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BIG PEAT 25 ans The Gold Edition 52,1%

C’est par un matin frais et brumeux que nous débarquons au port de Port Ellen sur la côte sud de l’ile d’Islay.

 

Je me dirige ensuite vers le pub Ardview Inn, dont la seule table vue sur la mer est souvent par le vieux Bill avec qui j’ai rendez-vous ce matin. Mais aujourd’hui, je me rends compte qu’il a trouvé un acolyte.

 

 

Je salue les deux hommes dans mon écossais désormais presque parfait : « Hi guys! An umha againn ?” (banalités locales). L’inconnu à la barbe assez fournie me regarde avec un air de défit et me dis (en gaëlique mais je vous en ferai grace) : “dis Gamin, Bill m’a dit que tu aimais le whisky de l’Ile. J’ai une mission pour toi”. Il me tend une flasque vide et me dit de m’y mettre du BIG PEAT 25 ans mais sans toucher à la bouteille située derrière Magnus (le barman –NDR-) et il me fera gouter quelque chose d’exceptionnel.

 

Vous pensez bien que j’accepte ! je lui lance “geall air a chumail” (pari tenu).

 

 

Alors il va falloir que je revienne voir mes contacts dans les distilleries : quelle aubaine.

 

Bon réfléchissons il y a quoi dans le BIG PEAT : un peu d’ARDBERG, un peu de BOWMORE, un peu de CAOL ILA et du PORT ELLEN et deux autres mais plus mystérieux  ! J’ai tout sous la main il ne me manquera que les deux mystérieux mais ça devrait faire l’affaire !

 

Je pars chercher un vélo chez mon ami Jim juste à coté. Direction le sud est de l’ile pour aller commencer par le plus tourbé : ARDBERG. En passant, je ne peux que me rappeler de beaux souvenirs : le champs de tourbe où j’ai eu la chance de planter mon petit drapeau de FRIENDS OF LAPHROAIG, chez LAGAVULIN avec un souvenir d’un simple mais merveilleux 9 ans sur les berges du loch Skerrols. Bien que je suppute que ce soit peut-être les deux manquants, je ne m’y arrêterai pas pour ne pas faire un mauvais choix. Le gars m’a bien précisé qu’il voulait du BIG PEAT et pas autre chose.

 

 

Au bout de quelques kilomètres, j’arrive devant la distillerie avec ses airs de fin du route vers le sud. Face à moi la baie d’un bleu turquoise. En tant que membre du ARDBERG COMITEE, je me présente et fait part de ma mission à Jess et arrive à négocier quelques décilitres de Lord of the Isles (vieilli quelques 25 années). Cette dernière a un petit sourire quand elle me souhaite bon courage pour la suite (!?). Première partie de la mission réussie.

 

 

Maintenant il me faut aller au nord voir mon ami Nigel à Port Askaig. A vélo, par la route, pour l’avoir déjà fait, je pense en avoir pour un bon moment, aussi j’entreprends d’y aller par la cote Est. La route m’amène jusqu’à Ardmore et la Kidalton Cross. Là, la route de l’est s’arrête mais je prends le chemin côtier. Il grimpe vers le nord en passant par Claggain Bay et longeant le détroit qui sépare l’ile de sa sœur de Jura.

 

Les paysages magnifiques avec la brume qui se lève ! Paysage qui se mérite car il me faudra plus de 2 heures pour arriver à Port Askaig. Comme m’a dit David de chez Bunnahabain « It's not L'Alpe D'Huez, but the last Km are a bit "Tour of Flanders" maybe? :) » ! Direction un peu plus haut la distillerie CAOL ILA.

 

J’y retrouve mon ami Nigel qui me donne quelques décilitres du magnifique 30 ans d’âge que j’avais déjà eu l’occasion de goûter avec lui. Lui aussi me souhaite bon courage pour ma mission (mais lui aussi avec un sourire moqueur ?!).

 

 

 

Je repars vers le centre de l’ile en direction BOWMORE. Dans cette direction, la route qui coupe l’ile et plus en descente ce sera certainement plus facile qu’à l’aller ; cependant je n’ai rien mangé et la faim commence à se faire sentir.

 

Une fois ravitaillé au Spar de de Bridgend, j’arrive enfin face à la baie. Sur ma droite Port Charlotte (pas aujourd’hui) et sur ma gauche Bowmore et Port Ellen (ce sera par là !).

 

Direction ainsi la distillerie du port de Bowmore. Là, je retrouve notre amie Cat qui me conduit dans le N1 Vault et me donne quelques décilitres d’un magnifique 25 ans d’âge tout juste sorti du fût. En partant, elle mes souhaite bon courage mais elle aussi arborant un sourire bizarre (décidément cela doit être une coutume locale !!).

 

e pars ainsi en direction du sud en passant devant l’église ronde de la ville et de ma dernière étape : Port Ellen.

 

Encore quelques gouttes et je vais pouvoir retrouver les deux hommes et pourrais trinquer avec eux.

 

Arrivé sur place je passe par la distillerie mais là malheureusement je trouve porte clause ! Damned, je n’y avais pas pensé, elle est fermée depuis quelques années déjà et les gouttes distillées ici sont très rares. J’aurai pu demander à mon ami Kjell de m’en donner (il dispose toujours des meilleurs bouteilles) mais le temps que le liquide arrive d’Oslo ce serait trop long.

 

J’ai échoué sur le fil. C’est peut-être pour ca que tous me regardaient avec des sourires, ils savaient que seul DOUGLAS LAING arrivait à faire du BIG PEAT.

 

 

C’est déçu que je rejoins les deux acolytes devant le Ardview Inn ; Ils me regardent eux aussi avec le même sourire. Je leur raconte mon épopée, les liquides récupérés et surtout mon échec final. Bill me fait signe de m’assoir au moment où je lui tends ma flasque.

 

Son voisin prend son sac et en sort…une magnifique bouteille de Port Ellen 30 ans et en rajoute quelques gouttes dans la bouteille ! Mon sourire revient. Une fois le liquide constitué il me propose de le goûter.

 

 

Le nectar qui coule dans mon glencairn est de couleur or, beaucoup plus foncé qu’un BIG PEAT « normal ».

 

Quand mon nez plonge pour la première fois dans le verre il est emporté par l’ile d’Islay : il est embrumé et battu par les vents marins. Je m’imagine en train de me cacher de la brise derrière un chalutier dont on vient de nettoyer et traiter la coque tellement les arômes sont puissants et riches. Il faut vite sortir son nez pour ne pas prendre le coup comme le marin de la bouteille. Après avoir repris mes esprits, une seule envie …y retourner. Là, mon nez et mon esprit étant préparé au choc, je découvre des arômes d’épices qui surgissent (clou de girofles, gingembre…). Mais cela ne dure pas car très vite, ce à quoi je m’attendais reprend le dessus : la tourbe. Ok, j’ai compris et je ressors une nouvelle fois mon nez pour le soulager et le préparer. La confirmation est là au troisième passage : de la fumée l’envahi l’esprit comme si préposé au barbecue j’étais resté trop longtemps au-dessus de l’âtre. Les arômes sont assez proches de ce qu’on a avec un BIG PEAT « normal » mais font preuve d’un peu plus de subtilité (certainement du fait de leur apaisement en fût sur une durée plus longue).

 

Goûtons voir.

 

C’est finalement là que tout arrive. Une fois en bouche, crescendo, c’est tout d’abord des arômes marins et iodés, qui m’enveloppent le palais. Ensuite des arômes plus poivrés et forts en goût. Enfin, la puissance de la tourbe. Je viens de me retrouver violemment projeté dans un feu de cheminée.

 

Et cette impression dure un certain temps avec une finale de barbecue, de viande trop grillée, de feu de cheminée.

 

 

 

Quelle belle expérience qui méritait bien un bon gros tour de vélo et quelle belle journée. Elle se terminera avec notre beau BIG PEAT et après avoir mangé un gouteux haggis les arômes magnifique mais tellement rare du PORT ELLEN au son de choix musicaux subtils de mon ami Bill.

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