CAOL ILA 15 ANS UNPEATED STYLE 2018

Avant de retourner en France avec mon fidèle Brad Peat, je ne pouvais difficilement profiter de mon passage sur la côte ouest de l’Ecosse sans aller faire un saut sur la reine de Hébrides, j’ai nommé la magique Islay !

 

Sur place direction plein est de l’ile au bord du Sound of Islay chez CAOL ILA. La distillerie des paradoxes. En effet, elle est clairement la plus grosse de l’ile avec ses 6 gros alambics vue mer qui produisent 3,6 Millions de litres de distillats par an (3 fois plus que Bruichladdich –NDLR-) mais pour autant c’est loin d’être celle qui produit le plus mauvais whisky ! En tout cas c’est un des plus reconnaissable et très souvent celui choisi par les embouteilleurs indépendants ou les composeurs de Blend (à la recherche de la pointe de tourbe qui fit la différence).

Et comme j’aime bien découvrir des choses différentes, aujourd’hui, je vais vous faire gouter un CAOL ILA non tourbé ! Si ! Parole de PEATDREAM!

 

Avant de le découvrir je me rappelle le grand moment passé ici avec ma troupe. Assis au soleil, face au Sound of Islay et à l’Ile de Jura avec un verre de 30 ans d’âge, point d’orgue d’une dégustation folle (et affamée) avec notre ami Nigel avec des sorties de fûts (6, 12, 22 et 30 ans !!) ! 

 

 

Mais aujourd’hui, nous allons remonter le Sound of Islay à contre-courant comme le fait Diageo avec ces CAOL ILA versions non tourbées depuis 2005.

 

Alors que la plus-part des distilleries non tourbées n’hésitent pas à rajouter une pointe de tourbe à leur gamme (à base d’orge tourbée ou en vieillissement dans des fûts ayant contenu des whiskies tourbés), un des rois de la tourbe fait du contre-courant pour prouver sa maitrise de la distillation.

 

Alors voilà au début a été rajouté une version 8 ans, mais maintenant que le small-batch annuel a vieilli sa version a pris de l’âge. Aujourd’hui nous allons gouter le 15 ans d’âge Unpeated style distillé en 2003 et embouteillé à la force du fût à 59,1 % en 2018 (13ème du nom). Beau programme.

 

 

De plus, et c’est pour cela que je vous ai choisi celui de 2018, c’est la première fois que CAOL ILA tente la double maturation. Une partie du distillat a été vieillie dans des fûts de chêne américain classique mais surtout une seconde partie a été vieilli en fût de chêne européen qui ont servi à vieillir du xérès en bodega. Pour rappel la différence entre un fût de xérès traditionnel et une fût d’ex-bodega n’est pas la provenance espagnole commune, mais la méthode de vieillissement.

 

Un fût d’ex-bodega Solera (ou pyramidal) voit transiter plusieurs séries de xérès (d’âge de vieillissement différent) plus ou moins vieux au cours de sa vie ce qui lui permet de garder des arômes variés.

 

 

Donc voilà pour la première fois notre CAOL ILA aura un peu de sherry !

 

Qu’en est il donc ?

 

Coté couleur, le Sherry marque un tout petit peu plus ce distillat que sur la version habituelle d’un CAOL ILA. Il n’en garde pas moins une belle couleur d’or qui va s’assombrir légèrement.

 

Quand on ose plonger le nez dans notre verre, on va découvrir une certaine chaleur pâtissière. En faisant durer le plaisir, on va découvrir des notes assez largement épicées qui viennent chatouiller les cils. Au second passage la chaleur sera encore là mais elle son côté pâtissier va être remplacé par l’arrivée de fruits rouges (fraise) et de raisins bien juteux.

 

Au fil des aller-retours cet arôme se rafraichit comme si la brise marine du Sound of Islay s’immisçait dans le verre. Aussi, le troisième passage va être un mélange entre ce côté salin qui va venir au-devant et la fraicheur des bruyères qui entourent la distillerie.

 

On a beau dire, je ne sais pas cela vient de alambics tellement habitués à héberger un mash tourbé ou s’i il s’agit d’un simple embrouillage de l’esprit (à l’idée du liquide du verre habituellement tourbé), mais je trouve qu’il reste une très légère pointe de tourbe dans le verre. D’ailleurs mettez-en une goutte dans votre main, frottez et vous la découvrirez.  

 

Et là on se dit aller je me lance, je goutte un whisky à quasiment 60 % d’alcool. Et bien, que l’on ne s’y trompe pas, quand il entre dans la bouche, il conserve son coté suave. Son coté beurré-pâtissier ressort de suite dans la bouche. Il s’accompagne d’une pointe d’épice mais surtout de la douceur d’une pomme bien mure. Cette douceur s’estompe peu à peu pour laisser la part belle tout d’abord au épices et ensuite au côté vineux apporté par le xéres. Comme pour le nez, la première approche en bouche est chaleureuse et progressivement elle se rafraichi avec l’arrivée de l’iode. Paradoxalement, alors qu’il titre 59,1 % il sait se faire très doux. Il finit même sa course sur des notes mielleuses.

 

Quand il descend dans la gorge il va y laisser assez longuement une pointe de réglisse et un côté vineux plus marqué que dans un CAOL ILA normal. C’est à ce moment-là que l’alcool qui ne paraissait pas trop présente va déposer sa marque et laisser la bouche lascive et endormie.

 

Parole de PEAT DREAM, encore une fois, et même sans tourbe, je trouve que ce CAOL ILA fait son boulot et me dit qu’Islay (la magique) reste une surprise continuelle.

Malheursement je dois poursuivre ma route et retourner en France pas loin de son centre, il paraît qu’il y a un petit nouveau qui sent bon la tourbe et le sherry !!