COMPASS BOX NO NAME N°3

Jamais un whisky sans nom n’est autant attendu. Deux ans déjà que nous patientions.

 

Pour les amateurs de tourbe, voici enfin le 3ème (et malheureusement dernier) volume de la série NO NAME de COMPASS BOX.

 

 

Après le NO NAME en 2017 savamment composé par John Glaser himself, et le NO NAME N°2 composé, lui en 2019, par Jilian Boyd (deux blends que je vous avais proposé de comparer ici), c’est désormais à James Saxon (arrivé chez COMPASS BOX en 2019) qu’il a été confié la lourde tâche de clore la série et de mettre un dernier coup de tourbe.

 

On ne rigole pas sur le bizutage chez Compass Box. « Tiens, le nouveau, on va voir ce que tu sais faire, fait nous un NO NAME différent des deux autres ! ». On va voir plus bas que le résultat est pas mal du tout ! 

 

 

Si on fait un bref rappel sur le NONAME, le principe est simple : proposer un panel de tourbe différent d’un exemplaire à l’autre.

 

Composé majoritairement de whisky d’Islay comme ARDBEG et CAOL ILA, le premier NO NAME avait une tendance tourbée épaisse et robuste. Son successeur, le multi insulaire N°2, se voulait, lui, plus fruité avec du CAOL ILA en sherry-butt et du TALISKER (de l’ile de Skye).

 

Cette fois-ci, l’équipe de John Glaser, nous annonce un distillat plus vieux et plus authentique que ses prédécesseurs.

 

 

Pour le réaliser, James Saxon a choisi des distillats majoritairement d’Islay et de plus de 15 ans.

 

Il nous fait voyager sur Islay avec un distillat marin de chez LAPHROIG (vieilli 15 ans en hogshead) pour les ¾ de la composition, et un fruité et « exotique » BOWMORE (vieilli 18 ans en ex-fût de bourbon).

 

Pour contre-balancer les embruns et la fumée, il nous amène ensuite dans le SPEYSIDE avec du distillat MORTLACH de 18 ans puis dans les HIGHLANDS avec, d’une part, un distillat CLYNELISH (ayant passé 17 ans en sherry butt) et, d’autre part un blend (dont seul James a le secret), vieilli 13 ans en fûts de chêne français toasté.

 

Sur le papier, la bouteille vieux rose, devrait ainsi nous proposer un distillat aussi fumé que le NONAME initial et encore plus fruité que le No Name No. 2. 

 

Qu’en est-il de ce whisky couleur or clair ?

 

De loin la tourbe vous appelle ! Viens viens !!

 

Islay est clairement dans le verre. Attention si la tourbe vous fait peur s’abstenir, si vous l’aimez…vous allez être aux anges.

 

Au premier passage clairement une tourbe épaisse et sucrée. On reconnait clairement la patte Laphroaig (hey votre serviteur est quand même un FoL qui s’assume). Il nous projette directement devant l’âtre d’une vieille maison d’Islay ! Un mélange d’odeur de fumée épaisse mais fraiche et de grange qui fait le charme des whiskies d’Islay. La tourbe est ici marine avec un fonds d’air du large, elle sera presque camphrée.

 

Au second passage l’odeur va s’arrondir et se sucrer légèrement et partir vers des notes plus fruitées de pèche et d’ananas avec peut-être effectivement un BOWMORE qui fait son apparition (plus fruité et tourbe beaucoup plus en retrait). Mais je vous rassure la tourbe n’est pas partie bien loin et elle reste bien présente.

 

L’odeur de grange est accrue au troisième passage comme si les portes s’étaient refermées (masquant l’air marin) et que seul le côté terrien restait présent (peut-être les distillas venant du continent ?). Les derniers arômes vons être beaucoup plus discrets et la tourbe qui est venue tapisser votre nez laisse enfin plus de place à d’autres odeurs plus légères.

 

Dans le creux de la main, l’odeur de fumée est bien présente, mais elle ne s’accompagne pas cette fois d’une odeur de pneu, mais plus d’une odeur de fève de cacao torréfiée.

 

 

L’entrée en bouche est fraiche et fruitée (fruits très mures). Au bout de quelques secondes viennent des épices poivrés qui se développent, augmentent et comme une courbe parabolique redescendent pour se transformer en notes vineuses. La sensation va ensuite encore s’épaissir avec des notes plus pâtissières.

 

On conserve la fraicheur d’une tourbe d’Islay car une pointe de sensation tourbée et saline ressort d’un coup. Mais le whisky reste épais et boisé (peut-être la prédominance du fût hogshead).

 

La finale est longue sur les dernières notes pâtissières que nous avons eu sur la fin de la dégustation. On ressentira quand même un fond d’air du large quand on respira la bouche grand ouverte.

 

C’est toujours un déchirement de voir un verre vide. Mais il y reste toujours de magnifiques aromes. Surtout avec un whisky tourbé comme le NO NAME 3. Ici on va bien évidement conserver tout le coté suave de l’odeur de la tourbe mais on va aussi trouver une odeur citronnée assez prononcée.

 

Quand on pense que c'est peut-être le dernier de la série....on en aurait presque la larme à l'oeil ! Aller John...encore d'autres !!!