ARDNAMURCHAN ad/09.20:01

Je vous avais prévenu ! Il fallait se méfier de William Glad quand il se met à danser, personne ne peut l’arrêter.

 

Aussi, je vais encore une fois braver le confinement (qui n’en finit pas) et je vais repartir vers la côte ouest des Highlands du côté de Glenbeg à bord de mon fidèle Brad Peat.

 

Direction donc la distillerie ADELPHI, ARDNAMUCHAN pour aller goûter leur premier single malt. 

 

Le rideau est levé, la parure sombre et opaque de leur spirit 2019 (AD2019) n’est plus qu’un doux souvenir. Il manquait plus qu’un seul élément à la transparence voulue par l’équipe de la distillerie. La bouteille ne peut pas plus la refléter.

 

Elle est quasiment dépourvue d’une quelconque notion pour laisser désormais la place libre au liquide couleur or. 

 

 

C’est sur internet que l’AD/09.20:01 délivre tous ses secrets : de l’orge concerto cultivée par Alex, aux 44 fûts de bourbon (tourbés ou non) ou aux 10 fûts de sherry (tourbés ou non) qui l’ont vu vieillir, en passant par les 76 heures de fermentation, et par Nicky le master distiller qui la vu le premier sortir de l’alambic…tout est là ! Le système de flash code délivre tous les secrets du distillat.

 

Au-delà du coté un peu atypique de cette grande transparence il en ressort cependant que ce premier single malt n’a pas été fait à la va vite mais est le fruit d’un gros travail de la distillerie afin certainement de produire un whisky digne des embouteillages habituels d’Adelphi. 

 

 

Il ressort surtout que les distillations de ce whisky de cette « anus horribilis » 2020 ont été réalisées en 2014 et 2015. De fait on se retrouve ici avec des distillats de 5 et 6 ans (alors que la distillerie aurait pu être tentée d’aller à la vitesse de la loi et de sortir ses premiers singles malt dès 2018 !). La place du temps a été respectée pour commencer par un vrai whisky digne de ce nom.

 

Le dernier que nous avions gouté (le 2019/AD) nous amenait vers la jeunesse d’un whisky légèrement tourbé aux effluves sherry. Quand est-il donc de ce prometteur premier distillat officiellement appelé single malt ?

 

 

Les premières effluves qui arrivent au nez vont être un curieux mélange de fraicheur mentholée et de « chaleur fruité » d’un ananas bien mur. On décèle également la force de l’alcool (46,8 % quand même). Au second passage l’odeur s’arrondie et va partir à la lisière entre un champs d’orge et une forêt humide. Il faut attendre le troisième passage pour qu’un tourbe légère fasse son apparition. Si vous avez un doute sur sa présence versez une goutte dans la pomme de votre main et vous la découvrirez beaucoup plus présente et joliment accompagné de l’orge qui a permis à le distiller.

 

En bouche il est fougueux et part dans tous les recoins du palais. Un goût puissant sans chichi et chargé d’épices. Ensuite, lorsque les épices se sont calmés, une belle tourbe fait son arrivée accompagnée de noix grillées et d’amandes caramélisées. Une fois que sa fumée a disparue c’est une vague marine qui surgit au coin de rochers. Son goût devient salin sur le bout de la langue, poivré sur ses cotés de cette dernière et mielleuses en son centre.

 

Une fois avalé il laisse dans la gorge une pointe de fumée et d’épices torréfiés.

 

Finalement, au vu des premières réalisations, on attendait beaucoup de cette première « vraie » version et le défi a été relevé et ce distillat de 6 ans est à la hauteur (et en plus bien que rare à un prix très correct). Laissons voguer notre imagination vers des durées plus longues en fûts ! On devrait encore avoir de belles dégustations à venir !