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VOYAGE EN FRANCE

Comment arriver à faire connaitre le whisky français dans le pays où il s’en consomme le plus au monde (par habitant) ?

 

Les paramètres sont là : bien que les volumes soient sans communes mesures, qu’on se le dise, il y a désormais autant de distilleries en France qu’en Ecosse. De plus les français sont les plus gros consommateurs de whisky au monde : en moyenne un français consomme plus de 2 bouteilles de whisky par an (ce qui représente 45 litres par seconde au total en France !!), soit plus qu’un américain (après de là à en être fier…).

 

Le vrai problème dont souffre les nombreux producteurs de whisky français, c’est qu’ils n’ont que quelques miettes de ce gâteau car ils restent encore trop méconnus.

 

C’est pour apporter une petite pierre à l’édifice qui se construit en ce moment, que je vous ai proposé il y a peu, une carte des producteurs et distributeurs français (ici qui d ailleurs s est complétée et comporte désormais 114 noms).

 

 

Quoi de mieux pour l’illustrer, que de vous emmener dans mon cher BRADPEAT pourfendre le bitume des routes françaises (limitées à 80) et déguster quelques réalisations franco-françaises.

 

Si je veux vous faire découvrir des whiskies français, il faut faire un choix parmi la centaine d’acteurs ! Comme je suis joueur, faisons ce périple comme jadis sous la forme d’un jeu de société qui va surement parler surtout à ceux, qui comme moi, ont un âge où les distillats commencent à coûter une certaine somme : Voyage en France. Mais il sera ici dans sa version WHISKIES DE FRANCE (pas commercialisée ;-)).

 

Je plante ainsi mon drapeau départ en Ile de France et je pioche 6 cartes que je m’empresse de trier pour optimiser mon parcours et minimiser mon empreinte carbone (ça ça n’existait pas dans la version originale mais c’est nécessaire de nos jours).

 

Alors qu’ai-je pioché ?

-          la Charente avec ALFRED GIRAUD pour son VOYAGE ;

-          l’Aveyron à Laguiole chez TWELVE pour goûter à son AMETHYSTE ;

-          l’Isère dans le DOMAINE DES HAUTES GLACES pour déguster le TEKTON ;

-          l’Alsace dans la distillerie BERTRAND découvrir le SAINT WENDELIN « LE SOUFFLE CALCAIRE »

-          la Champagne pour découvrir le Single Cask Larche de la DISTILLERIE MOUTARD

-          et enfin la Picardie dans la Distillerie d'HAUTEFEUILLE pour découvrir la tourbe de l’ESQUISSE N°6

 

J’ai eu la main chaude car le programme s’annonce très intéressant !

 


ALFRED GIRAUD - VOYAGE

 

Direction donc le sud-ouest pour commencer : La Charente pour aller découvrir la nouveauté de la MAISON GIRAUD (que j’avais déjà eu l’occasion de vous présenter lors d’une précédente dégustation -ici-).

 

Pour se faire, je dois me rendre à SAINT PALAIS dans la distillerie du même nom (également connue sous le nom de Société de Vins et Eaux de Vies - SVE) car ALFRED GIRAUD n’est pas en soit une distillerie mais une maison du Cognac qui a su s’associer (commercialement ou financièrement) avec de nombreux partenaires français pour produire son whisky. Voyez vous-même.

 

 

  

La famille GIRAUD déjà présente dans le Cognac donc, a été « sourcer » et faire récolter l’orge de sa production partout en France. Une fois récoltée, elle l’a fait mener dans les Hautes Vosges pour y être maltée (bientôt d’ailleurs, le maltage aura lieu dans une nouvelle malterie propriété de Rozelieures mais dans laquelle elle est financièrement engagée). 

 

 

 

La bière a ensuite été majoritairement distillée à Saint Palais de Negrignac dans la distillerie SVE ou dans les meilleures distilleries françaises.

 

Depuis longtemps, la famille est propriétaire de forêts dans le Limousin. Elle en tire le bois qui passera dans les mains très expérimentées de ses tonneliers qui vont les transformer en fûts comme ils le font pour le cognac depuis de très nombreuses années.

 

Une fois que le liquide rencontre les fûts (neufs ou anciennement de cognac), il va séjourner en Charente dans les chais de la distillerie de Saint Palais à GENSAC.

 

Enfin, lorsque Georges Clot et Gaëtan Mariolle (les deux maitres assembleurs) le décident, les distillats sont assemblés pour donner naissance à des whiskies français haute de gamme.

 

Si nous n’avons pas ici un bel exemple de whisky français ?

 

 

Pour illustrer la production de la maison GIRAUD, j’ai choisi de goûter pour vous le dernier né d’une gamme comprenant plusieurs références tirées en très faibles quantités : HARMONIE (le triple malt vieilli dans 7 vieux fûts de cognac, futs neufs de chênes français et de chênes américains et sa pointe de tourbe que j’ai eu l’occasion de vous faire goûter ici), HERITAGE (3 malts vieillis comme le précédent mais en quantité un peu plus importante, 23 fûts, mais sans pointe de fumée) et le très rare INTRIGUE (triple malt magnifié dans seulement 2 fûts de Sauvignon puis en fûts de Cognac et enfin en fût secret (dont seuls les maîtres de chais ont la connaissance) avant d être proposé à sa pleine puissance.

 

Et pour compléter cette gamme luxueuse, ALFRED GIRAUD a lancé il y a peu la gamme EXPLORATION (qui marque un changement dans le savoir-faire de la marque) dont voici le premier tome : le VOYAGE.

 

 

Plus qu’un changement, nous allons plutôt parler d’une évolution pour le VOYAGE. En effet, il marque une montée en puissance du partenariat avec la distillerie de Saint Palais, puisque de 3 distillats français, on passe à seulement 2. De plus, exit les fûts de Cognac et fûts neufs, les seulement 5 fûts choisis sont d’anciens contenants de Sauternes et désormais des fûts d’acacia. Je vous rassure le voyage se limite à la France.

 

 

Et alors vous voulez savoir ?

 

Contrairement à ce qu’on pourrait croire l’acacia ne marque pas trop la couleur de ce distillat qui se pare d’une couleur or clair.

 

Il a un nez frais, doux et assez floral au premier passage. Il laisse trainer quelques notes vanillées.

 

Au second passage, les arômes que détecte le nez sont plus chauds et commencent à laisser passer quelques notes épicées et une pointe de fruits noirs (comme la mure).

 

Le troisième passage accroit le poids des notes sucrées mais également des notes plus portées sur les agrumes.

 

En bouche, il est très doux et sucré. Ensuite, conservant une pointe de note sucrée de fruits il va lâcher une légère note épicée de gingembre.

 

Plus tard il va devenir plus vineux mais surtout plus mielleux et biscuité. Les notes velours vineuses seront ensuite surmontées d’un très léger retour de poire.

 

La finale est moyenne et laisse de la douceur en bouche avec des notes plutôt biscuitées et des notes florales dans la gorge.

 

Le verre vide gardera des notes citronnées et fraiches. Elles vont devenir vanillées sur la durée.

 

Belle expérience et belle bouteille qui plus est.. Poursuivons notre route.

 


TWELVE - AMETHYSTE

Direction l’Aubrac et le nord de l’Aveyron au pays des couteaux et du fromage…Laguiole.

 

Une nouvelle illustration du savoir-faire et de la diversité de l’offre Française nous attend perchée à 1000 m d’altitude dans ce qui était jadis un presbytère (désormais brasserie et distillerie) et un ancien couvent (désormais chais de vieillissement).

 

 

Ici aussi on fait dans le local. Avant de faire tout le processus en interne, l’orge est maltée dans la Malterie des volcans (juste à côté dans le 63). La suite est entièrement intégrée dans le village.

 

 

Je suis d’accord, il n’y a pas que des fûts français dans la chais (on y trouve quelque PX) mais quand même !!

 

Depuis 2013, où l’aventure de 12 associés (on ne l’invente pas) a commencé, la gamme ne cesse de s’étendre. On ne compte pas moins de 5 whiskies plus différents les uns que les autres.

 

J’ai déjà eu l’occasion de vous parler de la légère tourbe de l’ANDESITE (vieilli fût de LEDAIG) en à l’occasion d’une dégustation épique (ici) et qui a malheureusement fait les frais de son succès (y en a plus et oui !).

 

Mais on trouve également le BASALTE (grand mélange de fûts de bourbon, porto, Pineau des Charentes, Montbazillac, rhum et enfin fûts neufs), l’ALMANDIN (vieilli en fûts de rhum), l’AVENTURINE (vieilli en fut de cognac). On trouve également les nouveaux single cask BLUE INOX (vieilli en PX) et le PORPHYRE (vieilli en fût de Vermouth italien).

 

Je ne saurai parler de TWELVE sans évoquer le WHISKY TOUR OCCITANIE créée en collaboration avec les deux sœurs d’Occitanie que sont CASTAN (n°68 sur la carte de votre serviteur) et BOWS (N°66) que je vous avais fait découvrir déjà en parcourant de sud de la France (ici).

 

 

Aujourd’hui, le whisky de TWELVE que j’ai choisi de partager avec vous est là encore une série limitée mais là encore je trouve qu’elle représente bien la french touch : l’AMETHYSTE.

 

Sous son étiquette rose, le whisky couleur cuivre presque marron est un fût unique distillé en 2018.

 

Il a vieilli pendant 3 ans à l’abris des toits du presbytère au sec dans un fût de rare pineau des Charentes rouge ! et oui !

 

Et le moins que l’on puisse dire c’est que les fûts de pineau des Charentes laisse son empreinte :

 

Dès que l’on plonge le nez dans le verre, on va découvrir des notes chaudes de fruits rouges marquées. Déjà quelques épices se callent dans une des narines et notes boisée charnues.

 

Les notes boisées et chaudes s’intensifient au second passage et emmènent avec elles les épices qui tapissent désormais le nez dans son intégralité.

 

Au troisième passage, le feu se calme et les notes tout d’abord portées sur le raisin mure et gorgé de soleil, vont se faire plus fraiches et aller vers le fût de vin.

 

 

Avant de faire son entrée en bouche, les vapeurs qu’il dégage vont démasquer son vieillissement en fût de vin et les notes vanillées boisées de ce dernier.

 

Et ça continue, quand il entre en bouche c’est en puissance et chaleur (il titre quand même 57 % d’alcool !).

 

Ensuite on découvre des épices bien marquées et une légère âpreté liée au fût de vin qui l’a hébergé. On ressent ensuite des notes du pineau qui vont le faire de plus en plus sucré mais qui vont faire monter en chaleur. La fin de la dégustation est marquée par un retour en force des épices.

 

Une fois avalé, il a une finale longue qui dégage clairement des notes taniques que l’on pourrait avoir avec un verre de vin, mais qui laissent ensuite la place à des notes sucrées de raisin et une sensation de velours en bouche.

 

Le verre vide va être charbonneux au début mais il va ensuite être fruité.

 

On pourrait juste regretter que la rareté des fûts de Pineau des Charente en fasse un whisky rare mais si vous le croisez, n’hésitez pas.

  

Continuons notre route plus à l’est.

 


DOMAINE DES HAUTES GLACES TEKTON

 

Direction maintenant le Bio pays de l’Isère aux pieds des Alpes pour aller dans le DOMAINE DES HAUTES GLACES.

 

Je vous mène dans un endroit où la céréale est reine (et en plus elle est bio). En effet depuis 2007 (année de création de la distillerie) et même depuis sa reprise (financière) par le Groupe Remy Cointreau, c’est elle qui est au centre des débats ici. Du haut (900/1000 m) de ses climats, la céréale locale et uniquement elle qui va donner vie à tous les distillats de la maison. J’ai d’ailleurs déjà eu l’occasion de vous présenter cette approche à l’occasion du RYE CEROS (ici si cela vous intéresse).

 

 

L’intégration de la distillerie dans un groupe français (qui plus est) a ici permis à Frederic Revol (aux commandes depuis le début) de donner plus d’ampleur au projet (en offrant une force de frappe et surtout un outil de production à la pointe) sans entacher à l’idée originelle. Produire de manière artisanale et résonnée un whisky français bio et local.

 

La maison propose une large gamme. Elle va soit mettre en avant sa désormais expérience, comme avec ses deux MOISSON (en malt ou en seigle le tout à 44,8 % d’alcool carte de visite de la maison) ou plaire à ceux qui aiment la nature brute avec des distillats en BRUT de FUT par CLIMAT. Tout le monde y trouve son compte.

 

Si j’ai déjà eu l’occasion de déguster pour vous le CEROS en version rye (climat Gabert de 2015 élevé en fût de vin jaune –ici-), on trouve également le FLAVIS (vieilli 8 ans en fûts de vin jaune), le CONFLUENS (vieilli en fûts de Crozes-Hermitage) et AMPELOS (vieilli en fûts de Condrieu) pour les malts, mais également le SECALE (vieilli en fût de vin blanc) pour le seigle. Osez dire qu’on ne la joue pas français avec des vieillissements pareils ?

 

Doit-on ici parler du précieux X0° qui se veut être un résumé du savoir-faire de la distillerie avec un assemblage de malt et de de seigle vieilli pendant 10 ans en ex-fûts de cognac, d’armagnac et de vin jaune.

 

Mais celui que j’ai choisi de vous faire découvrir aujourd’hui c’est le TEKTON.

 

On va retrouver ici un liquide à la couleur marquée sur le cuivre marron, presque terra cota liée à un vieillissement de 4 ans seulement en petit fût de Saint Joseph ! Et oui là aussi Français du grain au fût !

 

Ce single cask limité à moins de 500 bouteilles embouteillé à la force du fût (comme on dit soit quand même 58 % d’alcool) a pourtant des notes fraiches et légères qui pourraient presque faire penser à un de la mélasse et à du rhum quand on plonge le nez dans le verre.

 

Le deuxième passage est beaucoup plus marqué sur les épices et les fruits blancs tels que la pèche.

 

Comme on aime, on y retourne une troisième fois, et on redécouvre des notes redevenues fraiches mais encore bien marquées par des épices (comme le clou de girofle) et un retour de fruits sucrés.

 

Marqué mais pas trop puissant !

 

 

En revanche, c’est quand on le glisse en bouche, que l’on découvre la puissance et la gloire : il ne masque en rien son caractère brut de fût.

 

Il est épais, dense, chaud, puis épicé. Quand des épices piquent la langue, des notes biscuitées viennent, elles, tapisser le reste de la bouche. On pourrait presque le mâcher tellement il est dense. On va ensuite détecter les notes vineuses mais surtout et encore les épices qui gagnent du terrain et mettent le feu à la bouche.

 

Quand il descend dans la gorge c’est là aussi en force. Il a d’ailleurs une grande longueur en bouche avec des notes de fruits secs mais chaud comme la datte.

 

Dans le creux de la main on ressent l’orge bio dont il est issu (climat Vulson).

 

Le voyage continue après la dégustation car le verre vide va conserver les notes chaudes, fruitées et épicées de la dégustation et ses notes maltées. Au bout de quelques minutes, les notes se transforment en citronnées et presque mentholée (je dis toujours qu’une dégustation se termine bien longtemps après avoir fini son verre et nous en avons une belle preuve ici).

 

On ressortira presque chamboulé d’une telle dégustation mais il faut continuer la route vers le nord !

 


DISTILLERIE BERTRAND - SAINT WENDELIN « LE SOUFFLE CALCAIRE »

 

Direction le pays des cigognes et une des régions à la base du whisky en France : l’Alsace !

 

La défense du savoir-faire français va être ici représentée par une IGP. En effet, depuis 2015, les deux régions originelles du whisky français (l’Alsace et la Bretagne) se sont dotées d’une Indication Géographique Protégée afin de faire prévaloir le terroir et de faire reconnaitre officiellement les approvisionnements et le savoir-faire local.

 

En Alsace, les distilleries bénéficiant de l’IGP ne sont qu’au nombre de 4. Il y a la distillerie MICLO (n°95), la distillerie LEHMANN (n°96) et dans l’irréductible village de bouilleur de cru (Uberach) la distillerie HEPP et surtout la distillerie BERTRAND chez qui nous allons aujourd’hui.

 

 

Pour illustrer le savoir-faire IGP Alsacien, je vais vous raconter mon passage à la distillerie BERTRAND. 

 

 

Je suis arrivé avec mon fidèle BRAD PEAT dans ce petit village d’à peine 1100 âmes situé dans le Val de Moder. Ici, le moins que l’on puisse dire c’est que la tradition des bouilleurs de cru est bien conservée car on ne compte pas moins de 3 distilleries : HEPP et BERTRAND mais également depuis peu celle de la BRASSERIE du village. Certains d’entre vous se rappellent peut-être une dégustation comparative que j’ai eu l’occasion de vous proposer entre une des réalisations de HEPP et de UBERACH (ici) ?

 

A mon arrivée dans le village, je tombe nez à nez avec le surfer d’argent (curieux personnage filant dans les rues les cheveux blancs au vent sur un skate électrique) qui me fait signe de me suivre. Nous parcourons les petites rues de la commune, passons devant une grotte, une statue de berger en train de prier, une autre devant une église, et nous finissons devant un bâtiment où est inscrit en grande lettres « En Alsace, un éloge de la lenteur » et un panneau « Distillerie BERTRAND ». Nous sommes arrivés.

 

L’homme descends de son skate et vient à ma rencontre en se présentant :  « Jean Metzger maître du temps et des lieux ! »

 

 

Il me mène dans le grand entrepôt qui jouxte la salle de distillation et où sont entreposés de nombreux ancien fûts de vins et où le temps (si précieux à ses yeux) fait son travail sur les distillats.

 

Après avoir mis un disque de Franck Zappa, cet ancien DJ me mène devant un fût de Pinot Gris, car il souhaite me faire goûter son nouveau SAINT WENDELIN « LE SOUFFLE CALCAIRE ».

 

 

  

 

Alors qu’il tire quelques centilitres du précieux breuvage, il en profite pour me présenter la distillerie qui a vu le jour dans un restaurant en 1874 !  Bien entendu, à l’époque en Alsace, on ne parlait pas trop de whisky mais d’eau de vie de fruits. C’est d’ailleurs ces eaux de vie de fruit qui sont restés une des spécialités de la maison et qui font sa renommée au concours nationale agricole (depuis 1962 et sa première médaille d’or elle rafle un grand nombre de récompenses).

 

 

Jean m’explique qu’il est arrivé dans les lieux en 2001 et a été formé pat Joseph Bertrand dernier de la grande lignée de distillateur, mais qu’au fond de lui il avait déjà en tête de produire du whisky.

 

Et ce qu’il fait depuis en distillant du brassin de la brasserie du village dans les mêmes alambics Holstein à colonnes qui distillent les eaux de vie. Avec désormais plus de 20 ans d’expérience, la distillation de whisky n’est donc pas une activité récente pour la distillerie.

 

 

Chez BERTRAND, cette activité est là encore une preuve du savoir-faire à la française avec des vieillissements très franco-français tous réunis sous la bannière de l’IGP. 

 

 

On va parler ici des créations colorées avec les déjà célèbres CASK BLEU (que j’ai eu l’occasion de gouter sur ce site –ici – et vieilli 7 ans en fût de Rasteau), JAUNE (vieilli 8 ans en fûts de Macvin) et VERT (vieilli 8 ans en fûts de Vosnes Romanée) ? On va parler également du SINGLE MALT UBERACH (vieilli 5 ans en fût de chêne neuf et fûts de Banyuls) et de petit frère SINGLE CASK (vieilli 6 ans en fût de Banyuls). On enfin disserter sur la création endémique de la maison le BIERSKY (curieux mélange d’eau de vie de malt et de bière préalablement laissé en fût de chêne).

 

 

Mais on va surtout parler (encore plus aujourd’hui) du petit dernier de la maison, le SAINT WENDELIN « LE PRINCIPAL » et en goûter la version « LE SOUFLE CALCAIRE ». 

 

 

Alors quid de ce fameux SAINT WENDELIN ? Avant de devenir un whisky, le valeureux garçon, car il a vraiment existé, est venu d’Ecosse pour devenir moine trainant avec lui la légende de faire jaillir des sources d’eau d’un seul coup de crosse de berger. Il est surtout devenu le saint patron du village d’Uberach (c’est d’ailleurs lui que j’avais pu découvrir statufié en suivant le surfeur d’argent).

 

La distillerie BERTRAND en a donc fait un whisky (mis en bouteille le jour de la fête patronale du village), bio qui plus est.

 

 

Ce « SOUFFLE CALCAIRE » produit à partir d’orge (bio donc) cultivée sur un sol calcaire, tire sa couleur d’un cuivre très sombre d’un vieillissement de 10 ans tout d’abord en barrique puis en fût (tous deux) de Pinot Gris vendanges tardives (donc gorgé de sucre).

 

 

Quand on plonge le nez dans le « souffle calcaire » on va assez vite découvrir les notes alsaciennes portées sur les fruits du verger (notamment la poire mais également la pèche).

 

Au second passage, il va mettre en avant ses dix ans passés en fûts avec des notes boisées et plus vineuses et chaudes, qui feraient penser à une balade dans la forêt d’Haguenau un après-midi d’été.

 

Au troisième passage les arômes se lissent et mélange la poire et désormais la vanille.

 

En bouche in va se faire doux en entrée mais également assez fruité. Des notes sucrées qui s’intensifient ensuite pour basculer sur un coté vineux plus marqué (il a quand même passé un certain temps en fût de vin !) mais qui savent ne pas être trop désagréables. La montée en puissance des arômes est de plus en plus marquée amplifié par du sucre de fruit et de vanille. Pour autant on ne ressentira pas ici la marque poire trop forte qu’on trouver dans certain whiskies locaux.

 

Une fois avalé, la finale du souffle calcaire est assez longue et laisse comme souvent dans un affinage en fût de vin un velours dans la bouche et d’étranges notes presque fumées dans la gorge.

 

On a encore une fois, ici un bel exemple de savoir-faire français. De plus l’embouteiller tous les ans à l’occasion de la fête patronale sur donne un coté presque mystique assez sympa.

 

 

Avant de reprendre ma route vers la Champagne désormais, le maître des lieux me mène à son bar secret pour partager sa passion et ses meilleurs distillats (en musique bien évidement), mais ca c’est une autre histoire et je vous conseille d’aller faire un tour en Alsace pour rencontrer le surfer d’argent !

 


DISTILLERIE MOUTARD SINGLE CASK LARCHÉ

 

Continuons notre périple et rendons nous dans une régions connu à travers le monde (comme le sera le whisky français dans quelques année j’en suis certain) : la Champagne.

 

Direction un autre petit village comme la France en a le secret, Buxeuil, dans l’Aube à la rencontre d’une famille aux nombreux métiers. Avec une position quasiment à cheval sur deux savoir-faire, on va ici beaucoup pouvoir parler de Champagne (on se trouve quand même dans la région de l’AOC), mais on va aussi pouvoir causer Bourgogne (Chablis, Bourgogne, Irancy, Crémant….).

 

Mais depuis plus depuis 1892 on parle aussi de distillation (de Marc de Champagne ou de Fine…).

 

Le grain de raisin du cèpe à l’alambic en passant par le pressoir.

 

 

C’est bien entendu vers la distillerie que nous allons aller faire un tour maintenant. C’est ici vers Alexandre MOUTARD qu’il faut se tourner car c’est lui qui guide le savoir faire et le développement de la branche alcool distillés. Alors bien entendu on va entendre parler de Marc, de Ratafia et de liqueurs, mais depuis peu, les 5 alambics de la maison distillent également du whisky (et quelque chose me dit que ce n’est pas fini).

 

Et oui du whisky en Champagne, ou en Bourgogne, enfin vous me comprenez ici quoi !

 

Justement si j’ai choisi de vous en parler dans mon tour de France c’est pour vous présenter une autre approche du whisky Français.

 

 

La culture de la vigne et celle de l’orge n’ayant en commun que la terre qui la fait pousser, il faut parfois se rapprocher des bons acteurs. Et c’est exactement ce qui est fait ici. Autant de la vodka (que produit également la distillerie) peut surgir de distillats viticoles autant pour le whisky, le seul apport du vin va passer par le fût.

 

C’est pour cela qu’Alexandre à fait ici le choix, d’utiliser des brassins de malt produits par des brasseries locales, de les faire fermenter puis de les distiller à la maison et enfin de des faire vieillir dans d’ex fûts de ratafia et d’en faire des SINGLE CASK. Brasserie Larché, Brasserie de la Roof, Brasserie de Bulle de Paradis, Brasserie du Der (moût tourbé), Brasserie Maddam (Bio) qui lui proposent des moûts quasiment tous français.

 

 

C’est d’ailleurs un des distillats produit avec la Brasserie LARCHÉ de Sens que je vais vous proposer de goûter aujourd’hui.

 

Tout jeune qu’il soit (à peine 3 ans), le distillat é été marqué par son passage en fût de ratafia champenois car il se pare d’une couleur or légèrement foncée.

 

Au nez, il va faire preuve d’une grande fraicheur avec des fruits du verger mélangeant une poire juteuse et une pomme mure.

 

Au second passage c’est une explosion d’épices tout en restant sur de notes fraiches de poire qui ont pris le dessus sur sa congénère du verger.

 

Au troisième passage, on va découvrir un peu plus de notes vineuses et denses qui pourraient rappeler le marc de champagne présent dans le fût avant le distillat.

 

Au nez il est globalement assez doux

 

En bouche, il est très sucré et doux en entrée. Un véritable bonbon champenois qui va néanmoins développer quelques piques poivrées par la suite.

 

En le conservant en bouche, on va découvrir des notes plus vineuses qui vont ensuite se transformer en notes mielleuses avec toujours quelques piques d’épices. Son caractère vineux va assécher la bouche.

 

Une fois avalé il révèle son reste de marc de champagne et laisse des notes vineuses indéniables dans la gorge et la bouche. Plus tard la poire montre qu’elle a été la note principale de ce whisky.

 

Dans le creux de la main il laisse apparaître des notes légèrement fumées.

 

Encore une belle découverte que je vous enjoins à croiser.


DISTILLERIE D’HAUTEFEUILLE – ESQUISSES n°6

 

Nous allons bientôt finir notre partie et notre tour de France. Direction la maison mais en faisant un petit détour en Picardie à la rencontre d’un agriculteur autodidacte passionné : ETIENNE d’HAUTEFEUILLE.

 

Comme il se devrait à chaque dégustation et en bon PEATDREAM qui se doit, je me devais de terminer par une note tourbée (et quelle belle note).

 

C’est pour cela que je vais finir, nous allons à la ferme à Beaucourt en Santerre !

 

Oui j’ai bien dit à la ferme. Car quoi de mieux pour montrer un savoir que d’aller chez quelqu’un qui a décidé d’intégrer le processus de production de l’orge à la goutte sans même transiter par une éventuelle malterie et le tout en respectant son environnement (par une démarche éco responsable) et la santé de ses clients (en produisant bio) ?

 

 

Et bien ce paris (pas si fou que ça) Etienne l’a tenté depuis 2013 sur les terres de ses aïeuls à côté du château qui abrite sa famille depuis 10 générations quand même en Picardie.

 

C’est pour cela que quand on arrive à la ferme distillerie, après avoir en toute logique passé à travers des champs d’orge, on se retrouve devant des silos à grain et surtout devant un bâtiment conséquent. Et il faut qu’il le soit car ici on moissonne, laisse reposer, malte, brasse et distille (dans un alambic à colonne Stupfler) avant de laisser dormir.

 

L’avantage quand on maitrise de A à Z le processus c’est qu’on peut y intégrer des fioriture comme le touraillage à la tourbe par exemple (comme dans le cas du distillat que nous allons gouter).

 

 

Ok, quand on regarde le chai depuis le fauteuil club dont la seule destination et d’essayer d’avoir la meilleure vue sur les effluves de part des anges, on peut y trouver des fûts espagnol, mais je vais dire qu’il arrive un moment où il ne faut pas trop chipoter et se rendre à l’évidence : ça cause la France ici !

 

Alors qui dit distillerie artisanale et jeune dit encore peu de références (ou des références rendues introuvables), mais l’essentiel est que ce soit bon non ? Il n’y a que 2 références (tourbée et non tourbée) mais elles sont chaque années limitées à 2400 cols et prennent le nom d’ESQUISSE. On peut d'ailleurs se poser la question de la véracité du nom d'Esquisse quand on arrive à la version 11 et 12 !!

 

D’ailleurs, comme promis je vous propose de goûter à l’ESQUISSES N°6 Tourbée bien entendu !

 

Comme j’ai pu l’évoquer un peu plus haut, le vieillissement de ce whisky qui se pare d’une couleur or assez claire, a été boisé à coup de chêne neuf puis a passé près de 3 ans en Ex-fût de Cognac. Et avant de nous ravir, il a été glissé quelques mois en fût de PX. Vous parlez d’une dérive du savoir-faire français ?! (surtout ce que le PX a tendance à apporter à un distillat !).

 

Le nez est clairement porté sur la tourbe. Mais également sur un, doux mélange de notes citronnées poirées. L’odeur de l’orge est également bien présente lui donnant une coté agricole (au sens très noble du terme) qui colle bien avec la tourbe.

 

A second nez on peut remarquer les notes laissées par le fut de Pedro-Ximenes, avec un poids plus marqué de fruits rouges et de notes épicée mais avec en fond la douce fumée de tourbe.

 

Au troisième passage c’est la tourbe qui gagne mais en légèreté.

 

J’adore en plus car il y a peu de cette qualité en France

 

Quand il entre en bouche il est doux et sucré. Assez rapidement il se charge en épices et en notes plus boisées de l’ex fut de Cognac. Pour autant il n’en a pas pris le coter âpres que l’on peut parfois déceler. En revanche les notes légèrement maritimes peuvent faire leur entrée en lâchant ça et là quelque notes d’étoupes (qui peuvent nous poser des question sur la provenance des buches de tourbe puisque sa récolte est interdite en France) !

 

A la descente il apporte ce que l’on attend d’un whisky tourbé, des restes de fumée froide et de légère fraicheur.

 

Dans le creux de la main elle est bien la mélange de fumée, d’orge, de foin.

 


Bon j'espère que cette petite partie vous a plu ? J'espère qu'elle vous a permis de découvrir quelques distilleries qui représentent dignement notre pays avec leur travail et leur distillats.

 

Je pense que ce ne sera pas la dernière !!

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