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ROZELIEURES PARCELLAIRE ARGILEUX THIACHAMPS VS PARCELLAIRE LIMONEUX CLOS DES CHAMPS

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Nous n’étions pas revenus voir Christophe Dupic depuis la dégustation de son whisky finition HSE (voir ici la dégustation), mais dans le cadre d’un tour des whiskies bios et les whiskies de terroirs avec mon van, il m’était impossible de ne pas faire un nouveau passage en Lorraine au pays de la mirabelle et du whisky.

 

Il fallait évidement que je retourne avec BRAD PEAT du côté du village de Rozelieures pour aller goûter et comparer les deux premiers whiskies parcellaires de la marque : Le Rozelieures Parcellaire  "Thiachamps" et "Le clos des champs".

 

 

La charmante et calme bourgade lorraine de Rozelieures au-dessus de laquelle trône une Chapelle et une Maison de la Mirabelle, héberge surtout une des premières distilleries de whisky françaises (qui a vu le jour il y a déjà plus de 20 ans).

 

Mais chose que l’on redécouvre aujourd’hui, c’est qu’il n’est pas qu’entouré de mirabelliers mais qu’il est également cerné de toutes parts par des parcelles d’orge (dont 18 appartiennent à la famille d’agriculteurs GRALLET DUPIC). Dans cette ancienne région volcanique, ces parcelles sont soit limoneuses (au sud-ouest du village), soit argileuses (à l’ouest), soit argilo-calcaire (au nord) ou même volcaniques (au sud). 

 

 

C’est avec un tel choix de terres variées que cette famille d’agriculteurs cultive depuis bien longtemps, et avec une expérience éprouvée (tant comme fermier que comme distillateur), et que Christophe DUPIC s’est dit « mais pourquoi ne pas devenir le premier distillateur au monde à proposer un whisky fabriqué de la graine d’orge à la goute de distillat ? »  L’idée des parcellaires était née. 

 

Déjà qu’est-ce que l’approche Parcellaire ? Et bien simplement, à l’instar des vins de Bourgogne et leurs climats, on va ici avoir un whisky intégré et tracé qui va permettre de produire un whisky limité à la production d’orge d’un seul champ (et des champs on l’a vu il y en a 18).

 

Mais en fait, l’approche parcellaire, qui nous promet de belles réalisations dans les 7 prochaines années (au rythme de 2 ou 3 sorties par an), va au-delà de la « simple » traçabilité champs d’orge-bouteille, elle est aussi l’aboutissement d’une intégration verticale totale de la production de son whisky (qui d’ailleurs va même jusqu’à l’autonomie énergétique grâce à une unité de méthanisation !). 

 

 

En effet, déjà forte de produire l’orge destinée à cette série limitée, la distillerie dispose de sa propre malterie (Malterie de Hautes Vosges). De plus, bien entendu c’est à la distillerie que se passe le brassage et surtout la distillation dans les deux gros alambics, mais chez ROZELIEURES, on va encore plus loin en proposant bientôt le bois destiné à fabriquer les fûts qui hébergeront les prochaines versions !

 

Si ce n’est pas de l’intégration et de la possibilité de traçabilité. D’ailleurs, les bouteilles de la série arborent fièrement les trois mots : FERME-DISTILLERIE-MALTERIE.      

 

Pour ces deux premières séries limitées donc, Monsieur DUPIC a choisi d’utiliser, dans un cas, de l’orge semée sur un sol argileux (TIACHAMPS) et, dans l’autre, Limoneux (LE CLOS DES CHAMPS). L’objectif est ici de d’obtenir un whisky rond et gras dans le premier cas, et, plus floral et végétal dans le second (nous verrons plus bas si c’est bien le cas).

 

 

Avant de passer à la dégustation voyons un peu les forces en présence. Déjà, afin de pousser au plus loin possible l’approche du différentiel du sol, les deux distillats de la première série sont issue de la même orge (Etincel) qui a été semée en septembre 2016 pour la saison d’hiver et récolté en juin de l’année suivante.

 

Dans le coin ouest du village, on va trouver le Parcellaire « Tiachamps » distillé juillet 2018 à partir d’une orge semée donc sur un sol argileux. Un fois distillée l’élixir a passé 3 ans (à vérifier) dans d’ex fûts de cognac et des fûts en chêne lorrain neuf.

 

Dans le coin sud-ouest du village, on va trouver le Parcéllaire "Le Clos Des Champs" qui lui a été distillé en mai 2018 à partir d’une orge cultivée sur un sol limoneux donc avant d’être vieilli lui aussi pendant 3 ans en en ex-fût de cognac et ex fûts de bourbon.   

 

  

Passons à la dégustation pour voir si l’impact des sols joue.

 

La couleur des deux distillats est assez proche l’une de l’autre. Elle va être dorée et très légèrement cuivrée. Pas de différence à ce niveau.

 

Pour ce qui est du nez du Parcéllaire « Tiachamps ».

 

Au premier passage, le nez va découvrir une odeur d’orge et de paille mais également un mix de fruits du vergers murs et sucrés (pomme, poire, Reine-Claude). On peut détecter quelques épices lointaines en s’attardant dans le verre.

 

Au second passage parmi tous ces fruits, la poire bien mure  (qui pour moi est la « signature Rozelieures ») sort du lot. Pour autant on va concerver la chaleur d’une pointe d’orge.

 

Le troisième passage du nez va être un peu plus tendu (jeunesse du distillat) et va aller sur l’encaustique apportant de fait une certaine fraicheur.

 

Dans le creux de la main on sera clairement sur l’orge et la paille.

 

De son côté, le nez du Parcellaire « Clos des champs » va s’avérer beaucoup plus frais.

 

Le premier nez est plus directement sur la « poire Rozelieures » et se pare également d’une pointe de paille. Il est plus frais et floral que le « Tiachamps ».

 

Au second passage il devient plus gras et plus sur le sucre. La poire est toujours là mais encore plus mure que le premier cas.  On peut lui trouver une pointe d’amande. Il est moins épicé que son confrère mais néanmoins laisse échapper des notes de poivre en rétro-olfaction une fois le nez sorti du verre.

Sur le troisième passage on détecte une pointe de fumée sur la fin mais il semble avoir une emprunte olfactive un peu moins marquée que le premier.

 

Dans le creux de la main, il laissera plus des notes vanillées et chocolatées.

 

Goutons aux deux pour voir ce qui les sépare.

 

Le « Parcellaire TIACHAMPS » à une entrée en bouche clairement connotée « Rozelieures » sur la poire. Il est dense et épais. On détectera tout d’abord des notes poivrées puis des notes épicées mélangées bien marquées.

On notera ensuite l’arrivée des fruits, d’une pointe de raisin mais également d’un peu d’âpreté sur la fin (certainement en lien avec le fut de cognac). On a affaire ici à un whisky pâtissier qui s’intensifie au fil de la dégustation. Il laisse une pointe d’âpreté sur le devant de la bouche mais n’est que velours dans le reste de celle-ci.

 

Une fois avalé, il a une finale longue. On aura dans la gorge une sensation de velours et un fonds d’âpreté du fût de vin.

 

Le verre vide laissera des effluves de paille et de pèche.

 

Pour moi, le « parcellaire CLOS DES CHAMPS » est assez diamétralement différents (validant ainsi l’impact des sols).

 

Il est beaucoup plus frais en bouche et la remplit plus vite que son confrère.

 

En revanche je lui trouve une pointe d’amertume citronnée absente dans le « TIACHAMPS » et une âpreté du fûts de cognac plus marquée que chez le précédent. Ces deux impressions restent d’ailleurs assez longtemps en bouche.

 

Il est très végétal et limite tendu (à mon goût). Cette tension a pour moi du mal à s’arrondir et va même engendrer des épices bien marquées que le précédent. Peut-être mériterait-il un séjour plus long en fût. Sur la fin il s’adoucie néanmoins pour aller vers la cannelle et le chocolat.

 

Sa finale boisée et fraiche est moyennement longue. Elle laissera des notes poivrées en bouche.

 

L’objectif que s’était assigné Christophe DUPIC semble atteint. On note une très nette différence entre les deux distillats, possiblement du fait des vieillissements choisis, mais surtout clairement en lien avec le sol ou l’orge (similaire rappelons-le) a été plantée.

 

On va avoir ici clairement un whisky chaud et gras, issu d’une orge semée sur un sol argileux, et un whisky frais et floral, issu lui d’une orge semée sur un sol limoneux.

 

Personnellement, à prix équivalent (73 € pour seulement 2000 bouteilles par référence) PEATDREAM aurait un gros penchant pour le premier le « PARCELLAIRE TIACHAMPS ».  

 

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https://www.dugasclubexpert.fr/rozelieures-le-parcellaire-thiachamps- 

 

et sur 

 

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Il n'y en aura pas pour tout le monde !

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