Quand on a un site internet qui s’appelle peatdream.com, on peut imaginer aimer les whiskies tourbés, alors imaginez ce que fait la création par les équipes de John Glaser du NO NAME en 2017 ! Et imaginez encore l’effet de la récidive en 2019 avec le NO NAME N°2 !
Aussi, je me suis dit pourquoi les comparer pour vous également amateurs de tourbe !
Alors voilà, déjà qu’est-ce qui s’est encore passé dans la tête de John Glaser en 2017 dans le Chiswick studio à Londres ? Il s’est dit, ok, j’ai déjà créé le PEAT MONSTER mais pourrais-je faire encore plus tourbé ? Et pourquoi s’encombrer d’un nom après tout !
Alors on peut imaginer le savant (pas si fou que ça) en train de croiser ses éprouvettes avec des odeurs de tourbes partout dans le labo.
Il prend un peu (beaucoup 75 %) d’ARDEG (bonne base pour de la tourbe) vieilli en fût de chêne américain neuf, y rajoute un peu (10 %) de CAOL ILA lui aussi vieilli en fût de chêne yankee neuf. Bon on a de la tourbe à en chialer. Aussi, John se dit je vais rajouter un peu de douceur florale mais en restant sur du marin et il jette dans son éprouvette 13 % de CLYNELISH vieilli dans un fût hogshead (mélange de fût de bourbon et de fût de chêne neuf) !
Il sourit, satisfait du résultat, mais n’en reste pas moins John Glaser et va ajouter une larme de secret. Il se retourne et prend une petite bouteille de Blend de sa composition (de vieux CLYNELISH et TEANINICH des Highlands et DAILUAINE du Speyside) vieilli en fût de chêne français grillé et en met quelques gouttes. Ça y est, il a son whisky unique ! Il sera tourbé, marin et unique !
Comme tout créateur, John Glaser a des disciples ! Aussi, deux ans après sa création tourbée, il charge l’une d’elle, Jilian Boyd, de créer une seconde version de ce whisky tourbé (on suppose en lui disant de lui donner une touche féminine).
Cette dernière relève le défi et s’attèle à la tâche. Dans la même éprouvette qui avait servi pour le numéro 1, elle met une grosse base de CAOL ILA (75 %) mais, et ce sera sa première touche, vieilli dans un Sherry Butt.
Elle décide ensuite de changer d’ile, quitte Islay et remonte plus au nord sur Skye et ajoute un peu de tourbe marine avec un peu de TALISKER vieilli dans un fût de chêne américain type hogshead (bourbon et neuf). Pour donner une identité commune aux deux moutures, elle y glisse la même quantité de CLYNELISH que John, ainsi on le suppose la même pointe de blend passé en fût de chêne français brulé. NO NAME 2 est né ! Il sera tourbé, sherry et marin.
Alors lequel choisir ? Vous allez plutôt être bouteille noire ou bouteille dorée ?
Ce ne sera pas un choix de force car les deux sont à 48,9 % d’alcool (quand même) ce qui nous laisse quand même imaginer des whiskies corpulents !
Ce ne sera pas non plus une histoire de couleur, les deux versions arborant la même couleur or clair !
Ce sera sur le goût alors !
John Glaser et son équipe voulait faire des whiskies tourbés, il a fait des whiskies tourbés !
Quand le nez plonge dans le premier NO NAME, il est envahi d’une fumée de tourbe épaisse et moelleuse, huileuse. Après une reprise d’air, le nez courageux replonge et prend de plein fouet la puissance de l’alcool. Des notes poivrées viennent le chatouiller les fosses nasales. Aller courage, il faut y retourner. Là on découvre des notes d’agrumes. Néanmoins à chaque passage on se rend bien compte que c’est un whisky tourbé.
Le nez du NO NAME n°2 est différent. Certes, quand il plonge dans le verre, le nez découvre encore et toujours de la tourbe, mais elle se veut plus franche et plus fraiche. Elle se pare déjà de quelques notes de fruits rouges. Le second passage amène plus de fruit que dans la première version (on croirait avoir fait sécher des prunes à la fumée de tourbe. Au troisième passage on pourrait retrouver plus ou moins les notes d’agrumes de son prédécesseur mais avec toujours plus de fraicheur. On va retrouver des notes plus marines que dans la première version.
Et en bouche ?
Quand le NO NAME entre en bouche, c’est avec toute la fanfare de Port Askaig (les tambours compris). On a du monde et on le sent ! Quelle force ! La fumée de tourbe est partout, ce whisky vous réchauffe, comme pour son nez vous avez envie de vous lover dedans tellement il est moelleux ! Quand il reste en bouche, il vous lance des poignées de fruits confits. Il fait chaud au coin de ce feu de tourbe, on est bien ! Une fois avalé, il traine longtemps dans votre gorge sa fumée et laisse se déposer quelques aromes d’orge et une pointe de miel !
Quand le NO NAME n°2 entre en bouche, l’aventure est sensiblement différente. Il est un peu moins puissant que le numéro 1 mais reste bien présent et franc. Certes la tourbe est là, mais elle est cernée par des notes salées (marines). Quand on le garde en bouche, le gout s’arrondi et devient plus moelleux apportant des notes de fruits (l’apport du sherry certainement). Avant d’être englouti, il balance une poignée de fleurs (ce sera ici la touche féminine de Jilian). Une fois au fond de la gorge, il laisse trainer des notes poivrées mais huileuses qui prennent leur temps pour descendre.
Dans les deux cas le verre vide embaume une fumée sucrée et c’est magnifique !
Au final, ces deux versions sont vraiment à la hauteur (mais jusqu’où s’arrêtera-t-il ?). La première est peut-être un peu plus puissante mais plus charnue, la seconde plus fraiche et plus franche, mais les deux sont vraiment des réussites ! Il y en a pour tous les gouts. Bon ok il faut quand même aimer la tourbe car on avait dit un whisky plus tourbé que le PEAT MONSTER ! Il ne vous reste plus qu’à faire votre choix. Le premier était produit à 15 000 bouteilles donc on peut imaginer encore quelques-unes, mais il faudra se dépêcher pour le second car il en a été produit moitié moins !
Vivement dans 2 ans la version 3 (hein John !) !
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