MARS The Y.A.#1 & The Y.A.#2

Tout d’abord, vous le savez certainement si vous avez l’habitude de me lire, j’adore vous ennuyer avec quelques notions d’histoire et un petit rappel s’impose.

Le groupe HOMBO SHUZO (fondée en 1872) c’est diverses productions dont du shochu (liqueur japonnaise), mais surtout du whisky depuis 1949.

La vraie production de malt a réellement débuté sous le contrôle Kiichiro Iwai (ancien disciple d’un certain Taketsuru quand même) à Yamanashi dans la région de Chuo (au centre de l’archipel) en 1960. Cependant quelques années plus tard, la production de vin a pris le dessus et celle du whisky a été  déménagé à Shinshu-Komagatake, puis fermé !

Tenace, le groupe insiste et, dans les années 70, ouvre une nouvelle distillerie à Kagoshima sur l'île de Kyushu au sud tropical de l'archipel cette fois-çi. Le résultat est le même : fermeture !

Vous ne connaissez pas l’entêtement japonais ? 10 ans plus tard, il créait la distillerie Shinshu-Komagatake dans la région de Nagano au cœur des Alpes japonaises. Ce coup semble être le bon et en 1985 la production est là et sa qualité semble à la hauteur.

En revanche, comme le sort semble s’acharner, le whisky japonais subit une crise et les ventes ne suivent pas. La distillerie ferme en 1992.

Mais la crise n’est pas définitive et les whiskies japonais retrouvent le goût des consommateurs. 

Mise en sommeil, la distillerie Shinshu produit à nouveau depuis 2011. Pour la petite histoire, en 2014, ses deux alambics historiques (créés par Kiichiro Iwai) sont mis en retraite au profit de deux nouveaux de fabrication japonaise. Si vous avez la chance d’aller dans le Alpes japonaises, vous pourrez les voir au milieu de la cour de la distillerie (la plus haute du Japon) et surtout à son single malt Komagatake.

Ça c’est l’histoire de la première distillerie du groupe. Mais depuis 2016, une seconde distillerie a été ouverte : TSUNIKI

Comme nous l’avons vu, le groupe HOMBO SHUZO est tenace et aime bien relever des défis. Aussi, il a décidé d’implanter sa nouvelle distillerie sur le site même où l’aventure avait raté dans les années 1970 : Kagoshima.

Surtout c’est ici qu’une grande partie de l’aventure a été lancé car sur le site se trouve la maison familiale du créateur originel (je vous propose d’aller vous délecter de la dégustation du TSUNUKI Single Malt Edition 2022 pour en savoir plus).

Tsunuki est ainsi la distillerie la plus méridionale de l’archipel nippon. Nous nous trouvons sur l’île de Kyūshū à côté de la ville de Kaseda, sur la péninsule de Satsuma. Nous sommes au milieu de forêts luxuriantes et le long de la rivière qui charrie l’eau pure venue des montagnes Choya et Mount Kurata et qui lui sert à la création de son distillat.

Voilà pour les dates. Elles ont leurs importances car les blends dont je vais vous parler aujourd’hui sont le fruit de leur assemblage (avec des proportions et des vieillissements différents bien entendu mais nous allons y revenir).

L’objectif des distillats YA étant de mettre en avant la quintessence du savoir-faire du groupe HOMBO SHUZO, il faut intégrer ici un troisième élément : le chais de vieillissement. 

Le groupe en a plusieurs à disposition, mais celui qu’il a décidé de mettre en avant est situé sur l’ile de Yaku-shima, larme du japon située au sud de la archipel : le Yakushima Aging (si vous suivez le YA vous parle maintenant ?)

Sa particularité ? Il est situé non loin de forêts luxuriantes peuplées de cèdres plus que millénaires (certains auraient même 7000 ans) et surtout dans un climat tropical avec un taux d’humidité moyen de 75 % et 300 jours de pluie par an (certains disent même qu’il pleut 35 jours par mois).

Autant dire un paradis pour la part des anges mais une plaie pour le gestionnaire de stock !!

Nous y voilà, les éléments sont là :

- 2 distilleries avec deux distillats différents :  La distillerie Shinshu (et son Komagatake) qui produit du whisky non tourbée (mais qui fait quelques fois du tourbé), et Tsunuki est une distillerie qui produit du whisky tourbé (mais qui fait quelquefois du non tourbés). Vous voilà informé !

- 1chais de vieillissement Yakushima qui contient principalement 80 % des fûts de bourbon et 20 % de  fûts de sherry (il se dit aussi qu'il y aurait tapis dans le fond du chai des futs en bois japonais ou venu du Portugal mais ne le repetez pas c'est un secret).

Ya ?

Le premier distillat YA qui a été proposé par Mars se veut très légèrement tourbé (donc plus de Komagatake) et a vieilli en fûts de bourbon et de xérès. Il titre quand même 52 % ABV. Il se pare d’une couleur or profond très légèrement ambrée.

Le nez est très fruité sur des notes moelleuses d’ananas et d’oranges juteuses.

On détecte ensuite des notes de vanille et de sucre candie le tout sur une pointe très finement épicée.

La tourbe est vraiment très discrète et montre un côté très légèrement iodé et surtout masqué derrière les notes fruitées.

Si vous glissez du distillat dans le creux de votre main ce ne seront pas des notes fumées qui ressortirons mais de notes d’orange.

En bouche il reste moelleux et sucré. Ensuite, il se rafraichi avec la petite pointe de tourbe et se s'assèche avec certainement un effet xérès, mais reste globalement sur des notes sucrées et fruitées.

Alors que quelques épices viennent chatouiller la langue, il revêt un coté très moelleux et dense sur l’ananas qui nous ferait presque penser à la mousse gorgé d’eau qui parsème le sol dans la forêt millénaire juste derrière le chai.

A la descente, il relance une pointe tourbée et iodé mais repars sur les fruits et un coté légèrement boisé.

Le verre vide reste figé sur un mélange d’orge, de fraise et de cacahouète. En revanche ce sera lui qui révèlera le plus la tourbe du YA #1.

Pour cette seconde version, la maison Hombo Shuzo nous annonce un whisky plus tourbé (donc certainement plus de Tsunuki !). Son vieillissement est similaire à celui du YA #1 et devrait ainsi vraiment montrer l’impact de l’assemblage des distillats. Il est annoncé à 15 ppm et titre 49 % ABV.

La couleur de ce distillat est très légèrement plus marquée que son prédécesseur.

Au nez, au premier passage il est également très fruité, sur des notes de fruits du verger gorgés de soleil et de banane flambée.

C’est au second passage qu’il va révéler sa tourbe avec un fond d’odeur de fumée froide plutôt marine. On peut là également détecter des épices qui viennent réveiller les cils du nez.

Au troisième passage, la fumée de tourbe s’épaissi et prend des allures de crème caramel vanille.

La confirmation de la présence d’une tourbe plus marqué est validée par la paume de la main. Le distillat y délivre des notes clairement plus fumées. 

En bouche, il est lui aussi moelleux sur un gout de prune, mais il révèle plus vite des notes iodée. Avec des épices plus marquées que le précédent (notes de poivre) il vas être plus vif. Il part ensuite sur des notes mielleuses. C’est sur la fin que l’impression de fumée de tourbe ressort légèrement une fraicheur iodée.

A la descente, il laisse en bouche un coté plus velours et semble un peu moins persistant que son prédécesseur . En revanche il relâche des notes tourbées plus marquées.

Le verre vide conservera lui aussi de notes de fumée mais là vraiment plus marquées que le # 1 et des notes poivrées.

Globalement que l'on se positionne sur le #1 ou le #2 on reste dans un monde de douceur et de volupté. Bien entendu quand on s'appelle PEATDREAM on a un petit penchant pour le second, mais on ne rechignera pas a replonger dans le premier ! Rendez-vous à La Maison du Whisky ou chez votre caviste préféré ! 

Moi je dis vivement le The YA #3 qui sera peut-être tourbé ou pas !!

Si vous êtes curieux je vous propose d'aller faire un tour sur le site officiel de la brasserie de saké Honbo (hombo.co.jp) ou de jeter un œil à la petite vidéo juste là !!