petit sourire en coin.

 

Brrrr, revenons à la dégustation du GLENDRONACH CASK STRENGTH BATCH 9.

 

C’est fébrile que nous approchons le nez du verre. Déjà de loin on détecte une belle odeur de torréfaction, de sucre et de caramel. La peur au ventre on sent qu’on va quand même passer un bon moment.

 

Quand on plonge plus profondément le nez dans le verre on y découvre une certaine fraicheur maltée et camphrée (jeunesse et force de l’alcool certainement). Un moment on détecte même une pointe de tabac froid.

 

Le second passage replace le distillat dans la grande lignée de Glendronach avec de belles notes sucrées de PX avec des fruits noirs bien murs et des épices qui viennent chatouiller puis piquer les cils.

 

Au moment où, lors d’un troisième passage, je ressent un coté vineux et des raisins gorgés de soleil, un verre vide se renverse sur une table basse.

 

Mon dieu mais l’histoire de la danseuse est-elle vraie ? La dégustation se transforme en frayeur. 

 

Stewart nous dit « keep cool, it’s normal ! » ! Il est marrant lui !!!

 

Certainement pour nous changer les idées, avant de goûter au whisky, il change de sujet et nous parle des quatre alambics de la distillerie (dont un avec un col plus proche de celui d’un saxophone que d’un col de cygne) qui ont pour objectif de ne garder que les molécules les plus lourdes et puissantes, et donnent un distillat qui répond très bien avec les échanges le bois des fûts de sherry !

 

Pour nous calmer, il nous invite à glisser une goutte d’eau dans notre verre. Bien entendu, elle calme également le distillat et laisse ressortir des notes chocolatées et maltés.

 

 

Le idées à nouveau clair (mais pour combien de temps), il lance « slainte mhath » et ainsi le début de la dégustation.

 

En bouche le distillat fait preuve d’une grosse densité de fruits rouges et de chaleur. Quelques secondes après avoir fait son entrée en bouche, une fine pique d’épices apparait sur le bout de la langue. Par la suite, il se réchauffe de plus en plus et révèle un épais côté beurré et pâtissier. Quelques secondes passent et surgit une pointe furtive d’amertume. Elle précède une fin de dégustation sur des notes boisées liées au jeune âge du distillat.

 

Globalement le souvenir sera sucré et pâtissier. La force du distillat est plutôt bien maitrisée et pas agressive.

 

Après avoir avalé ce distillat, la finale sera moyennent longue sur l’anis étoilée et sur une impression moelleuse. Il laisse un côté suave en bouche.

 

Avec de l’eau, il n’est que sucre avec un juste une pointe d’amertume sur la langue

 

Le verre vide laisse planer un malt fermier mais également très porté sur les fruits rouges.

 

Bon c’est finalement confiant et rassuré que nous terminons la dégustation. Comme quoi les 59,4 % d’alcool semblent faire leur effet et donner une certaine assurance.  

 

 

Mais c’était sans compter sur le fait qu’une fois à l’extérieur de la maison, nous avons découvert un étrange nuage dans le ciel bleu de Forgue. Il ressemblait à un visage de femme qui semblait nous regarder….un visage de danseuse espagnole peut-être ! 

 

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