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Distillerie TESSENDIER -ARLETT SINGLE MALT ORIGINAL, FINITION MIZUNARA et TOURBE

Savez-vous quand dans la région de Cognac, on ne boit pas que du Cognac ? Je vais vous parler d’une honorable dame qui se prénomme ARLETTE TESSENDIER et pour qui la boisson de prédilection était…un bon vieux scotch !

 

Ce sera l’occasion de vous parler et de vous faire découvrir la production de whisky de la DISTILLERIE TESSENDIER en goûtant pour vous le ARLETT SINGLE MALT ORIGINAL, le ARLETT SINGLE MALT TOURBE et le ARLETT SINGLE MALT FINITION FUT MIZUNARA.

 

 

A bord de mon fidèle BRAD PEAT, je prends ainsi une nouvelle fois la direction la belle cité de Cognac. Comme nous le savons, elle est mondialement connue (et reconnue et elle fait une des fiertés de la France), pour sa production de distillat de raisin. Savez-vous que dans la région cognacaise, on distille depuis le XVème siècle ? Et savez-vous que l’appellation COGNAC n’existe que depuis 1909 et que le savoir-faire est inscrit à l'Inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel Français que depuis 2020 ?

 

En revanche, ce que les français savent un peu moins, même si j’ai déjà eu l’occasion de vous en parler dans un article sur la région (ici, même si je ne comprends pas que tout le monde ne l’ai pas lu ! ), c’est ici qu’un tournant dans le petit monde prometteur du whisky français est en train de se jouer. 

 

 

En effet, en ce moment cette région fait des remous avec la multiplication des distilleries de Cognac se lançant dans la production de whisky.

 

Et pas n’importe comment ! En effet, les producteurs de whisky français qu’ils soient petits ou grands, établis ou nouveaux, ont de lourds besoins d’investissements financiers, que ce soit en homme, en structure (matériel, alambics, fûts ou stockage) et en savoir-faire.

 

Et, ici, dans la région de Cognac, cela fait pas mal de temps, qu’on a le savoir-faire de distillation, des alambics reconnus (ce n’est pas pour rien que de nombreuses distilleries écossaises utilisent de alambics charentais), des fûts éprouvés et prêts à partager leurs saveurs, des hommes aguerris et du matériel. 

 

En fallait-il plus pour que de nombreuses maisons se lancent dans l’aventure française du whisky ? Je vous laisse juste jeter un coup d’œil à la carte de France (ici) pour comprendre et voir l’essaim de distilleries quand vous regardez dans le sud-ouest. En plus, les maisons de cognac trouvent dans le whisky (et les autres productions d’alcool), de quoi occuper leurs alambics laissés en jachère en dehors des 7 mois autorisés par l’AOC cognac (septembre à mars seulement).

 

 

Parmi les « nouveaux venus » du whisky (mais pas du cognac), on va trouver la vénérable maison TESSENDIER située en plein centre de la ville de Cognac.

 

Comme je vous le disais, si elle est « nouvelle » dans le monde du whisky, c’est loin d’être le cas dans le monde du cognac ! En effet, la distillerie a vu le jour en 1880 quand un professeur de mathématiques, Gaston Tessendier, s’est décidé à produire de l’eau de vie de raisin pour s’occuper le week-end ! 

 

 

Depuis, la production a été continue et des générations de Tessendiers ont poursuivis l’aventure et on fait perdurer le savoir-faire et la philosophie de la maison. En 1950, elle est devenue une société à part entière et elle produit des cognacs de qualité comme le GRAND BREUIL. En 1993, elle a donné naissance à la gamme de COGNAC PARK fruit d’un cépage Ugni blanc et d’un travail de création et d’assemblage de l’écossais DOMINIQUE PARK et de la famille. Gamme dans laquelle on trouve des cognacs finis en fût japonais MIZUNARA (fûts qui vont nous intéresser aujourd’hui).

 

 

De nos jours, c’est la quatrième génération de TESSENDIER et deux frères qui sont aux manettes. JERÔME, maîtres de chai, et LILIAN, maîtres assembleurs, qui nous régalent avec leur production. 

 

 

 

Ils ont déjà diversifié l’offre cognac de la maison en proposant (en bouteille et même en vrac) une gamme de Rum Caribéen (SAISON), du gin et du Brandy (GASTON) et même déjà du whisky écossais (YARDS).

 

  

Mais c’est surtout eux qui ont décidé de se lancer dans la diversification whisky, depuis peu, guidés par la passion de leur mère pour… le scotch ! Et oui ici en plein territoire cognac, il existe des rebelles qui préfèrent le distillat d’orge malté au distillats de raisin (mais je suis certain qu’elle faisait cela en pleine clandestinité). C’est d’ailleurs pour lui rendre hommage qu’ils ont appelé leur whisky ARLETT (comme elle !).

 

 

 

C’est les équipes des deux frères qui brassent l’orge puis qui s’appuient sur les 6 alambics familiaux, en double distillation, pour produire un « new make » de qualité.

 

C’est ensuite dans une de leurs 14 caves de vieillissement disséminées et cachées dans la ville que le distillat est conservé et vieilli dans un de leur 20 000 fûts de chêne Français (et pas que).

 

Pour prouver rapidement leur savoir-faire et l’étendue de ce qui attendait les concurrents il fallait frapper fort et proposer autre chose que leur production seule. C’est pour cela que dès le premier batch, ils ont également proposé une version tourbée et une version plus exclusive en chêne Mizunara.

 

Je vous propose de tout goûter puisque nous y sommes. 

 


DEGUSTATION ARLETT SINGLE MALT ORIGINAL

 

Le premier distillat que nous allons goûter va nous montrer le savoir-faire de la distillerie dans sa version la plus « neutre ». Il a passé 3 ans en fûts de chêne neuf et en fûts de bourbon.

 

Ce whisky se pare d’une robe couleur paille (effet chêne neuf).

 

 

A l’approche du nez il a des allures de mandarine bien sucrées.

 

Au premier passage du nez il va révéler des notes sucrées et douces de céréales et de fruits blancs mures. A cela vient se mélanger une coté boisé vert qui contrebalance les arômes et dévoilent son jeune âge.

 

Au second passage des épices légères viennent tapisser le haut de l’intérieur du nez quand le cotès boisé reste plutôt sur la partie basse.

 

Au troisième passage c’est le retour de son côté sucré avec des notes sucrées de miel d’acacia, quand son côté boisé va lui donner une certaine fraicheur.

 

 

En bouche, il entre avec une certaine force et une certaine fraicheur. Il a ensuite des notes poivrées mélangées à des notes d’agrume. Il s’adoucie en restant dans la bouche en laissant des notes de bois et de cuir et la sensation du velours sur la langue. Ses arômes francs montrent un peu son jeune âge et sur la fin il perd un peu de puissance pour devenir mielleux.

 

Quand on l’avale il laisse planer des notes boisées dans la bouche et de la chaleur et du velours dans la gorge.

 

Le verre vide est clairement sur la céréale et le bois.

 


DEGUSTATION ARLETT SINGLE MALT FINITION FUT MIZUNARA

 

Cette fois-ci, la distillerie TESSENDIER a choisi de frapper fort et de montrer une nouvelle fois son potentiel. En effet, le maître de chai n’a ni plus ni moins qu’utiliser des fûts en bois japonais MIZUNARA (Quercus crispura pour les afficionados de noms latins !).

 

ET cette fois-ci, la distillerie montre qu’elle dispose du potentiel de fûts car en faisant appel à ce bois japonais, elle entre dans le cercle très fermé (à l’instar de certaines distilleries japonaises et de BOWMORE, DEWARS, ou WRITER’S TEARS en Europe) qui peuvent arguer d’en utiliser pour leur vieillissement. D’ailleurs, TESSENDIER était déjà la seule distillerie de cognac à utiliser ce type de fût pour le vieillissement de ses cognac PARK BORDERIE (on peut d’ailleurs imaginer que ce sont ces fûts qui ont été réutilisés ici).

 

Pour le vieillissement de son whisky, le maître de chai a choisi de panacher un distillat de 3 ans moitié de vieilli en fûts de bourbon et moitié en fûts de chêne américain neuf. Une fois assemblé il a glissé le tout pendant 1 ans dans un fameux fût en chêne Mizunara (ayant donc hébergé du cognac au préalable) pour lui apporter ses arômes d’encens et de santal.

 

 

Ce séjour donne au distillat, une couleur or profond mais un peu moins marqué que le classique.

 

A l’approche du verre, on sent déjà qu’il va être doux car il lâche déjà des arômes sucrés.

 

Au nez il est très discret et fin (à la japonaise). Il va dévoiler des notes florales et également des épices doux comme la cannelle.

 

Au second passage, il est plus médicinal et frais avec des arômes de céréale et de clous de girofle plus marqués.

 

Au troisième passage, ce sont de notes boisées qui sont présente. On peut lui trouver des odeurs de bois d’acacia et autre bois exotiques brulés.

 

D’ailleurs dans le creux de la main, ce côté brulé lui donnerait presque de tourbe très légère.

 

 

Autant son nez était frais autant en bouche il est sucré et moelleux. Rapidement il devient épicé et vient piquer la langue.

 

La fraicheur du nez disparaît et se transforme en chaleur. Il va d’abord être sucre vanillé mais dégage relâche rapidement des notes poivrées. Une fois la tension de l’entrée s’évanouie, il redevient doux et mielleux. On ressent quelques pics d’épice mais globalement il est rond et sucré. Sur la durée il a un goût d’amande et conserve des notes boisées.

 

En descente il a un retour de pomme et de bois de santal (venant du fût).

 

Le verre vide est clairement sur des notes boisées.

 


DEGUSTATION ARLETT SINGLE MALT TOURBE

 

Une nouvelle fois par ce troisième distillat, l’objectif de ce whisky est de montrer l’étendue du savoir-faire de la distillerie TESSENDIER.

 

En effet, cette fois-ci c’est de l’orge tourbée (pour notre plus grand plaisir) qui a été choisi pour produire le wash qui a été distillé il y a 3 ans. Et de manière à laisser exprimer pleinement le distillat, il a été choisi de le faire vieillir uniquement en fut de bourbon de premier remplissage.

 

De fait ce whisky est le plus clair des 3. Il est plus sur la paille reconnaissable des vieillissements en fûts de bourbon.

 

 

Le nez va être clairement différent des deux autres références de la marque. Il va révéler un mélange d’arômes de poire et de d’iode (le second prenant le pas sur le premier assez rapidement).

 

Au second passage on va clairement retrouver l’orge maltée séchée à la tourbe (même si celle-ci est légère). Elle est d’ailleurs assez « propre » et revêt un caractère marin iodé mais également une coté sucré. On peut lui trouver un air de gousse de vanille grillée.

 

Au troisième passage on va retrouver des épices qui ont réussi à sortir de vagues et viennent signer comme une marque de fabrique de la maison.

 

La tourbe montre tous son potentiel et sa présence dans le  creux de la main.

 

 

En approchant de la bouche, on va retrouver l’impression de volutes de fumée reconnaissables aux whiskies tourbés

 

En bouche, on va retrouver l’entrée douce des autres distillats, mais avec ensuite un marquage tourbe assez net. On retrouve des notes de cendre et de fumée. Ces notes restent assez longtemps en bouche alors que viennent tour à tour des notes d’abord céréalières, puis épicées puis mielleuses. Le tout en gardant une certaine tension iodée.

 

 

Il va descendre dans la gorge en y laissant ses notes de fumée et de bâton de réglisse.  

 


 

Voilà, mon petit tour à Cognac prend fin avec cette belle découverte, mais quelque chose me dit que nous n’avons pas fini d’entendre parler de cette honorable Maison TESSENDIER et de tous ses collègues de la région.

 

Et moi que je n’ai pas fini d’y faire un tour avec mon fidèle BRAD PEAT.

 

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