ROZELIEURES BRUT DE FUT EX-BOURGOGNE CASK & MAISON BENJAMIN KUENTZ TOHU BOHU DES TERRES

 

C’est la rentrée, et qui dit rentrée, dit nouveautés.

 

Et pas des moindres pour ce qui est des whiskies français tourbés !

 

Repartons en Lorraine sur les terres de Monseigneur DUPIC, pour une dégustation croisée (plus que comparative) entre le très attendu BRUT DE FUT de ROZELIEURES (en parallèle de ses deux nouveaux parcellaires qui feront l’objet d’une prochaine dégustation, je vous le promets) et un second rejetons lorrain, passé lui dans les mains expertes de BENJAMIN KUENTZ : le nouveau TOHU BOHU DES TERRES.

 

 

Cette fois-ci, le rendez-vous n’est pas dans le village de Rozelieures, mais à ¾ d’heures de route au nord, non loin de Nancy, dans un des 4 chais de vieillissement de la distillerie : le Fort Pelissier.

 

C’est, en effet, dans ce lieu atypique datant de l’après-guerre 1870, perché à un peu plus de 400 mètres d’altitude et caché sous terre, qu’une partie des fûts de whisky de la distillerie attendent paisiblement leur heure dans un univers très humide. Comme on sait que le fort à résister aux allemands lors de deux guerres mondiales, on peut imaginer qui doit pouvoir protéger les barriques Rozelieures.

 

 

C’est certainement pour nous prouver que le choix de l’humidité a ses vertus pour la conservation du whisky, que Christophe Dupic y a choisi deux fûts de bourgogne rouge contenant son distillat tourbé depuis 6 ans pour en faire son nouveau Brut de fut.

 

L’occasion aussi pour lui de nous le présenter dans un nouveau flaconnage tout en doré et un nouveau contenant surement issue des sacs contenant l’orge originelle.

 


Note de dégustation ROZELIEURES - BRUT DE FUT EX-BOURGOGNE CASK

 

Qu'en est-il de ce brut de fût de 53,2 % d’alcool et tourbé à 6 PPM (par la malterie de la maison avec une tourbe écossaise bien entendu vue que les tourbières françaises sont protégées) qui se pare d’une couleur cuivrée ?

 

Au premier passage, avant d’enfoncer son nez, on détecte une certaine chaleur chocolatée et une pointe de fumée tourbée. Mais, elle disparait assez rapidement quand on s’avance plus profondement dans le verre. En restant dans la chaleur, des notes boisées apparaissent accompagnées d’épices qui ne demandent qu’a surgir du verre.

 

Au second passage, alors que les épices tapissent une des narines, la seconde va s’emplir d’un mélange de figues et de poires bien mures. On détectera également une pointe de bombon à la fraise.

 

Au troisième passage,  les épices s’évanouissent légèrement et l’odeur se charge de notes boisées et sucrées. En laissant apparaitre à nouveau les légères notes de fumée que nous avions à l’approche, l’odeur devient plus caramélisée.

 

Dans le creux de la main, l’odeur typique de fumée de tourbe est discrète et se mélange avec le foin et du sucre.

 

Avant de faire son entrée dans la bouche le liquide est précédé d’un léger vent de fumée et d’alcool, qui vous prévient et vous dit attention : « je suis un brut de fût »

 

En bouche, il est très moelleux, chaud et sucré (clairement sur le fruit confit). Mais rapidement, son caractère brut de fût va refaire surface. Il va relâcher ses épices et ses notes rancio (chargée en notes âpres qui nous rappellent qu’il a vécue en fût de vin).

 

Ensuite, il va s’adoucir mais laisse clairement des notes épicées sur la langue. Il devient rond et mielleux dans la reste de la bouche (avec quelques notes tourbées).

 

Quand on avale, on va découvrir une note reglissée et anisée. Il a une finale assez longue, et laisse de chaleur torréfiée dans la gorge et du velours dans bouche. Par la suite, toute les aspirations vont être fraiches.

 

Le verre vide garde des épices et des notes de fruits secs sucrés. On peut détecter la fumée de tourbe au bout d’un moment.

 


Notes de dégustation MAISON BENJAMIN KUENTZ - TOHU BOHU DES TERRES

 

Comme Monsieur DUPIC est du genre partageur, c’est lui qui a fourni le distillat de base de notre seconde dégustation : Le TOHU BOHU DES TERRES (vol1) de la MAISON BENJAMIN KUENTZ.

 

Je ne sais pas si c’est nous, ou BENJAMIN lui-même qui attendait le plus d 'avoir un premier véritable whisky tourbé ? Il voulait produire un whisky du terroir digne de celui d’antan qui se buvait par les troupes Napoleonienne de ce même fort Pelissier avant de partir à l’assaut de l’ennemi germanique.

 

Pour passer de l’esquisse à la réalité, c’est vers un distillat lorrain que le parisien s’est donc une nouvelle fois tourné. Il est revenu de la région Grand Est avec des barriques de whisky issu d’une orge maltée à 35 ppm (quand même) et resté pendant 3 ans en fûts de bourbon.

 

Il a ensuite glissé ce whisky (nom désormais autorisé car plus de 3 ans) dans les douelles moelleuses de fûts portugais de Moscatel pour deux ans supplémentaires.

 

 

Le Tohu Bohu des terres a une couleur dorée légèrement cuivrée. C’est peut-être à ce jour d’ailleurs le whisky le plus foncé de la gamme.

 

A l’approche, il a des notes de pain au chocolat au lait juste sorti du four à bois (c’est l’heure du goûter).

 

Au premier passage, son caractère terrien est marqué avec des notes florales fraiches et des notes agricoles de foin. Il a également des notes d'épices qui viennent tapisser le haut des narines.

 

Au second passage, alors qu’il reste globalement frais, il va se charger d’épices douces et de notes sucrées de pêche.

 

C’est au troisième passage que les notes tourbées vont faire leurs apparitions avec un retour de pointe biscuitée.  

 

Dans le creux de la main, les notes de fumée de tourbe sont indéniables (le pneu est bien là comme on aime).

 

 

Autant, il était frais et presque maritime au nez, autant il va être chaud et sucré en bouche et va clamer, lui aussi, son caractère brut de fût et ses 56,2 % d'alcoolémie. Le différentiel est assez surprenant est déroutant (mais n’est-ce pas ce qu’on aime ?).

 

Après une micro seconde douce et sucrée, il va vite se charger d’épices, de fruits confits et de notes tourbées. Au bout de quelques secondes le feu se calme au moment où apparaissent les notes boisées et âpres du fût de vin portugais. Sur la fin, il devient rond et laisse apparaitre un goût d’abricot mais également la tension de la fumée.

 

En descendant il est médical et fruité.

 

La finale est longue. Elle laisse un souvenir de chaleur et de fumée de tourbe et des notes qu’on pourrait associer au cuir.

 

Le verre vide va dégager des odeurs de fumée mais également de foins et de pêche.

 


 

J’avoue qu’il me paraîtrait assez difficile de choisir entre la chaleur et une tourbe légère et la fraicheur avec une tourbe plus maritime. Mais à quoi bon, la seule chose à laquelle je pense en goûtant des réalisations pareilles (et sans me limiter à ces deux seuls maisons) c’est : « méfiez vous amis écossais de l’eau (distillée) française qui attend patiemment son tour ».

 

En tout cas la rentrée se présente bien, et si vous voulez goûter à ces deux distillats avant les autres, je vous conseille de vous rendre aux deux salons qui vous les présenteront : le salon DUGAS CLUB EXPERT (pour ROZELIEURES) et le WHISKY LIVE PARIS (pour ROZELIEURES et MAISON BENJAMIN KUENTZ).