BENRIACH MALTING SEASON FIRST EDITION

 

Vous savez qu’il y a en Ecosse des lieux mythiques quand on parle de whisky, et pourtant ils ne sont pas tous hantés.

 

Dans le centre du Speyside, par exemple, il y en a un qui est localisé à coté de la ville d’Elgin dans la distillerie aux milles couleurs, BENRIACH. Il s’agit de son aire de maltage historique où germe tranquillement son orge. C’est d’ailleurs en lui faisant référence que l’équipe de Rachel Barrie a créé le nouveau MALTING SEASON que nous allons gouter aujourd’hui.

 

                                                                    Credit : Brown Forman Cie

Nous avions déjà eu l’occasion de faire un tour dans cette distillerie typique lors de la dégustation comparative de deux de leurs références tourbées (10 ans Curiositas et Smoky ten – ici) en compagnie de leur célèbre ambassadeur sur le territoire français Florian G.

 

Mais si nous y retournons aujourd’hui ce n’est pas pour parler fumée de tourbe (si si peatdream aime aussi quand il n’y a pas de tourbe), mais c’est pour s’intéresser à son air de maltage historique.

 

Ok, la distillerie date de la toute fin du 18ème siècle, mais on sait qu’avant d’être une des références du Speyside en termes de whisky tourbé, elle a eu une histoire plutôt tourmentée rythmée par une longue période de fermeture (65 ans sans qu’une goutte de whisky ne sorte de la distillerie). En revanche ce qu’on ne sait pas trop, c’est que, bien que fermée à la production, l’air de maltage (d’origine) de BENRIACH, lui a continué son labeur pendant quasiment toute la période.

 

En effet, si la distillerie n’a vécu que 2 ans avant d’arrêter de produire (de 1898 à 1900) et n’a recommencé à distiller qu’en 1965, son air de maltage lui est resté actif jusqu’en 1999. Elle a fourni pendant 65 ans l’orge malté à sa sœur LONGMORN (située à quelques mètres), et ensuite celui nécessaire à sa propre production quand elle a réouvert ses portes en 1965.

 

Sa malting room a pourtant été vidée de ses derniers grains germés en 1999, quand la distillerie a diversifié son approvisionnement dans la région pour une orge déjà maltée. 

 

                                                                     Credit : Brown Forman Cie

C’était sans compter, en 2012, sur le téméraire Billy Walker (alors propriétaire des lieux) qui a pris la décision de refaire germer de l’orge dans l’aire de maltage (notamment dans le cadre de la production de ses distillats tourbés). D’ailleurs si vous passez dans le coin sachez que la distillerie est la seule du coin à laisser échapper de la fumée de tourbe par son toi pagode. La production n'est cependant qu’épisodique car désormais l’air de maltage fonctionne en mai et en fin d'année, c’est ce qu’on appelle la Malting Season ! De là à voir un lien avec notre dégustation du jour… ??

 

C’est donc pour rendre hommage à ceux qui ont ratissé, retourné, aéré à l’ancienne l’orge pour qu’elle produise justement le sucre nécessaire mais également pour relever l’audace de son prédécesseur, que cette année, la « Maitresse Assembleuse » Rachel BARRIE a décidé de lancer son MALTING SEASON. Pour se faire elle a sorti 24 fûts soit de bourbon (en premier remplissage), soit en chêne vierge, tous remplis avec du distillat issu de l’orge concerto germé localement en novembre 2012 (faisant de lui un distillat d’un peu plus de 8 ans en moyenne).

 

                                                                       Credit : Brown Forman Cie

BENRIACH MALTING SEASON FIRST EDITION

Alors qu'en ait-il de ce distillat couleur jaune or typique du fût de bourbon qui doit ici être majoritaire.

 

L'approche est très discrete et ne se revèle pas de suite au nez

 

Quand il entre dans le verre, le nez detècte une odeur vanillée très douce et chaude avec quelques épices. Néamoins il va également détecter une certaine fraicheur d’agrumes. 

 

Une fois pris un peu d'air frais, quand il va replonger dans le verre, le nez va detecter une odeur moelleuse de pomme et de poire. Il va également noter quand la température du speyside se rechauffe (et ce n'est pas lié au rechauffement climatique mais bien au distillat). Enfin, toujours au scond passage, le nez va detecter la présence de larges arômes de vanille typique du fût de bourbon. 

 

Globalement ce distillats ne sera pas très marqué en alcool, malgrès ses 48,7 % d'alc/vol.

 

Le troisième passage du nez revèle lui un peu plus d’épices et une pointe d’amande.

 

L’orge concerto malté se veut classe et ressort très légèrement dans la main accompagné d’un très fine pointe de fumée.

 

En bouche le distillat se fait doux avec un léger coté poirée.

 

Il devient assez vite épicé et poivré. Alors que le poivre reste collé sur le bout de la langue, le reste de la bouche s’emplie d’un coté pâtissier et moelleux, avec des notes de vanille et de noisette. On notera, ensuite,  une montée en puissance du miel et une légère tension d’amande amère.

 

Son coté boisé ressortira sur la fin au moment de l’avaler. D'ailleurs une fois avalé, il laisse sur une période moyennement longue dans la gorge la fraicheur d’une matinée brumeuse du Speyside, et une note de vanille et d’amande.

 

Si on se lance dans une comparaison avec son cousin germain le ORIGINAL TEN (proche en âge), il va ressortir comme plus sucré, plus rond, un peu moins médicinale et plus doux (bien que plus jeune ce dernier est impacté par un passage en fûts de sherry).

 

Je trouve, une fois de plus que le défis de Rachel Barrie semble relevé ! Mais que nous reserve-t-elle dans l'avenir tellement elle a su donner un coup de pied dans le kiln de Benriach ! Rendez-vous dans de prochaines aventures !